La FCPE veut le collège du socle 

Pour faciliter l'intégration et al réussite de tous au collège, celui-ci doit changer, a expliqué Paul Raoult, président de la Fcpe, le 23 mai. La première association de parents d'élèves rend public son projet de collège au moment où le CSP doit adopter le nouveau socle commun. Ce n'est pas une coïncidence...

 

"Le collège d’aujourd’hui marque une rupture importante entre le passage du primaire au secondaire mais aussi un lancement trop rapide dans des choix d’orientation ne permettant pas à chaque jeune de réussir. Il a même tendance à creuser les inégalités, il devient donc urgent de le réformer !", explique la Fcpe. "Chacun devrait y trouver les ressources pour acquérir un socle commun de connaissances, de compétences et de culture nécessaire à sa vie future : d’élève, d’étudiant, d’apprenti, de citoyen, de salarié, d’entrepreneur... Pour y parvenir, il est nécessaire de placer l’élève au coeur des apprentissages grâce à des innovations pédagogiques, de faciliter la transition entre l’école primaire et le collège".

 

Pour l'association, "le collège est aujourd’hui construit comme le lycée. Les enseignements sont cloisonnés et le modèle d’organisation de l’enseignement reste principalement : « une heure, une classe, un enseignant, une discipline ». Ce fonctionnement fige la manière d’entrer dans les apprentissages, qui perdent alors de leur sens pour beaucoup d’élèves et rend difficile l’acquisition de compétences transversales. Les enseignants intervenant devant les élèves sont nombreux. Ce modèle crée également une rupture importante entre le primaire et le collège, ce qui est préjudiciable à de nombreux enfants, et notamment les plus en difficulté. Les élèves passent d’une relation individuelle, voire privilégiée, avec un seul enseignant à une multiplicité de professeurs".

 

Aussi, la Fcpe demande à "renforcer le décloisonnement des disciplines dans les classes de 6ème et 5ème, en réunissant plusieurs disciplines (ex : maths-physique-chimie ; français-histoire ; etc.). Cela permettra de diminuer le nombre d’enseignants intervenant devant les élèves, qui pourraient alors passer de 3 à 4 contre 8 ou 9 aujourd’hui". C'est ce que pratique le millier de collèges qui applique l'enseignement intégré des sciences (EIST) par exemple.

 

La FCPE souhaite aussi que soit revue l'évaluation. "La manière d’évaluer au collège constitue encore un frein à la réussite de tous. Deux systèmes d’évaluation coexistent actuellement, ce qui ne facilite ni la lisibilité pour les élèves et leurs parents, ni la cohérence pour les enseignants. D’une part, l’évaluation par les notes, dont le diplôme national du brevet fait partie, met en avant ce que l’élève ne sait pas, sans lui permettre de comprendre comment il peut progresser. D’autre part, l’évaluation des compétences, même si elle constitue une avancée, présente de nombreuses difficultés, notamment parce que le livret personnel de compétences s’est révélé inutilement complexe et inutilisable". La Fcpe demande la suppression de l'évaluation par la note chiffrée et de mettre fin à ce système de double évaluation. Pour elle il faut "évaluer progressivement l’acquisition des connaissances et des compétences en reconnaissant les acquis, en valorisant les progrès réalisés par l’élève et en proposant des solutions différenciées pour progresser".

 

L'association entend aussi faire modifier les rythmes du collège. Elle veut retarder le début des cours à 9 heures et inscrire un maximum de 6 heures de classe par jour ainsi qu'une pause méridienne de 90 minutes.  Sur ce point elle a obtenu gain de cause dans la circulaire de rentrée.

 

Le projet FCPE


Par fjarraud , le lundi 26 mai 2014.

Commentaires

  • maria1958, le 26/05/2014 à 09:27
    L'EIST n'a aucun effet mesurable en terme d'amélioration de la réussite des élèves (source: rapports officiels de la DEPP, et déclarations des promoteurs de l'EIST eux-mêmes). 

    Donc quand on prend pour "boussole" l'intérêt des élèves et l'amélioration de leur réussite, quel est l'intérêt de prôner un dispositif qui n'a aucune efficacité ? Dispositif qui en revanche flexibilise et pressure davantage les professeurs, ça pour le coup c'est avéré....

    Profonde perplexité quand on lit dans le même projet de collège que les profs devraient faire 26h de service en collège -  au moment où le métier enseignant a dramatiquement perdu de son attractivité, proposer un alourdissement de plus de 40% de leur temps de travail devant élèves, est-ce le moyen de susciter des vocations pour l'enseignement ? 
    Plus généralement est-ce aux usagers de l'hôpital de dire combien d'heures doivent faire les infirmières ? Et si quelqu'un proposait d'augmenter le temps de travail des infirmières de 40%, à votre avis quelle serait la réponse ? Donc à quoi rime de proposer ce genre de "réforme" ?

    Surtout en prenant des arguments carrément bidonnés, comme dans la tribune publiée ici, où le même "projet" est défendu

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1205709-echec-scolaire-140-000-eleves-exclus-du-systeme-10-idees-pour-reinventer-le-college.html

    Les chiffres qui y sont cités, tirés d'un questionnaire qui porte sur un échantillon de 383 élèves suivis par un étudiant de l'association AFEV (= des élèves suivis parce qu'ils sont tous en grande difficulté sociale et scolaire), sont présentés comme représentatifs des collégiens en général.... Donc il y a un moment, ça va bien....

    La fondation Terra Nova, connue pour ses préconisations calamiteuses (c'est elle qui a conseillé au Parti Socialiste de ne plus s'adresser au monde ouvrier, avec les résultats brillants que l'on sait), fait du lobbying et elle est dans son rôle. 
    Mais l'école et l'intérêt des élèves méritent que les parties concernées discutent sérieusement
  • Viviane Micaud, le 29/05/2014 à 09:52
    Je suis d'accord avec la nécessité de décloisonner les disciplines.
    Par contre je suis évidement moins d'accord sur la volonté de réserver l'information sur l'orientation aux adhérents des associations de parents d'élèves qui sont à 95% des parents qui connaissaient les codes et sont impliqués pour aider leurs enfants, y compris à la FCPE. 
    La première des urgences est que les enfants de l'enseignement prioritaire croient à leur avenir. Pour cela, il faut absolument leur apporter de manière constructive, sans alimenter un stress, l'information dont ils ont besoin pour se projeter dans une vie future où ils ont toutes leurs chances. 
    La FCPE n'a pas visiblement pas su traiter la doctrine qui s'est autoconstruite dans ses rangs, résultant d'un accord entre ceux qui assoient leur pouvoir sur le maintien des injustices (doctrinaires) et ceux qui cherchent l'intérêt de leur petit chéri et donc ne souhaitent pas partager l'info utile pour bénéficier du délit d'initiés de l'orientation. 
    Tant que la FCPE sera dans le négationniste et n'acceptera pas de voir que le premier problème de l'éducation prioritaire est que les enfants n'arrivent pas à se projeter dans un avenir positif, leurs prises de position seront contre l'intérêt des enfants les plus éloignés des apprentissages.
  • Viviane Micaud, le 26/05/2014 à 10:24
    Ce communiqué est inquiétant car on voit que la FCPE est toujours dans un positionnement paléomoderniste. C'est-à-dire dans la croyance naïve que, ce qui est moderne est mieux. Le terme paléomoderniste est utilisé car cette croyance était relativement partagée dans la population, il y a quarante ans. 
    En réalité, 90% des innovations quand on fait le bilan "énergie utilisée/apport pour les élèves" sont contreproductives. Elles sont importantes car elles permettent aux enseignants qui ont acquis les fondamentaux de la pédagogie de se renouveler dans leurs pratiques et éviter de sombrer dans la routine. Cependant, elles sont nuisibles quand elles sont présentées comme la "bonne et unique manière de faire" à des enseignants sans expérience.
    Aujourd'hui, l'urgent aujourd'hui est de réenseigner les fondamentaux de la pédagogie, ce qui marche réellement et les faire partager entre les enseignants qui sont en face des vrais enfants.
    N'oublions pas que le mécanisme qui a détruit l'école française est une vision tayloriste de la gouvernance à appliquer. Les pontes de l'éducation nationale recherchaient LA méthode miracle que les enseignants devaient appliquer avec diligence. Alors, que les comparaisons internationales et le bon sens montrent que c'est la dernière chose à faire. Tous les cas d'enseignement sont différents. Il faut considérer l'enseignant comme un expert de haut niveau, qui met en place des stratégies pour faire avancer sa classe en général et chaque enfant en particulier. Pour cela, on lui donne une mission atteignable, une formation aux différents processus d'apprentissage et un enseignement des ficelles du métier par des gens qui ont réellement vu une classe.
    La FCPE ne sait pas, en particulier, prendre du recul vis-à-vis de certaines communications pédagogiques dont les conclusions sont erronées parfois volontairement . Les causes les plus fréquentes de manipulation d'une communication sont : la négation de l'effet Hawthorne, et la négation de l'influence du nombre d'enfants dans les groupes.
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