Mardi gras : La guerre aux œufs-farine est déclarée 

"C'est devenu une institution dans les lycées du coin, explique un élève. Pratiquement tout le monde participe. Dans les supermarchés, on achète de quoi se canarder et on vient habillés avec des tenues résistantes", annonce Le Parisien. "Pour le maire  et les chefs d’établissement, les élèves ont dépassé les bornes l’an dernier. Les jeux de potaches ont pris une ampleur démesurée. Les façades entières de certains établissements étaient couvertes d’œufs… Il faut …  en finir avec les débordements …. À l’entrée des collèges et lycées, les élèves seront fouillés …. À l’extérieur, des policiers en uniforme ou en civil assureront une veille et pourront filmer les méfaits éventuels".

 

Le conseiller principal d’éducation est en grande discussion  avec de dangereux activistes  de troisième  armés de farine, d’œufs et de mousse à raser.    

- Monsieur, on peut aller au carnaval en ville avec ceux des autres collèges ?

- Je ne  réponds pas à ce genre de question.

- Qu'est ce qu'on fait si vous voulez rien dire ?

- Vous prenez vos responsabilités.

- Est-ce qu'il y aura classe Monsieur?

- Aucun professeur n'est absent, le collège reste ouvert.

- Si on va au carnaval qu'est ce qu'on risque ?

- De manquer les cours !

- Est ce que vous le direz aux parents ?

- Les absences seront relevées comme d'habitude.

- Monsieur, répondez  siouplè,  on peut y aller?

- Le carnaval est une tradition qui ...

- Il est d'accord !

- Je n'ai pas dit que vous pouviez aller au carnaval, je pense que vous devez exercer vos responsabilités, certains les exerceront en suivant les cours.

- Kess kidi ?

 

Comme le CPE s’éclipse sans décoder ses propres formules laconiques, la troupe des lurons  en conclut qu’il n’est pas contre le carnaval mais qu’il n’acceptera jamais le départ des élèves en ville. Le corollaire  est limpide, il faut faire la fête sur place. 

 

C'est à la cantine que tout démarre. Une troupe d’excités fourbissent des épluchures puis tirent à vue sur tout ce qui bouge. Le camp adverse réplique à la purée et au trognon de pomme. Les neutres cherchent refuge dans les lavabos. Quelques guerriers, en manque de munitions, se ruent sur les robinets et improvisent des bombes à eau avec des sachets de plastic. On entend le hurlement strident de filles engluées dans la moutarde. Les parquets tremblent sous les galopades sauvages. Une rotation s'organise pour s’approvisionner en œufs  au supermarché voisin qui voit ses ventes croître vertigineusement. Une excitée revient avec des  projectiles coque premier choix pour les jeter sur les garçons qu’elle préfère…

 

Les professeurs se réfugient dans leur salle. Un kamikaze agrégé d’Histoire craignant pour son parapluie oublié en classe, se lance dans une expédition de quelques mètres. Il avance à pas de loup. Il aperçoit du coin de l’œil les collègues d’anglais et de maths qui se font petits dans les sanitaires du premier étage dont ils tiennent la porte précautionneusement close. Le prof de chinois s’enferme dans sa voiture et de son téléphone épilogue avec un correspondant sur les économies de nettoyage à sec qu’il est en train de réaliser en étant ainsi à l’abri.

 

Les réjouissances continuent. Les cartables méthodiquement utilisés en massues massacrent les doubles plafonds. Les figures de  karaté  déchiquettent  les portes de W-C. Un cutter ravageur transforme les rideaux de la salle de projection en fine dentelle bretonne. Un objet contondant ouvre une  plaie béante sur la banquette molletonnée du hall d’honneur….

 

Le chahut  mourra de sa belle mort toute honte bue   au bout de cinq  minutes: les adultes terrés dans les recoins,  de nombreux élèves apeurés d’autres excités par la débandade, les plus actifs épanouis  dans la glaire des œufs, la mousse à raser et  le gluten de la farine... Les adultes ont eu peur des ados ;  si peur que le calme revenu, ils ne parlent que de cela. Et au fur  et  à mesure que les enseignants, les surveillants, les secrétaires, les cuisiniers, les agents et l’infirmière raisonnent sur l’horreur dont ils ont été témoins, ils s’aperçoivent que la seule responsabilité qu’ils ont prise c’est de disserter sur la responsabilité qu’ils auraient pu prendre.

 

Gilbert Longhi

 

 

Mardi-gras, mi-carême et carnaval …

La mi-carême se situe  entre le 26 février et le 1er avril. En 2014 elle débutera le 23 mars et s’achèvera le 29 mars. De toute façon peu importe l’astronomie ou la liturgie, les élèves célébreront le mardi-gras, la mi-carême et le carnaval tout d’un bloc en fonction des petits congés du calendrier scolaire.  (http://micareme.ca/fr/calendrier.html).

 

Alors pourquoi les œufs et la farine ? Le carême étant jadis  un jeûne on ne consommait même pas les œufs du poulailler familial.  Ils risquaient donc de ne plus être très frais après les quarante jours de diète. Alors pour ne pas les gaspiller on les utilisait d’un coup à la mi-carême (au vingtième jour du jeûne). Après la mi-carême, on attendait à nouveau vingt jours pour décorer les suivants  pour la période pascale. Bénédicte Ducatel – SNPLS http://www.liturgiecatholique.fr/La-mi-Careme.html .

 

Le mardi-gras se situe lui dans la semaine avant le carême et on y fait des excès alimentaires et comportementaux (avant la stricte observance du carême) notamment lors des carnavals.  Les usages scolaires profanes comme les coutumes religieuses  ne seraient sans doute rien sans leurs origines païennes. Chez les romains, durant les Calendes de mars on célébrait le printemps. Le contexte tolérait provisoirement diverses formes d’activités ludiques et hédoniques et notamment les déguisements. Cette pratique permettant de passer pour un autre et donc de jouir d’un anonymat et d’une impunité.

http://qe.catholique.org/l-eglise-aujourd-hui/40084-pourquoi-les-catholiques-fetent-ils-mardi.

 

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 10 février 2014.

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