Une nouvelle étude dit pourquoi il faut réduire les effectifs élèves en ZEP 

Une nouvelle étude suédoise reprend la question de l'efficacité de la réduction de la taille des classes et cherche à expliquer pourquoi elle bénéficie particulièrement aux jeunes des milieux populaires. Pour elle des facteurs externes aux enseignements jouent aussi un rôle dans cet effet de taille.

 

Si la réduction de la taille des classes constitue un tabou chez les dirigeants du système éducatif français, ses effets sont quand même connus grâce aux travaux de Piketty et Valdenaire. Ils ont calculé l'effet qu'aurait une réduction du nombre d'élèves sur la réussite scolaire en s'appuyant sur des effets de seuil qui font que de façon aléatoire certaines classes sont éclatées en deux groupes classes. Ils ont calculé l'effet d'une diminution de 5 élèves en zep. " La diminution de 5 élèves des tailles de classes de ZEP conduirait, dans notre hypothèse basse, à une réduction des inégalités de 37% au primaire, 13% au collège et seulement 4% au lycée".

 

Mais ce n'est pas en s'appuyant sur ces travaux que Peter Fredriksson, Université de Stockholm, Björn Öckert, UCLS, et Hessel Oosterbeek, Université d'Amsterdam, sont partis en recherche sur l'effet de la réduction de la taille des classes. Ils ignorent les travaux de Piketty et Valdenaire mais référencent d'autres travaux qui établissent l'effet bénéfique de la réduction des classes, à commencer par leur étude réalisée en 2011. Leur recherche est autre : ils veulent expliquer pourquoi la réduction est bénéfique pour les jeunes des milieux défavorisés et beaucoup moins sur les autres. Car, en se basant eux aussi sur des effets de seuil dans les écoles suédoises, ils constatent que la réduction d'un élève par classe entraine une hausse des résultats académiques de 7% pour les jeunes des milieux populaires contre 2% pour les autres. Cela les amène à poser de nombreuses questions et à travailler sur l'environnement scolaire des élèves et pas seulement la classe.

 

La part de la classe c'est que, devant une classe nombreuse, l'enseignant ne personnalise pas son enseignement et se repose davantage sur l'apprentissage autonome des élèves. Il donne souvent un enseignement plus magistral. Or la diminution des interactions avec le professeur est pénalisante pour les jeunes des quartiers populaires, nous disent les auteurs, beaucoup plus que pour leurs camarades favorisés. Ils ont plus de mal à suivre.

 

Ils ont aussi évalué le temps de distraction des élèves. ce temps est plus important pour les enfants de milieu défavorisé et dans les classes nombreuses. L'effet est par contre nul pour les jeunes de milieu favorisé. Les auteurs n'ont par contre trouvé aucun impact sur l'absentéisme.

 

Un facteur essentiel semble être la réponse des parents à la situation d'une classe chargée. Les enfants des milieux favorisés bénéficient de cours particuliers et d'aide à la maison. Les enfants des milieux populaires, si le maître est incapable d'aider les enfants, ne feront pas appel à ces cours particuliers. Les auteurs mettent ainsi en évidence un nouveau facteur qui plaide pour la réduction des effectifs en zone prioritaire.

 

François Jarraud

 

L'étude

La taille des classes une question politique ?

Des effets durables

Long term effect of class size

 

Par fjarraud , le mardi 18 mars 2014.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 18/03/2014 à 15:32
    Tout à fait d'accord sur le résultat, par contre l'analyse me semble globalement inexact. 
    Avec un nombre important d'élèves, l'enseignant a moins le temps de s'occuper des élèves qui demandent une attention particulière. Cependant, le principal facteur est, le temps et l'énergie pris pour gérer les perturbateurs. Or, il y a plus de jeunes qui refusent les règles de la société dans les établissements dans les quartiers défavorisés. Ce premier fait est un tabou de l'éducation nationale car il ne faut pas "stigmatiser certaine population". Or, ce négationnisme a été une des principale causes pour lesquelles on arrivait à trouver des solutions en ZEP; Il y a un seuil, bien connu, des enseignants où la plus grande partie de l'énergie de l'enseigant est utilisée à la gestion de classe et quand ils veulent, les perturbateurs arrivent à mettre l'enseignant en difficulté. Et l'énergie utilisée dans la gestion de classe est pris sur l'attention aux plus faibles. Le temps utilisé pour obtenir l'attention de la classe n'est plus disponible de l'enseignant.
    Il s'agit d'un tabou de l'éducation nationale. Quand l'enseignant reconnait qu'il n'arrive pas gérer sa classe, on lui répond qu'il est un mauvais enseignant qui ne sait pas intéresser les élèves. Ce qui faux, bien sûr. Dans les situations racontées dans le "journal d'un prof débutant" que l'on peut lire sur la version électronique de Le Point, ce n'est pas suffisant.
    Par ailleurs, il faudrait arrêter avec le mythe des cours particuliers. Il y en a beaucoup moins que l'on dit, la plupart sont contre-productifs. Et je ne connais personne qui a réussi les études scientifiques les plus sélectives et, a eu une fois dans sa vie un cours particulier. Ce fantasme qu'il est bon ton de diffuser a des effets pervers importants. La représentation qu'il génère a des effets importants sur l'autocensure des jeunes issus des milieux populaires vers les formations les plus sélectives, ou le recours de personnes de milieu modeste à ces cours particulier en croyant bien faire alors que bien souvent cela enfonce le gamin dans l'échec.
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