Ce que le vieillissement des enseignants veut dire 

Dans un nouveau numéro des "Indicateurs de l'éducation à la loupe", l'OCDE revient sur le vieillissement du corps enseignant. Puisque ce vieillissement amènera forcément un renouvellement massif du corps enseignant, c'est l'occasion de poser la question de l'attractivité du métier.

 

Le vieillissement du corps enseignant est un phénomène qui concerne tous les pays développés. "Dans les pays de l'OCDE plus d'un tiers des hommes enseignant dans le primaire ont désormais plus de 50 ans", note l'OCDE.  L'organisation a calculé que les enseignants du primaire atteignent 43,2 ans pour les hommes et 42,3 pour les femmes. Au secondaire on est à 44,9 pour les hommes et 43, 3 pour les femmes. Les plus de 50 ans représentent un gros tiers des enseignants. L'Allemagne, l'Italie se distinguent par une population enseignante âgée alors que Royaume-Uni et Etats-Unis ont des enseignants plus jeunes.

 

La France se situe assez près de cette moyenne mais avec d'assez fortes variantes selon les corps. Ainsi les PLP comptent la plus forte part de quinquagénaires : il y a10 fois plus de 50 ans et plus que de moins de trente ans ! L'âge moyen des PLP se situe à 45,5 ans, celui des certifiés à 42,3 ans et celui des professeurs des écoles à 41 ans.   

 

Pour l'OCDE, les conséquences du vieillissement sont multiples. " Dans un avenir proche, la nécessité de remplacer un effectif important d’enseignants partant à la retraite est susceptible d’aggraver les problèmes de pénurie d’enseignants qui se profilent déjà, rendant encore plus impérieux le besoin pour les gouvernements d’attirer davantage d’étudiants très performants vers la profession d’enseignant... Les enseignants plus âgés sont susceptibles d’être moins en phase avec le monde et la culture de leurs élèves. Enfin, l’asymétrie de la répartition par âge des enseignants génère à elle seule une pression globale à la hausse sur les salaires et entraîne différents effets secondaires sur la rémunération et les conditions de travail". Et l'OCDE de conclure que les gouvernements doivent proposer " un choix de carrière attractif, en repensant l’effet pervers des barèmes salariaux, en concevant des dispositifs de rémunération en adéquation avec la demande d’enseignants".

 

On conçoit alors le défi posé par le vieillissement : comment renouveler les enseignants sans augmenter les salaires. L'exemple anglais, vanté par l'OCDE est bien connu. En Angleterre on a attribué des primes spécifiques aux disciplines déficitaires , comme les maths. En même temps, la privatisation de l'enseignement, à travers les "academies", aboutit à augmenter le temps de travail, à payer "au mérite" et à diminuer les pensions. Les enseignants anglais ont déjà fait deux grèves largement suivies cette année contre cette évolution. Le vieillissement du corps enseignant ressemble bien à une marmite d'où tout peut sortir.

 

François Jarraud

 

Indicateurs d el'éducation n°20

Les indicateurs de l'éducation


Par fjarraud , le lundi 17 mars 2014.

Commentaires

  • Franck059, le 18/03/2014 à 07:22
    Avec le recul sans cesse de l'âge de départ à la retraite, la forte rerésentation au sein du corps enseignant des quicagénaires ne posera vraiment problème que dans une quinzaine d'années, soit aux alentours de 2030. Autant dire que ce problème n'intéresse absolument pas nos poilitiques  desormais habitués à une gestion à courte vue.  Ils sont déjà bien incapables de fixer des objectifs économiques clairs et de fixer un cap de ce que sera la France dans 5 ans, inutile donc d'espérer de leur part une vision claire de ce qui se profile dans l'éducation nationale...
  • Franck059, le 18/03/2014 à 07:21
    Avec le recul sans cesse de l'âge de départ à la retraite, la forte rerésentation au sein du corps enseignant des quicagénaires ne posera vraiment problème que dans une quinzaine d'années, soit aux alentours de 2030. Autant dire que ce problème n'intéresse absolument pas nos poilitiques  desormais habitués à une gestion à courte vue.  Ils sont déjà bien incapables de fixer des objectifs économiques clairs et de fixer un cap de ce que sera la France dans 5 ans, inutile donc d'espérer de leur part une vision claire de ce qui se profile dans l'éducation nationale...
  • maria1958, le 17/03/2014 à 08:50

    Dans le cas français, au vieillissement du corps enseignant s'ajoute un autre phénomène, le plus souvent absent ailleurs parce qu'il tient à une particularité démographique française: la natalité plus forte depuis le début des années 2000, qui se traduit par une augmentation des effectifs à scolariser. 

    Donc en France on a - comme ailleurs - beaucoup de départs en retraite, mais en plus, davantage d'élèves à accueillir = des besoins en recrutement d'enseignants très importants,  pour les 15 ans à venir au moins.

    Situation bien connue des décideurs qui justifierait, outre une revalorisation des salaires et conditions de travail pour restaurer l'attractivité de l'enseignement par rapport aux autres débouchés, des mesures de financement des études de celles et ceux qui choisissent de devenir enseignants. 

    Pour le moment, on n'a ni revalorisation, ni financement des études des futurs profs - la priorité absolue est donnée à la réduction des dépenses publiques (les 50 milliards, etc....).
    Ce choix a déjà un coût (la galère des étudiants, par exemple). Mais persister dans cette optique comptable à courte vue, c'est à brève échéance créer les conditions d'une pénurie aigue d'enseignants, dont les élèves seront les premières victimes. 

    Quand les profs font grève ou manifestent, ils défendent leur bifteck bien sûr. Mais ils disent aussi qu'il est urgent de changer de lunettes…. dans l'intérêt des enfants.


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