A quoi tient le statut des profs ? 

La considération portée aux enseignants n'est pas liée aux résultats qu'ils obtiennent. C'est un des enseignements dérangeants d'une étude britannique. Elle montre aussi qu'en France, si le statut est considéré comme moyen, le respect est au plus bas.

 

Quel regard les gens portent-ils sur le métier d'enseignant ? Une association britannique, la Varkey Gems Foundation, a entrepris la réalisation d'un Index du statut des enseignants en se basant sur des sondages où on demande de donner un rang au métier d'enseignant par rapport à 14 professions. Pour les 21 pays étudiés, la France se trouve au 11ème rang. C'est en Chine et en Grèce que le statut est au plus haut. Il est au plus faible en Israël et au Brésil. En France, comme aux Etats-Unis, le métier d'enseignant est classé socialement comme celui de bibliothécaire. En Chine, le professeur est considéré comme un médecin. Particularité française : les enseignants du primaire sont un peu mieux considérés que les professeurs du secondaire. Autre particularité : le manque de respect des élèves envers les enseignants, si l'on en croit cette étude. La France est l'avant dernier pays européen et un des derniers des 21 états consultés.

 

A quoi cela tient-il ? L'étude montre qu'il n'y a pas de rapport entre considération et salaire. Les professeurs allemands ou luxembourgeois sont nettement mieux rémunérés que les professeurs finlandais. Or la considération de ces derniers dépasse largement les premiers. Là aussi en France on se singularise : la France est un des rares pays où, selon cette étude , le public trouve que les enseignants sont trop payés. On sait pourtant, et la Cour des comptes elle-même l'a relevé, qu'ils sont parmi les plus mal payés des pays développés. La considération ne tient pas compte non plus de la réussite des élèves. Les professeurs turcs sont bien mieux considérés que les coréens, alors que le taux de réussite des uns n'a rien à voir celui des autres...

 

Quelle conclusion ? On sait depuis le jour du refus que le public a une relation illogique avec l'Ecole. On commence seulement à mesurer el fossé entre l'école réelle et ses représentations. Et l'action nécessaire des professeurs eux-mêmes pour le combler...

 

L'étude


Par fjarraud , le vendredi 14 mars 2014.

Commentaires

  • maria1958, le 14/03/2014 à 09:31
    En France, alors que la pénurie d'enseignants devient un gros problème, le gouvernement assure les enseignants de sa considération, reconnaît qu'il serait digne de mieux les payer et.... supprime les aides financières aux candidats aux concours + baisse le salaire de début des néorecrutés à compter du nouveau concours 2014. 

    A Singapour, les profs sont "considérés", mais surtout le gouvernement prospecte les meilleurs bacheliers pour leur proposer un salaire pendant toute la durée de leurs études vers le professorat, puis il veille à assurer aux enseignants un salaire concurrentiel par rapport à ceux pratiqués pour les métiers de qualification équivalente. 
    Source OCDE
    http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/education/building-a-high-quality-teaching-profession/recruitment-and-initial-preparationof-teachers_9789264113046-3-en#page5

    A Singapour le gouvernement a une politique cohérente - donc les élèves ont des profs qualifiés.

    En France on a besoin de profs mais aucun effort n'est fait pour attirer et aider puis fidéliser ceux qui veulent le devenir, résultat les élèves manquent de profs.
    Les parents devraient s' inquiéter davantage de cette politique de Gribouille! Les profs, eux, sont au courant qu'à force de dévaloriser leur métier, on va dans le mur...

  • Franck059, le 14/03/2014 à 08:45
    Pourquoi l'action devrait-elle être menée par les enseignants ? Le discrédit des enseignants a commencé sous l'ère Allègre, elle fut ensuite reprise quand la droite fut au pouvoir. Le mal est fait, je crains qu'on ne puisse revenir en arrière. Par ailleurs, quotidiennement sur le terrain, l'autorité des enseignants est bafouée par leur hiérarchie même. Un exemple, pas plus tard qu'hier dans mon établissement : un élève répond à une collègue de français "je n'en ai rien à foutre de ton cours". Elle demande une journée d'exclusion... il n'écopera que d'une heure de colle ! N'oublions surtout pas que les enseignants constituent le bataillon le plus représentatif des fonctionnaires, lesquels sont de plus en plus ouvertement décriés par la population.Pourquoi les enseignants perdraient-ils leur temps à mener des actions quand leur hiérarchie, les pouvoirs et l'opinion publics affichent souvent à leur égard, au mieux de la condescendance, au pire du mépris ?  On ne saurait trop recommander aux jeunes étudiants BAC+5 d'envisager une toute autre carrière que celle d'enseignant... à moins de s'expatrier en Chine !
    • Viviane Micaud, le 14/03/2014 à 15:15
      Tout à fait d'accord avec ce commentaire. Depuis Allègre, les enseignants ont été dénigrés par les personnalités politiques de Droites comme de gauche. 
      A cause des syndicats qui ne juraient que sur les heures de présence devant les élèves dans leurs négociations, on a longtemps confondus temps devant les élèves et temps de travail des enseignants. Aussi, ils ont été faussement accusés de ne pas travailler assez, alors que la profession est mal payée pour des BAC+5.
      A cause de jeux de pouvoirs de groupes qui considéraient l'école comme un terrain d'actions pour mettre en avant leurs personnes et leurs groupes, les violences entre élèves et les violences de certains élèves et de certains parents vers les enseignants ont été niées. Les bureaucrates de l'éducation nationale ne les ont pas aidés à combattre cette violence et ne les ont pas protégés des dénigrements.
      Pendant longtemps, les causes réelles des difficultés de l'école étaient niées. La version officielle de la rue de Grenelle était que les profs ne mettaient pas assez d'énergie pour appliquer les géniales doctrines concoctées dans un coin d'un bureau de la rue de Grenelle par des gens qui n'avaient pas vu un enfant depuis 15 ans, sur les conseils d'un vendeur de soupes qui s'était auto-proclamé en spécialiste de la pédagogie. 
      Les programmes étaient infaisables, la formation était inadaptée pour comprendre les causes des difficultés de l'élèves, à partir de la 4ième les programmes sont inadaptés aux classes hétérogènes, les facteurs liés à l'ambiance scolaire étaient niés, et les consignes de la rue de Grenelles étaient inadaptées car chronophages et prenant du temps sur les actions utiles à l'enseignement. 
      Par contre, il me semble que les enseignants se sont repliés sur eux-mêmes et se sont découragés. Je me rappelle une époque où je me sentais un peu seule à rappeler dans les commentaires de journaux électronique (5 en tout) que les cours se préparent, les contrôles se préparent, les contrôles se corrigent, que les concertations prennent du temps. Ce n'était pourtant pas évident pour le grand public.
      • heurtebise, le 15/03/2014 à 00:32
        à cause surtout de toutes celles et ceux qui, sans être des professionnels de l'éducation, se permettent depuis trop longtemps de parler au nom des enseignants d'un métier qu'ils ne connaissent pas et d'une école dont ils pensent avoir dépasser les représentations archaïques du "grand public" ou se sentent plus légitimes que le "vendeur de soupes qui s'était auto-proclamé en spécialiste de la pédagogie" en n'hésitant pas pourtant à mettre en avant le modèle éducatif américain mis en scène dans les séries américaines ...
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