Lecture : De quoi parlons-nous exactement ? Une mise au point "freinetienne" 

Dans un article du 27 mars 2014, il est question de Pédagogie Freinet. Il semblerait qu’elle soit associée à des pratiques pédagogiques et didactiques de l’enseignement de la lecture déficientes. Les auteurs font référence à la méthode « naturelle » de Freinet, au même titre qu’étaient convoquées ailleurs les méthodes « globales » et « syllabiques » il y a quelques temps. Mais de quoi parlons-nous exactement ? Les travaux de recherche autour de la caractérisation de la Pédagogie Freinet ne mettent nullement en avant ce type d’éléments, bien au contraire. Je m’explique...

 

La notion de méthode est caduque en Pédagogie Freinet lorsqu’elle s’attache à décrire une activité enseignante. En effet, lorsqu’il est question de « méthode », Célestin et Elise Freinet et les auteurs du mouvement Freinet sous-tendent l’activité de l’élève, dans ses exercices d’expression libre, de tâtonnement expérimental et de coopération. Dans le champ des apprentissages du lire-écrire, le concept de « méthode naturelle » (certes équivoque et qui fait d’ailleurs l’objet d’échanges au sein du mouvement Freinet) correspond aux stratégies complexes que l’élève investit pour développer des apprentissages dans le lire-écrire. Nicolas Go qualifie « d’entreprise fondamentale de la pédagogie Freinet » (Go, 2009, p. 28) la concrétisation du tâtonnement expérimental, à savoir, la méthode naturelle. Il la définit comme une démarche complexe d’apprentissage par tâtonnement expérimental, qui permet à chaque enfant de déployer de façon créative sa puissance de vie, et qui favorise, par le travail et les inventions, la rencontre des puissances dans un milieu social coopératif.

 

L’enseignant, de son côté, développe sa propre méthode d’enseignement, mais qui n’est ni naturelle, ni globale, ni syllabique. La plupart du temps, les praticiens de la Pédagogie Freinet s’efforcent d’enrichir le milieu d’enseignement dans lequel évoluent les élèves, en ne s’interdisant aucun outil, aucun support de transmission qui ne mette pas en insécurité les enfants à qui ils sont destinés et leur permettent d’apprendre de manière effective. Bien évidemment qu’un travail sur le code est proposé aux élèves. Le principe alphabétique n’étant pas universel, il participe donc à notre culture et ainsi, doit faire l’objet d’un entraînement formel. En Pédagogie Freinet, la conscience phonologique des élèves est tout autant travaillée qu’ailleurs, bien heureusement. Les spécificités sont ailleurs.

 

Dans ces échanges sur les méthodes d’enseignement de la lecture, le terme de méthode est donc inapproprié lorsqu’il est question de Pédagogie Freinet. Ce serait dommageable pour l’ensemble de notre système éducatif que les enseignants qui s’y engagent se trouvent embourbés dans un nouveau faux-débat, qui les accuse à tort et leur demande, une nouvelle fois, de justifier davantage de leurs pratiques que les personnels qui se contentent de reproduire un schéma pédagogique obsolète et inefficace. Nous avons besoin d’approches pédagogiques et didactiques innovantes et alternatives. Comme toutes les autres, elles méritent un intérêt par la recherche et les approches expérimentales sont épistémologiquement pertinentes. Mais elles ne méritent pas de procès d’intentions.

 

Pour celles et ceux que cela intéresse, je livre ici le fruit des mes études autour de ce qui définirait la Pédagogie Freinet, à partir de cinq piliers (Connac, 2010) :

- L’expression libre, la permission donnée à l’enfant de devenir l’auteur de paroles, dessins, textes, gestes, musiques, sculptures, …, dans un espace qui autorise la création et valorise les productions. « Sans créativité, un auteur n’est que producteur. » (LRC, 2013, p. 15)

- La coopération, l’offre faite aux élèves d’apprendre en interagissant avec leurs pairs, d’un côté en tant que récepteur des informations et surtout d’un autre en adoptant la posture enseignante. Cela peut s’organiser par l’intermédiaire d’un tableau des demandes d’aide. (Reuter, 2008, p. 18)

- La participation démocratique à la vie coopérative de la classe (Le Gal, 1976) qui fait de la classe un espace d’exercice de la mitoyenneté vers les apprentissages de la citoyenneté. Les élèves sont associés aux décisions collectives, par l’intermédiaire d’institutions instituantes et de responsabilités qui leur sont confiées.

- Les techniques éducatives, les outils pédagogiques couplés aux valeurs d’éducation ayant déterminé leur création, notamment celles visant le retrait de l’enseignant pour davantage d’engagements des élèves.

- Le tâtonnement expérimental qui correspond aux processus convoqués par l’humain pour apprendre : faire, et en faisant se tromper, réussir pour progressivement se construire des connaissances et développer des compétences basées sur l’interaction avec son milieu.

 

Le Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM (LRC, 2009, pp. 19-48) propose une série de caractéristiques de la classe coopérative sous l’angle de son fonctionnement. Dans cet article, la pédagogie Freinet s’organise par :

•          La continuation des processus : une activité personnelle engagée un jour est à peu près assurée de pouvoir être poursuivie le lendemain, et ce aussi longtemps que nécessaire pour un même projet. L’élève ne réalise pas une tâche ponctuelle mais s’inscrit de façon créative dans son propre devenir.

•          Le travail individualisé et la libre circulation des élèves : ils deviennent possibles par une organisation précise favorisant l’affirmation des singularités, l’ouverture à l’ensemble des activités réalisables et la durée nécessaire à leur accomplissement.

•          La communication : c’est parce que les élèves savent que leur processus singulier s’inscrit dans un ensemble de relations intersubjectives qu’ils persévèrent.

•          La création de la culture : l’organisation de la classe permet la constitution d’un patrimoine de classe, de proximité, à partir des productions individuelles et collectives, mises en évidences et médiatisées.

•          La métadévolution : les élèvent participent aux conseils coopératifs et, par leur intermédiaire, se chargent d’institutionnaliser les rapports de production du savoir, les conditions scolaires par lesquelles ils vont être amenés à développer de l’apprentissage.

•          L’écoute et la recherche de l’adéquation : enseignant et élèves se mettent à l’écoute les uns des autres et d’eux-mêmes afin qu’un équilibre puisse se trouver entre l’exercice des processus personnels, qu’il n’y ait pas d’interférence inhibitrice entre eux.

 

Sylvain Connac

ISFEC Montpellier – Université Montpellier III

 

Bibliographie :

Connac, S. (2010), Freinet, Profit, Oury, Collot : quelles différences ?, Spirale, No 45, janvier 2010.

Go, N. (2009), La Méthode naturelle de Freinet, Nouvel Educateur, No 193.

Le Gal, J. (1976), Organisation et mémoire des activités dans une expérience d’autogestion, Chantiers dans l’enseignement spécial, No 7-8.

LRC (2013), Éléments de théorisation de la pédagogie Freinet - Une approche complexe des apprentissages, Nantes : Editions ICEM.

Reuter, Y. (dir) (2008), Une école Freinet. Fonctionnements et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire, Paris : L’Harmattan.

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 01 avril 2014.

Commentaires

  • rbrissiaud, le 08/04/2014 à 09:30
    Bonjour M. Connac,

    Je comprends bien que vous souhaitiez éviter que la démarche des enseignants Freinet soit seulement appréciée à travers la problématique qui est la mienne dans ce dossier, ce qui vous conduit à vous placer sur un autre plan que celui de la preuve. Bien entendu qu'un enseignant Freinet "s'efforce d'enrichir le milieu d'enseignement dans lequel évoluent les élèves, en ne s'interdisant aucun outil, aucun support de transmission qui ne mettent pas en insécurité les enfants." Pour autant, faut-il vraiment ne revendiquer aucune spécificité concernant le travail sur le code alphabétique au sein du mouvement Freinet ?

    Permettez-moi de penser qu'en abandonnant le terrain de la preuve, vous placez le mouvement Freinet en situation de grande fragilité. Il est vraisemblable qu'à l'avenir, le mouvement Freinet saura gré à André Ouzoulias d'être revenu aux écrits de Célestin Freinet lui-même et d'avoir expliqué scientifiquement pourquoi la démarche pédagogique qu'il appelait "méthode naturelle", ça marche!

    Bien cordialement,

    Rémi Brissiaud 
  • delacour, le 01/04/2014 à 10:07
    Merci de rappeler qu'il ne peut exister de méthode de lecture.

    On a trop souvent confondu méthode naturelle avec méthode globale. Le vocabulaire a son importance, surtout quand il recouvre des concepts différents !

    Freinet avait très bien compris, comme Maria Montessori, que le cheminement à respecter n'était pas décodage -lecture - compréhension puis écriture, mais langue parlée - écriture (codage du sens à travers le codage des mots) - lecture qui en découle et qui ne peut être que compréhension puisqu'on commence par lire le sens qu'on a écrit. En témoigne cet écrit de lui :

    Extraits de : Célestin Freinet -Méthode naturelle de lecture – Editions de l'école moderne française – Cannes 1961 – 136 pages

    Le processus normal n'est nullement, comme le conçoit l'Ecole traditionnelle :lecture, écriture, traduction graphique de la pensée – mais traduction de la pensée par la parole d'abord, par le dessin, par l'écriture ensuite, enfin parla reconnaissance des mots et des phrases jusqu'à la compréhension de la pensée qu'ils traduisent – reconnaissance qui est proprement lecture.


    "On a beaucoup parlé de lecture globale depuis une trentaine d'années, pour l'opposer à la méthode analytique,en faisant remarquer que cette globalisation est mieux conforme que l'analyse au processus normal de l'esprit enfantin.
    Je crois qu'on n'a fait ainsi qu'un illusoire pas en avant, et moins définitif qu'on ne croit si j'en juge par mes observations sur les enfants qui ont appris à lire chez nous selon le processus naturel.

    Le processus normal n'est nullement, comme le conçoit l'Ecole traditionnelle :lecture, écriture, traduction graphique de la pensée – mais traduction de la pensée par la parole d'abord, par le dessin, par l'écriture ensuite, enfin parla reconnaissance des mots et des phrases jusqu'à la compréhension de la pensée qu'ils traduisent – reconnaissance qui est proprement lecture."

    La démarche des "freinetistes" est parfaitement logique, conforme à la progression naturelle. De plus elle ne peut pas se discuter ou se critiquer de la même manière qu'une méthode de lecture, puisque comme écrilu que je propose, ce n'est pas une méthode de lecture.

    Pour ceux qui désirent plus d'information : voir le site "écrilu" où l'enfant est appelé à construire le corpus écrit avant de le lire. Le cheminement est naturel mais tout aussi efficace qu'en méthode naturelle puisqu'il en exploite le même filon : seul le codage permet le décodage, particulièrement en Français !   
    • Jean Maurice, le 01/04/2014 à 20:57

      Salutations à tous.  Je viens seulement d’acquérir le titre de membre…

      J’ai lu récemment plusieurs articles et commentaires sur le site  dans lesquels je vois apparaître régulièrement  de vifs encouragements à bannir toute autre forme d’approche pédagogique en matière de lecture que celle prônée par les tenants du « écrire lire ».
      Je lis les commentaires « martelés » de Delacour et ne peux m’empêcher de réagir sur un certain nombre de points.
      A vrai dire, acquérir un corpus écrit avant de le lire n’est pas un concept très clair pour moi. Car au fond les deux actions sont simultanées. On ne peut que lire ce qu’on écrit, ou bien on écrit n’importe quoi, ou alors on « trace ».
      Émerge ainsi cette idée qui vous semble assez évidente : si l’on construit les savoirs graphémiques et syllabiques au travers de l’écriture, on acquiert une cohérence « naturelle »  dans le système alphabétique qui permet de coder/décoder.
      Pour autant, si je suis entièrement d’accord sur l’idée qu’il faut construire un répertoire graphémique plutôt que phonémique, il ne me paraît pas (à l’usage) si pertinent de mépriser le décodage.
      En fait, quand les méthodes de lecture priorisant le décodage vous paraissent ineptes à cause d’une « erreur chronologique »,  j’y trouve moi d’abord une insupportable incohérence dans la voie même qu’elles ont choisie : elles ne délivrent aucune explication sur les techniques de déchiffrage !
      Effectivement, comme vous le dénoncez ainsi que R. Brissiaud ou feu A Ouzoulias, il est parfaitement idiot de présenter les phonèmes de manière simpliste (le a qui fait /a/…), dans une progression qui n’est qu’une juxtaposition, en poussant fort sur l’identification auditive… accumulation de données phonologiques sans architecture, etc.    Jamais donc, les méthodes de lecture ne présentent une quelconque explication sur les procédures de décodage ; le b.a - ba logique et utile n’étant malheureusement qu’une stratégie assez aléatoire. Les résultats positifs des méthodes de lecture usuelles ne sont dus qu’aux excellentes capacités de raisonnement des enfants, à l’habituation par la répétition, aux efforts faits par l’entourage... Pas très reluisant !
      Eh oui, cela parait incroyable - un comble - aucune méthode ne définit un dispositif régulier pour parvenir à détecter les syllabes (éléments fondamentaux) dans un mot !!!! Vous avez tout à fait raison, l’approche écrilu, conduit, elle,  forcément  à la conceptualisation de la syllabe qui leur fait défaut. Mais, personnellement,  je trouve cette voie provisoirement trop « énergivore » : c’est compliqué de faire produire de l’écrit à 25 gamins de 6 ans…

      Alors, quel est mon choix ? Eh bien, commencer par le décodage ?????? Suis-je stupide ?
      Pas encore. Je propose de présenter le décodage comme une véritable quête cryptographique.
      Je présente des outils se rapprochant de répertoires  graphémiques  pour accompagner le déchiffrage comme si nous avions une pierre de Rosette. Les enfants sont actifs. Ils cherchent des éléments pertinents, qu’ils doivent cibler eux-mêmes, en ayant une définition précise de la syllabe et des moyens de la détecter où de la borner dans le flot graphique continu. L’entrée se fait par la définition du principe alphabétique, je veux dire de l’usage des lettres, puis l’identification et le rôle des voyelles, et aussi la recherche de digrammes ou polygrammes voyelles et par quelles règles les identifier, ensuite les consonnes et leurs caractéristiques improbables…
      Bref, toute l’action de décodage est guidée par des procédures, des règles et des référents qui conduisent à une construction orthographique de la lecture et, par suite, à une déclinaison évidente sur la… production d’écrit !!! (… qui sera vraiment facilitée par cette approche et qui sera fortement exercée dans un second temps seulement.)
      Et ça marche ? Oui et depuis longtemps. Le plus intéressant même est qu’après avoir initié cette option en CP, je l’applique aujourd'hui aussi en grande section. Nombre de mes élèves de GS savent lire sans avoir subi de torture phonologique auditive, de manuels abscons, de textes arides dédiés au phonème du jour, sans  avoir passé du temps sur des exercices improductifs dans des fichiers (qui expliquent à eux seuls pourquoi les enfants ne font pas plus de 7 véritables minutes de lecture par jour !)… Ils n’ont pas étudié laborieusement, localisé des lettres éparses l’une après l’autre, cherché à deviner un mot par anticipation, déplacé des syllabes pour s’accoutumer à leur forme. Non, ils ont compris les principes qui régissent notre système de communication écrite.
      Et le sens ? Ce n’est pas affaire de déchiffrage. Cela s’appuie sur d’autres éléments de maîtrise de la langue, d’autres codes et principes conceptualisant l’écrit qu’il faut travailler en d’autres temps et en d’autres lieux.


      • delacour, le 08/09/2014 à 14:32

        Bravo cher collègue si vous obtenez de bons résultats, mais vous n’ignorez pas la situation de l’enseignement ou de l’apprentissage de la lecture en France.

        Ma proposition n’a pas l’intention d’enterrer toutes les pédagogies qui sont effectivement efficaces. Restent quelques points à éclaircir.

        « Pour autant, si je suis entièrement d’accord sur l’idée qu’il faut construire un répertoire graphémique plutôt que phonémique, il ne me paraît pas (à l’usage) si pertinent de mépriser le décodage. »

        Sur mon site http://apprendre-a-lire.pagesperso-orange.fr/ vous avez pu trouver un répertoire simultanément phonémique et graphémique. Comment pourrait-il en être autrement, le graphème étant l’image orthographique du phonème). Par ailleurs le codage du sens (on code du sens à travers le codage des sons) a pour but de mettre en place justement le décodage correct, le « en » de solennel, n’est pas décodé comme celui de mener ou chien, parce qu’on a commencé par coder ces mots – « en » visible étant tantôt un graphème, tantôt deux graphèmes). On est bien loin de mépriser le décodage, on l’assure, et ensuite on favorise aussi la reconnaissance, un décodage fulgurant.

         

        « En fait, quand les méthodes de lecture priorisant le décodage vous paraissent ineptes à cause d’une « erreur chronologique » » 

         

        Non, les méthodes affirmant que les graphèmes se décodent régulièrement dans 85% des cas mentent effrontément. La moindre statistique sur un texte prouve que le décodage est aléatoire (la lettre « e » fait partie de l’écriture de 35 phonèmes, elle se décode donc de 35 façons différentes. Seul le codage qui affecte à un son (phonème) une ou des lettres permet le décodage correct dans 100% des cas. Le bienfait de la chronologie est donc d’offrir un décodage correct et facile. Si on a codé /orchestre, équateur, oiseau/ on peut décoder ces trois mots sans erreur possible.

         

        « le b.a - ba logique et utile n’étant malheureusement qu’une stratégie assez aléatoire. »

         

        C’est justement parce que b.a-ba est mal compris qu’il devient une stratégie aléatoire. Si on lit cette expression dans le cadre de la phonologie, elle est totalement juste : /b/ + /a/ (les deux phonèmes, font bien la syllabe /ba/ dans le codage parlé.

        Par contre si on s’aventure à comprendre cela (lire) dans le cadre du décodage, de la lecture, c’est totalement et dangereusement faux :

        banc , baudrier, baigner, bain, dont b.a (lettres) ne font jamais /ba/ le prouvent et justifient le codage préalable : c’est parce qu’on a commencé par coder /banane/, mot dans lequel on entend /ba/, qu’on peut décoder /ba/ et c’est parce qu’on a codé /banc/ avec les lettres b et anc qu’on peut décoder /banc/, etc. C’est toujours obligatoirement le codage qui impose, décide, organise, permet le décodage.

         

        « Vous avez tout à fait raison, l’approche écrilu, conduit, elle, forcément à la conceptualisation de la syllabe qui leur fait défaut. Mais, personnellement, je trouve cette voie provisoirement trop « énergivore » : c’est compliqué de faire produire de l’écrit à 25 gamins de 6 ans… »

         

        L’écrit s’appuie sur la traduction des phonèmes en graphèmes codant du sens. L’aspect syllabique du langage parlé n’est pas traduit dans notre écriture. Ce qui apparaît à la vue, ce sont des graphèmes, que je fais visualiser au départ avec l’écriture bicolore pour faciliter la reconnaissance des empans graphémiques au décodage :

         

        monsieur, femme, couleur

         

        Et c’est très rapide, une classe entière pouvant travailler en pointant les mots sur son écritoire (voir mon site), soit après pointage magistral, soit après lecture d’un mot en bicolore dont l’élève aura ainsi repéré les graphèmes (voir le logiciel écrilu). On peut aussi faire travailler par deux. Un élève pointant des mots (repris sur une fiche fournie par le maître), l’autre lisant le pointage. On échange les rôles et tous les élèves ont codé et décodé. On travaille alors plus de 60 minutes par jour personnellement, ce qui peut expliquer aussi le succès de tous, en plus de la bonne démarche utilisée

         

        J’ajouterai que finalement tout enfant qui sait lire, finit par comprendre que c’est le sens porté par l’oral qui est codé et qu’on n’est pas obligé de jouer aux petits Champollion pour y arriver. Combien de temps Champollion a-t-il mis pour lire les hiéroglyphes ? Des écritures sont encore indéchiffrables, d’autres sont « sonorisables » mais incompréhensibles, seules celles dont on détient la langue origine permet d’accorder les phonèmes avec les graphèmes ou l’inverse pour coder et décoder. Et avec la pédagogie du décodage, les CP dédoublés n’ont pas eu de meilleurs résultats que les autres…

        Ca peut donner à réfléchir sur son efficacité….

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