Rythmes scolaires : Hamon, les sénateurs et les questions des maires 

Durant deux heures, le 30 avril, Benoît Hamon a défendu son projet de décret sur les rythmes scolaires devant les sénateurs de la Mission commune d'information sur les rythmes scolaires. Pas de cadeaux mais des questions directes qui ont amené le ministre à préciser son argumentation et à affronter les questions des élus locaux. Il a annoncé une grande campagne de communication sur la réforme.

 

De Gaulle disait du Sénat que c'était "la Chambre du seigle et de la chataigne". Le 30 avril, le sénateurs de la Mission commune d'information sur les rythmes scolaires étaient surtout soucieux de faire comprendre au ministre les préoccupations des maires des communes rurales et des petites villes. C'est que pour eux, le nouveau décret vient compliquer une situation déjà complexe.

 

Défense de la réforme

 

"L'intérêt général c'est la réforme des rythmes". Tout au long de son exposé , B. Hamon a défendu la réforme pour son utilité pédagogique. La réforme permet de "lutter contre la désynchronisation qui st fatale aux apprentissages". "Au-delà des résistances exprimées par des professeurs sur le mercredi matin qui modifie l'articulation entre la vie personnelle et professionnelle", dit B. Hamon, "ce qui est intéressant c'est ce que disent les professeurs qui ont expérimenté les nouveaux rythmes. Ils reconnaissent que l'impact sur les enfants , sur leur concentration est positif". Le ministre défend le principe des 5 matinées travaillées car "les élèves sont plus concentrés et plus aptes à recevoir les enseignements fondamentaux". Ainsi les 5 matinées travaillées ne sont pas forcément consécutives, précise le ministre et la demi journée qui peut être libérée n'est pas forcément le vendredi après-midi. "Ce n'est pas mon voeux". "Mon travail de ministre c'est le temps scolaire", affirme Benoît Hamon qui sous entend que le périscolaire....

 

Les questions des maires

 

C'est pourtant les voeux des maires que les sénateurs vont faire remonter. Et d'abord Françoise Cartron, rapporteure de la Mission, qui transmet ses observations sans complaisance. "Tous les maires rencontrés en Gironde ne comprennent pas le nouveau décret", affirme-t-elle. "Les maires ont un sentiment d'abandon sur le terrain. Ils ne sont pas accompagnés par l'éducation nationale et doivent faire face seuls aux parents et aux enseignants". Mais ce sont les inquiétudes financières qui dominent notamment l'attitude de la CAF. La Caisse d'allocations familiales rémunère les heures d'activités périscolaires selon un taux horaire par enfant et à certaines conditions d'encadrement. "La totalité des maires ruraux ont renoncé à constituer un dossier car c'est trop compliqué", dit-elle. "Les maires ont besoin d'une perspective. La CAF ne prend pas d'engagement sur la prolongation de son aide justement parce qu'il y a un nouveau décret", explique F Cartron.

 

B. Hamon a bien précisé que le nouveau décret s'ajoute à l'ancien mais ne le remplace pas. "Les décrets sont les mêmes pour tous. Ce sera possible de soumettre un projet qui a été refusé auparavant". A propos du financement, le ministre de l'éducation nationale devait voir le président de la CAF le soir même. Sur la prolongation du fond d'amorçage, versé par l'Etat, "plusieurs scenari seront appréciés. La reconduction intégrale sera compliquée à mettre en oeuvre". En attendant un questionnaire sera envoyé à tous les maires le 7 mai pour évaluer l'impact financier de la réforme. Le soir même le président de l'association des maire sde France faisait savoir , selon l'AFP, qu'il avait "bon espoir" que le fond d'amorçage soit pérennisé (360 millions). Selon B Hamon, son nouveau décret aurait déjà permis à "plusieurs grandes villes " de déposer un projet de rythmes.

 

La campagne d'information

 

B. Hamon a aussi annoncé "une grande campagne d'information" sur les rythmes scolaires. "L'objectif c'est de revenir au coeur de la réforme les rythmes scolaires. Or dans les mots associes à la réforme on parle de plus en plus du périscolaire, de la mairie et de moins en moins de l'intérêt de la réforme pour les enfants", nous a-t-il confié à la sortie de cette réunion. "J'écrirai a tous les parents d'élèves scolarisés dans le primaire à la fin de cette année". Interrogé sur la communication vers les enseignants, B Hamon mentionne la circulaire de rentrée. "Elle fixera les priorités comme la réforme du prioritaire, et le grand rendez vous de la concertation de rentrée sur les nouveaux programmes et notamment l'école du socle... Ma priorité ce sera la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse en matière de lutte contre les inégalités sociales. J'entends bien que dès l'année prochaine les 102 Rep+ seront l'occasion de permettre cette montée en puissance de cette nouvelle politique d'éducation prioritaire". Voilà déjà une autre politique à défendre.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 02 mai 2014.

Commentaires

  • Guillaume35, le 02/05/2014 à 10:38
    Avec ce nouveau décret, des élèves auront toujours des journées de cours de 6h sauf un après-midi par semaine où ils iront faire des TAP....et le ministre de s'étonner "on parle de plus en plus du périscolaire, de la mairie et de moins en moins de l'intérêt de la réforme pour les enfants"....Cherchez l'erreur.

    • PierreL, le 03/05/2014 à 08:52
      Effectivement, ce nouveau décret "détricote" le précédent... Mais comment répondre aux oppositions hétéroclites, et le plus souvent démagogiques, qui se sont exprimées partout notamment aux unes des chaines infos (& via les réseaux sociaux...)?
      Peillon a négligé l'aspect "politique" (politicien) de la réforme, en plus Hollande lui a savonné la planche. Hamon fait de la politique et sauve l'essentiel: 5 matinées.
      On peut espérer un autre effet positif (en étant optimiste), que les acteurs se retrouvent autour des conseils d'écoles pour trouver ensemble des projets porteurs.
      Le pire serait que les discussions tournent autour de la meilleure 1/2 journée libérée pour le adultes...
      • casemimi, le 03/05/2014 à 20:26
        Les discussions, je vous le confirme, ne tourne qu'autour du vendredi après-midi. Certains maires écrivant même à leurs administrés qu'une fin de semaine de temps libre ou de loisirs est plus profitable pour les enfants et meilleure pour leur rythme. A quoi sert une réforme qui ne revient plus nécessairement sur la longueur de la journée alors qu'au départ, elle avait soi-disant été faite pour la réduire ? Où est l'intérêt des enfants dans tout ça ? 
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