Culture écrite et décrochage  

C'est à une rupture avec les pratiques traditionnelles d'écriture qu'invite cette étude du Centre Savary. Basée sur l'observation des élèves d'un quartier populaire de Lyon, elle établit que "l’écrit, et le statut particulier qu’il a dans l’institution scolaire, était une clé pour comprendre comment se joue petit à petit le décrochage de certains élèves, le passage au collège faisant office de révélateur de difficultés accumulées au fil des ans".

 

"En effet", notent les chercheurs de l'IFé,  "nous avons pu observer à la fois l’impact souvent négatif de pratiques scolaires normatives de l’écrit, dans un cadre trop souvent lui aussi très normatif, notamment au collège, qui excluent ceux qui ne maîtrisent pas ces normes, et l’impact favorable que peuvent avoir certaines pratiques de l’écrit moins traditionnelles qui autorisent en même temps qu’elles permettent d’éprouver les possi-bilités que donne l’écrit mais aussi l’impact favorable de pratiques en apparence traditionnelles mais qui favorisent la pensée des élèves. Nous espérons que ce rapport contribuera à mettre en lumière quelques pistes de réflexion pour que notre école donne accès plus largement qu’aujourd’hui aux pouvoirs de l’écrit".

 

L'étude établit aussi que "favoriser l'écriture requiert du temps pour les enseignants, comme du reste pour les élèves. Sur un plan organisationnel, la rigidité de la durée des heures d'enseignement du collège ne permet pas la temporalité requise pour que les élèves puissent rentrer dans les dispositifs d'écriture ; en outre, l'analyse montre que les découpages et cloisonnements disciplinaires des emplois du temps entravent l'organisation de l'enseignement de l'écrit comme outil au service des disciplines"

 

L'étude


Par fjarraud , le vendredi 18 avril 2014.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 18/04/2014 à 11:27
    Cette étude conforte deux analyses que je diffusais depuis longtemps.

    La première analyse est que la principale violence que subissent les élèves en difficulté, celle qui amène le découragement, est d'être devant des devoirs qui, quels que soient leurs efforts, ils ne peuvent pas réussir, à cause de leurs lacunes en lecture (compréhension de l'énoncé) ou en expression écrite. 
    C'est la conjonction de deux phénomènes :
    - les contrôles recommandés qui imposent un cadre "normatif" sont inadaptés aux classes hétérogènes et ceci dans toutes les matières y compris en SVT, physique, etc. Ce qui est révoltant est que les doctrines pédagogiques qui ont imposées ces modes de contrôle sont en réalité inadaptées pour vérifier les acquis ou pour faire progresser dans des apprentissages utiles. 
    - les enseignants n'ont pas le droit de le formaliser. Autrement, ils sont dénigrés par leur hiérarchie qui les accuserait de ne pas savoir bien faire leur travail. Il y a un "pacte tacite" entre la hiérarchie intermédiaire et les enseignants. Je ne dis pas que tu n'arrives pas à faire ta mission (qui est en réalité infaisable) et tu dénonces par les marottes des pontes de l'éducation nationale sur lesquelles nous devons faire un compte-rendu positif pour conserver nos chances d'avoir une promotion.  Ceci se fait sous le regard bienveillant, voire avec la complicité des syndicats qui tirent leur pouvoir du malaise créé. 

    La deuxième analyse est que la discrimination dans les études jusqu'à l'admission dans une filière générale (L,ES ou S), se fait par l'expression écrite et non par les maths. Ceux qui n'ont pas la capacité à faire des études supérieures littéraires sont ELIMINES avant l'admission en Première. Ce qui crée un prisme de mécompréhension autour du tri (réel) qui se fait lors du dispatching dans les  filières générales. La filière S est devenue au fil du temps une filière généraliste cadrée pour ceux qui font HEC puis l'ENA.  La discrimination concerne les scientifiques qui n'ont pas de filière pour tester leur goût et approfondir leur matière, ce qui n'est pas sans conséquence avec la capacité à terme de la France à innover. En réalité, il n'y a aucune raison de lier les exigences en maths avec le choix de la dominante. Par contre, toutes les expériences à l'étranger montrent qu'au lycée, deux niveaux possibles en maths sont obligatoires à cause des différences des jeunes dans l'appréhension de la matière.

  • Jean Agnes, le 18/04/2014 à 08:04

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces