Rythmes scolaires : Le Snuipp face au plaisir des villes moyennes  

La Mission d'information du Sénat sur les rythmes scolaires a beau avoir vu la proposition de loi de JC Gaudin repoussée le 21 janvier, elle continue à auditionner. Le 22 janvier elle recevait le principal syndicat enseignant du premier degré, le Snuipp, accompagné du SNPI Fsu, et la Fédération des villes moyennes. Deux regards opposés sur la question...

 

Snuipp : Une position délicate face aux sénateurs

 

" Les rythmes ne peuvent pas être les seuls leviers pour la transformation de l'Ecole et ce n'est pas le levier prioritaire", déclare d'emblée Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. " Il n'y a pas de recherche qui indiquent de bons rythmes pour les enfants en terme de réussite scolaire". Une affirmation immédiatement contrebalancée par l'idée que le Snuipp est contre la semaine de 4 jours. Le syndicat juge l'application de la réforme trop rigide. Le Snuipp rappelle qu'en 2008, un quart des élèves avait un système dérogatoire qui est impossible aujourd'hui. Paul Devin, secrétaire général du Snpi, le syndicat de inspecteurs de la Fsu, soutient la position du Snuipp en déclarant que " la reforme ne conduit pas automatiquement a améliorer les résultats des élèves".

 

Comment peut-on être contre la semaine de X Darcos tout en rejetant celle de Peillon ? La question est posée par la rapporteure, F Cartron, et plusieurs sénateurs qui ne comprennent pas la position du Snuipp. Sébastien Sihr peine à s'expliquer.

 

Réforme des rythmes et décentralisation

 

"L'impact sur les enseignants a été sous estimé", rappelle finalement S Sihr. "La réforme donne le pouvoir aux mairies ou aux conseils généraux", estime Claire Bordachar du Snuipp. "La question du rôle des collectivités locales dans la politique nationale d'éducation est complexe. On concède des choses contraires avec les valeurs républicaines", estime Paul Devin.

 

Pourquoi les villes moyennes appliquent la réforme

 

C'est d'une certaine façon ce que confirme la Fédération des villes moyennes où 41 communes sont déjà en train d'appliquer la réforme. Représentée par les villes d'Arras et de Nevers, la Fédération est favorable à la réforme. "La réforme va dans le sens de l'égalité des apprentissages pour chaque enfant", déclare Mme Beaumont, maire adjointe d'Arras. La décision d'appliquer la réforme a été prise "au vu du constat d ela baisse de niveau des écoliers" dans une ville où 22% des élèves ne maitrisent pas les fondamentaux à l'entrée en 6ème, 40% en ZUS. Même enthousiasme à Nevers où P. Massicot, maire adjointe, juge la réforme aussi positive.

 

Les relations avec les enseignants ont été délicates dans les deux villes. A Arras, c'est l'intervention de l'IEN et du Dasen qui "a convaincu" les enseignants.... "Il y avait l'inquiétude qu'on entre dans leur classe. On a essayé de trouver des compromis et d'utiliser d'autres endroits". A Nevers, P Massicot souligne des difficultés en Clis et en maternelle lors de la mise en place de la réforme. Mais, "les enseignants font part de la plus value apportée par la demi journée supplémentaire".

 

Un coût modeste face aux espoirs soulevés

 

Reste l'aspect financier, souvent présentée comme un obstacle infranchissable. A Arras, la réforme des rythmes représente un coût net de 700 000 euros dans un budget éducation de 7 millions et un budget de fonctionnement municipal de 70 millions. A Nevers c'est 470 000 euros dans un budget éducation de 8 millions et un budget municipal de 50. Encore les deux villes ne comptent elles pas les remboursements de la CAF . Celle ci semble payer avec difficulté. Le coût réel par élève serait entre 214 et 180 euros par an. C'est peu pour le plaisir d'intervenir dans le domaine éducatif. "Au lieu de parler de carte scolaire et de suppressions de postes on parle enfin du bien être de l'enfant", déclare P Massicot. "On est bien parti pour mesurer dans quelques années le bien fondé de cette réforme", estime la maire adjointe d'Arras. Tout cela n'a pas de prix.

 

François Jarraud

 

La séance du 8 janvier

Par fjarraud , le jeudi 23 janvier 2014.

Commentaires

  • heurtebise, le 23/01/2014 à 07:19
    Pour les professionnels de l'éducation qui ne nourrissent pas leur réflexion à partir des séries américaines (Viviane), sur de nostalgiques souvenirs de leur scolarité (Vincent, Luc, Xavier, Gilles, François, Claude) ou sur des ambitions politiques (tous les maires de France) :

    Il n'est pas difficile de comprendre que quelle que soit la répartition adoptée entre le temps scolaire et périscolaire :

    - la présence des enfants dans les locaux municipaux durant la journée et la fatigue qui s’en suit ne seront pas diminuées,

    - une journée supplémentaire se rajoutera durant laquelle les apprentissages s’organiseront pour les élèves dans les mêmes conditions : des locaux souvent exiguës et inadaptés, des effectifs surchargés, un encadrement assuré par du personnel municipal exploité et des enseignants sous-estimés,

    - ces nouveaux aménagements du temps scolaire et la répartition des locaux municipaux  accentueront les inégalités territoriales et la désorganisation d'une école déjà bien mal menée par les gouvernements précédents,

    - l’obstination à vouloir maintenir en l’état le décret sur les rythmes scolaires, le pilotage à vue de leur mise en place, le passage en force du décret un samedi matin traduisent une volonté politique de tenir une promesse électorale du candidat Hollande envers et contre tout bon sens.

     

    L'école élémentaire et ses acteurs n'aspiraient, après les attaques et les dégâts causés par 12 ans de Chiraki et 5 années de Sarkosy, qu'à pouvoir souffler et retrouver des conditions de travail apaisantes et apaisées pour tous. Cet apaisement passe aujourd’hui par l'abrogation du décret sur les rythmes scolaires.

     

    Prétendre que ce décret sur la déforme des rythmes, cette loi d’orientation d’un ministère qui navigue  à vue et cette refondation sans fondation sont aux services des apprentissages et de l'élève, c’est oublié :

    - que les enseignants non depuis deux ans jamais été sérieusement consultés sur la réalité de l’école dans laquelle ils exercent quotidiennement,

    - que ce gouvernement a réussi à mettre dans la rue son électorat naturel et ceux qui depuis dix-sept ans ont organisé la casse de l’éducation,

    - que des programmes ne peuvent se construire dans la précipitation autour de propositions globales pour justifier un décret,

    - que le débat durant les élections municipales risque de se cristalliser sur la mise en place des rythmes scolaires et servir d’ambulance aux candidats qui n’ont d’autres ambitions que leur élection.

     

    Un interlocuteur raisonnable, une instance consultative, un ministère soucieux de l’école et de ses acteurs proposeraient, après ces deux années de crispation, de laisser passer les élections municipales, de laisser venir de nouveaux programmes dans l'esprit et la continuité de ceux de 2002 pour ensuite réfléchir ensemble, professionnels, chercheurs, responsables politiques, citoyens sur les conditions  d'organisation à mettre en place pour leur réalisation. Il est encore temps.

    • PierreL, le 23/01/2014 à 12:32
      - la présence des enfants dans les locaux municipaux durant la journée et la fatigue qui s’en suit ne seront pas diminuées,

      ??? qui a prétendu le contraire? La question n'est pas là!
      C'est justement parce que cette journée est lourde qu'il faut l'aménagée en récupérant du temps "propice" aux apprentissages et mettre de la cohérence entre les temps "éducatifs".

      - une journée supplémentaire se rajoutera durant laquelle les apprentissages s’organiseront pour les élèves dans les mêmes conditions : ...

      ??? donc? 
      La demi journée supplémentaire dédiée aux apprentissages induit un changement des pratiques, ne serait-ce qu'à travers nos "programmations".

      ces nouveaux aménagements du temps scolaire et la répartition des locaux municipaux  accentueront les inégalités territoriales…

      ??? pour le moment, cette réforme fait plutôt prendre conscience aux municipalités qui n'ont pas de politique éducative, l'importance d'en définir une! 
      Donc de réduire les inégalités.

      l’obstination à vouloir maintenir en l’état le décret sur les rythmes scolaires, le pilotage à vue de leur mise en place, le passage en force du décret un samedi matin traduisent une volonté politique de tenir une promesse électorale du candidat Hollande envers et contre tout bon sens.
      ??? Là, il y a surdose de mauvaise foi!
      Les discussions pour revenir à 5 jours ont duré 5 ans! de commissions d'enquête en rapports, de collectifs en assises, tous préconisaient avec insistance un retour à 5J/semaine.

      pouvoir souffler et retrouver des conditions de travail apaisantes et apaisées pour tous. Cet apaisement passe aujourd’hui par l'abrogation du décret sur les rythmes scolaires.


      ??? ah bon? c'est aussi simple que ça! 
      ...Et tout le reste est à l'avenant.

      Les enseignants pas consultés?
      D'abord nous sommes représentés par 10 organisations syndicales, un record mondial et, de plus, le décret stipule clairement que la nouvelle organisation est proposée en CE (conseil d'école). 
      Ce qui implique d'abord une préparation en CM (conseil des maîtres) avec, dans les 2 cas, des PV. Donc un moyen efficace de donner son avis de professionnel.

      Au lieu de cela "on" nous a proposé des grèves fourre-tout où personne n'a rien compris.

      Un chose est certaine, les difficultés viennent d'un changement de nos pratiques: il faut se parler entre acteurs du système. Se parler et trouver un terrain d'entente pour le mieux de nos élèves.
      Et ça, tu nous en donnes une belle illustration, c'est pas gagné!



    • Viviane Micaud, le 23/01/2014 à 11:42
      L'argument sur les inégalités territoriales me rappellent les excès de l'égalitarisme en Chine populaire. Quand il y avait deux blessés et un seul brancard, la consigne était de laisser mourir les deux blessés pour ne pas créer d'inégalité.
      Actuellement, le système éducatif est profondément inégalitaire. Cependant, ajouter une demi-journée aux plus en difficultés pour apprendre les fondamentaux, justifie la réforme. Par ailleurs, la concertation qu'elle oblige force à une amélioration globale de la journée de l'enfant. 
      Tous les enfants auront plus qu'actuellement. Le fait que le plus sera différent en fonction de la qualité de la concertation sur place et d'autres éléments de contexte, n'a strictement aucune importance. 
      Nous agirons pour améliorer l'offre en nous basant sur le vrai critère, la réussite des enfants. (qui n'aura rien à voir avec la quantité et le coût des activités extrascolaires)
    • Viviane Micaud, le 23/01/2014 à 09:03
      Pour les enfants, qui sont dans la rue ou devant la console de jeux, la possibilité de rester un jour de plus en milieu scolaire est bénéfique, toutes les études internationales le montrent.
      Il faudra tout de même faire un grand effort sur les locaux, pour que les enfants aient vraiment des lieux pour leur détente, tant ceux qui ont envie de lire ou de rien faire, tant ceux qui ont envie de faire des activités créatives, tant ceux qui  veulent faire du sport. 
      Ce qui justifie la réforme de la semaine 4,5 jours est que les enfants les plus en difficultés avec les apprentissages ont une attention maximale de 5 heures par jour. En rajoutant une matinée, on rajoute 22% de temps pour l'apprentissage pour les fondamentaux en plus, ce qui est l'équivalent d'un an sur le primaire. 
      Il y a des contraintes pour les enseignants et je conçois leur inquiétude pour les changements qui leur sont imposés et leur demande de compensation. D'autant que la remise à plat des programmes infaisable qui leur semble plus urgente n'arrivera qu'en 2015. L'intérêt des enfants doit prévaloir.
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