Un Plan jeunesse qui se cherche 

Alors que le plan jeunesse est présenté par Matignon le 4 mars comme un "ensemble cohérent balayant tous les aspects de la jeunesse", il semble hésiter entre ses priorités et balloté par les exigences budgétaires. Le 2ème Comité interministériel Jeunesse (CIJ) a présenté une liste de mesures où l'on trouve 47 mesures un peu disparates.

 

 Depuis le premier Comité interministériel Jeunesse, réuni fin février 2013, le gouvernement vante ses efforts pour "construire le plan Priorité jeunesse avec la jeunesse". Il y a eu la constitution du Forum français de la jeunesse, un regroupement de 19 associations et mouvements qui est devenu l'interlocuteur préféré du gouvernement. Il y a eu aussi la nomination d'un délégué interministériel, même si Matignon met plutôt en avant ses conseillers éducation (JP de Gaudemar) et jeunesse (Hakim Khellaf). Le 4 mars, le premier ministre a réuni pas moins de 18 ministres pour un programme qui comprend 47 mesures dont 27 déjà totalement ou partiellement mises en oeuvre.

 

L'éducation est en tête des 47 mesures même si des aspects essentiels manquent curieusement au plan Priorité jeunesse. Ainsi l'éducation prioritaire ne fait pas partie du plan ce qui illustre ses ambiguités. Le plan jeunesse hésite entre cibler les jeunes des milieux populaires ou tous les jeunes , tout comme il hésite entre trentenaires et mineurs. Sur le terrain éducatif, la mesure la plus attendue est le service public régional d'orientation. Il vient d'être officialisé par la loi sur la formation professionnelle adoptée fin février. Aujourd'hui en test dans 8 régions, le SPRO devrait être généralisé en 2014 et coordonner tous les acteurs, l'orientation scolaire restant dans le giron de l'Education nationale. Un programme spécial d'information jeunesse est prévu doté d'environ un million d'euros. Le plan jeunesse comprend aussi un volet APB avec sa simplification engagée par la ministre de l'enseignement supérieur.

 

La lutte contre le décrochage scolaire est un autre élément phare du plan jeunesse. Le ministère de l'éducation nationale met en avant 20 000 retours en formation. En 2014 il devrait cibler 25 000 jeunes. Le plan vante aussi les micro lycées, les écoles de la seconde chance et le libre choix de l'orientation après la 3ème, un dispositif expérimenté cette année.  Pour les jeunes ayant rompu les amarres avec l'école et al société, le gouvernement a prévu une "garantie jeunes" liant formation avec une revenu à hauteur du RSA. Ce dispositif est en expérimentation sur 10 territoires et il touche moins de 400 jeunes. A la rentrée 2014 il sera étendu à 30 territoires avec l'objectif d'atteindre 30 000 jeunes. Le plan reprend aussi les emplois d'avenir qui devraient concerner 150 000 jeunes en 2014. C'est la principale réussite gouvernementale : avoir réussi à faire reculer légèrement le chômage des jeunes.

 

Le plan jeunesse comprend également un volet santé avec une garantie médicale complémentaire, un volet logement avec une garantie des loyers qui est prévue dans un projet de loi actuellement  en lecture. Sa mise en oeuvre pourrait avoir lieu en 2016. Enfin il présente un aspect intégration avec notamment la volonté d'encourager la participation des jeunes à la vie associative et politique. Le Forum français de la jeunesse a demandé que le CESER accueillent une section jeunes. A Matignon on liasse entendre que cette ouverture politique n'est pas le versant le plus simple du plan...

 

La mesure phare de ce second CIJ semble être la création d'une clause jeunesse obligatoire qui devrait être imposée dans les textes législatifs et réglementaires. Elle devrait obliger le législateur à lire chaque texte avec les yeux de la jeunesse, un exercice nécessaire dans un pays ouù seulement 1,6% des candidats au second tour des législatives 2012 avaient moins de 30 ans. Aux Européennes 2009 seulement 8% des candidats avaient également moins de 30 ans.

 

Ces derniers chiffres sont extraits de "L'état de la jeunesse", un annuaire statistique commandé par le gouvernement à l'Injep. Cette publication est totalement nouvelle. Elle marque elle aussi les hésitations du CIJ. Si elle aborde le décrochage, l'orientation, les difficultés de lecture ou de logement c'est toujours sous l'angle de l'age ou du genre. La dimension sociale est totalement absente. Mais à force de l'ignorer, la politique jeunesse du gouvernement se prive d'un élan politique et d'éléments d'efficacité.

 

François Jarraud

 

Le CIJ et le plan jeunesse


Par fjarraud , le mercredi 05 mars 2014.

Commentaires

  • maria1958, le 05/03/2014 à 08:31
    La dimension sociale est d'autant plus absente que tout en faisant de la com' via ce "Plan jeunesse", les choix budgétaires, eux, frappent la jeunesse de plein fouet, y compris si elle est socialement vulnérable. 
    Il n'y a qu'à voir la réduction de l'enveloppe budgétaire dédiée aux bourses sociales en collèges et en lycées pour l'année 2014 ! 


    Réduction pointée par le rapport sur le projet de loi de finances présenté le 21/11/2013 par les sénateurs Thierry Foucaud (PCF, Seine Maritime) et Claude Haut (PS, Vaucluse). Ils constatent une baisse de 2% de l'enveloppe dédiée aux bourses sociales scolaires, pourtant censée couvrir les revalorisations annuelles 2013 et 2014 et la hausse des effectifs d'élèves dans le secondaire. 
    Voir:   
    http://www.senat.fr/rap/l13-156-314/l13-156-31416.html#toc136


  • maria1958, le 05/03/2014 à 08:30
    La dimension sociale est d'autant plus absente que tout en faisant de la com' via ce "Plan jeunesse", les choix budgétaires, eux, frappent la jeunesse de plein fouet, y compris si elle est socialement vulnérable. 
    Il n'y a qu'à voir la réduction de l'enveloppe budgétaire dédiée aux bourses sociales en collèges et en lycées pour l'année 2014 ! 


    Réduction pointée par le rapport sur le projet de loi de finances présenté le 21/11/2013 par les sénateurs Thierry Foucaud (PCF, Seine Maritime) et Claude Haut (PS, Vaucluse). Ils constatent une baisse de 2% de l'enveloppe dédiée aux bourses sociales scolaires, pourtant censée couvrir les revalorisations annuelles 2013 et 2014 et la hausse des effectifs d'élèves dans le secondaire. 
    Voir:   
    http://www.senat.fr/rap/l13-156-314/l13-156-31416.html#toc136


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