Alors que les communes avaient jusqu'au 6 juin pour faire remonter aux Dasen leur proposition de calendrier scolaire pour la rentrée 2014, certaines communes font obstruction. Parmi elles, la ville d'Asnières, reconquise lors des dernières élections par un maire UMP Manuel Aeschlimann. Alors que els conseils d'école se réunissent pour étudier l'organisation à mettre en place en septembre, la ville refuse d'envisager autre chose que le maintien de l'existant. Entre éducation nationale et mairie d'Asnières, les parents se demandent ce que vont devenir leur enfant...
Située dans les riches Hauts-de-Seine, Asnières est une ville importante de plus de 80 000 habitants. Les écoles accueillent 9 500 écoliers dans 35 écoles. Si la ville est très résidentielle elle compte deux grandes cités HLM et un réseau prioritaire construit autour d'un des trois collèges de la ville.
Asnières fait partie des villes qui ont choisi de reporter à la rentrée 2014 la mise en place des rythmes scolaires. L'ancienne municipalité a mis à profit ce temps pour construire un projet de rythmes, débattu pendant plusieurs mois avec les enseignants et les parents et finalement déposé auprès du Dasen en février 2014. Une enquête avait été faite par la municipalité pour faire l'inventaire des ressources capables d'alimenter le périscolaire dans la commune.
C'était compter sans les élections. A Asnières comme dans de nombreuses villes, l'équipe municipale menée par le PS est battue. L'UMP gagne la mairie avec en tête de liste Manuel Aeschlimann. Il nomme sa femme , Marie-Dominique, maire adjointe à l'éducation. La nouvelle équipe municipale est connue pour sa pugnacité. Elle a fait campagne contre les rythmes. A peine en place, le 28 avril le conseil municipal adopte une délibération qui décide le maintien de l'école sur 4 jours à la rentrée 2014. Le préfet des Hauts-de-Seine décide de poursuivre cette délibération devant le tribunal administratif. Le 16 mai, dans une lettre adressée à Benoît Hamon, le maire confirme sa position.
"On n'a pas de position politique", nous a dit Marie-Dominique Aeschlimann. "On est devant une impasse pratique faite de difficultés concrètes". La maire adjointe à l'éducation avance le coût de la mise en place des rythmes qu'elle évalue à 3 millions. Le maire avance dans sa lettre à B Hamon un coût entre 2 et 3,5 millions. La ville dénonce un transfert de charges opéré par l'Etat et non compensé puisque la ville ne recevrait, selon elle, qu'environ 450 000 euros d'aide publique. Ces nombres ne peuvent être que des évaluations grossières puisque la ville n'a pas de projet construit de périscolaire et les versements ne prennent pas en compte ce que pourrait donner la CAF. Ces dépenses sont à regarder avec un budget municipal qui , selon MD Aeschlimann, atteint 180 millions d'euros. La maire adjointe avance aussi la difficulté à trouver des animateurs, (il en faudrait une soixantaine), malgré la richesse du tissu associatif mobilisable pour el périscolaire. Mais l'équipe municipale met aussi en avant la défense des libertés locales. Elle juge que le décret Hamon "viole la constitution".
Du coté des parents l'année scolaire se termine dans un climat d'angoisse. "Nous déplorons d'être pris en otage dans ce bras de fer politique", écrit la FCPE locale. Son représentant départemental témoigne des plaintes de parents qui ne savent pas comment organiser leur année. "Certains parents ont demandé des aménagements d'horaires ou prévu des gardes en fonction du projet déposé en février. Et finalement personne ne sait ce que seront les horaires l'année prochaine", nous a dit P Nicolas. Fin mai et début juin, les conseils d 'école ont du se prononcer sur les rythmes à mettre en place à la rentrée. Partout la ville n'a proposé que le maintien des 4 jours. Une proposition qui ne peut même pas être soumise au vote. Les conseils d'école ont présenté des propositions différentes du projet longuement construit puis adopté en février 2014...
Tous les regards se tournent maintenant vers le Dasen. C'est lui qui devra décider des nouveaux rythmes. Il devrait le faire le 19 juin. La ville tient un discours ambiguë sur ce qui se passera alors. ""On aurait aimé de la compréhension de la part de l'Etat et un délai", nous a dit MD Aeschlimann. La ville "appliquera la loi". Mais à quelques semaines de la rentrée, on ne voit pas comment pourrait se construire un projet solide après la destruction de celui de la majorité précédente.
François Jarraud