L'éducation prioritaire, ou pas ? 

Comment justifier qu'on enlève des moyens à des collèges en réseaux d'éducation prioritaire pour les donner à des établissements ayant un recrutement social très privilégié ? C'est l'exercice ingrat que le Dasen des Hauts-de-Seine doit faire quelques jours seulement après le lancement du plan Peillon pour l'éducation prioritaire à propos du collège Manet de Villeneuve-la-Garenne...

 

F Hollande et V Peillon au collège Manet en 2012Depuis le 20 janvier , le collège Manet de Villeneuve la Garenne (92) est en grève pour le maintien de sa dotation horaire. L'assemblée générale des enseignants de l'établissement a voté la prolongation de la grève mardi 21 janvier. Le collège voisin Pompidou a décidé de suivre le mouvement pour la même raison. Alors que le collège est en RRS et en zone violence, le projet de dotation horaire pour la rentrée annonce une perte de 56 heures, soit trois postes d'enseignants, alors que les effectifs élèves sont stables.

 

Les enseignants du collège mettent en avant la visite que le candidat F Hollande et le futur ministre V Peillon ont fait dans le collège en mars 2012, promettant leur soutien alors que le collège perdait 33 heures. Ils "constatent le décalage entre le discours sur l'éducation prioritaire et la politique que subit le collège". C'est que le 16 janvier, en présentant son plan en faveur de l'éducation prioritaire, Vincent Peillon a eu des propos sans ambiguïté : "le système éducatif donne plus de moyens à ceux qui sont bien pourvus et pas assez à ceux qui sont dans la difficulté sociale ou scolaire. C'est sa question centrale". Le ministre manifestait aussi sa volonté de transférer 300 à 400 millions vers les établissements populaires.

 

Comment en est-on arrivé là ? Philippe Wuillamier, Dasen du 92, explique comment il en est arrivé à cette proposition de DGH. "Nous accordons aux établissements prioritaires des moyens nettement supérieurs à la moyenne nationale", nous a dit P. Wuillamier. "Mais il y a dans le département une forte croissance démographique. Elle se porte sur les établissements non prioritaires. Jusque là on a pu y faire face en augmentant le nombre d'élèves par classe. A la rentrée on va franchir des seuils administratifs. Il va donc falloir créer des postes dans ces collèges. On n'est pas dans une annonce de moyens supplémentaires".

 

Prioritaire ou pas ? P Wuillamier promet de régler au mieux le cas du collège Manet. Une réunion est prévue jeudi sur l'affectation des moyens. Pour les acteurs d el'Ecole, le cas du collège Manet risque de devenir exemplaire. Il illustre les contradictions du système éducatif. Alors que la priorité budgétaire de l'Education nationale est en train de s'effacer et qu'il faut travailler à moyens constants, comment avoir une politique en faveur de l'éducation prioritaire sans prélever des moyens sur les secteurs privilégiés ? Il n'aura fallu que 4 jours pour mettre le ministre face à un choix politique.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mardi 21 janvier 2014.

Commentaires

  • maria1958, le 21/01/2014 à 08:26
    Constat: il y a une montée démographique en collège ( il y en aura bientôt une en lycée).

    Dans ces conditions, travailler "à moyens constants" implique soit de sabrer l'Education prioritaire - ce qui fait désordre quand le ministre déclare que "aucun réseau ne perdra" à sa réforme.
    Soit de préserver plus ou moins l'Education prioritaire en faisant payer l'austérité aux élèves hors Education prioritaire - déjà traités comme des sardines et en outre souvent privés d'une partie des heures qui leur sont dues, ce qui fait désordre quand on nous parle d'"école bienveillante".

    Autre scénario: puisqu'il y a montée démographique,  la dépense éducative de l'Etat doit augmenter à proportion, pour que le traitement des élèves ne se dégrade pas. 

    Tant qu'on n'envisage que le scenario "à moyens constants", ça ne peut que coincer (quelles que soient les contorsions et choix locaux).  Et ce sont nécessairement les élèves qui trinquent.

    • Franck059, le 21/01/2014 à 13:30
      Entièrement d'accord, cela a le mérite d'être clair, pas comme les dicours et effets d'annonce de nos soi-disant "élites".
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