La Diversité face à la discrimination 

Si la revue Diversité voulait montrer qu'elle est un lieu de débat elle a réussi. Elle fêtait le 18 décembre ses 40 années. Presque un demi siècle pour passer d'un bulletin de liaison de formateurs à une revue qui est passée de l'analyse territoriale à la sociologie de l'intégration. Pour l'événement, la revue avait invité trois experts, G Felouzis, F Lorcerie et P Picard pour échanger sur l'intégration et confronté des points de vue qui se sont avérés assez différents. Le défi que pose l'intégration à l'école française fait encore débat.

 

Sociologue, professeur à Genève, Georges Felouzis a soulevé le premier le tabou de la discrimination ethnique dans l''école française dans un travail sur les collèges bordelais publié il y a presque 10 ans. Il avait mis en évidence la concentration des jeunes d'origine immigrée sur quelques établissements. Il se rappelle que la revue Diversité était une des rares à accueillir ses articles (avec le Café pédagogique qui avait rendu compte de son travail). "A l'époque on expliquait cette situation avec la théorie de discontinuité culturelle de Lahire", rappelle G Felouzis. "Or quand on atteint cette échelle ce n'est plus possible". D'où la réflexion sur la discrimination qui souleva un véritable tabou.

 

Patrick Picard (IFé) reste dans la notion d'échelle pour demander qu'on se focalise au plus près du terrain. Pour lui ce n'est pas tant un phénomène global que les difficultés précises des jeunes avec le travail scolaire qu'il faut étudier. "Il faut mieux connaitre la nature des difficultés des élèves ", avant de tirer des conclusions.

 

Françoise Lorcerie remarque que le système se garde bien par exemple de diffuser les pratiques pédagogiques qui répondent aux difficultés d'intégration scolaire. Elle donne en exemple l'étude de Yves Reuter sur les écoles Freinet de Mons. Les bons résultats de ces écoles ne sont pas utilisés par l'institution scolaire.

 

Pour G Felouzis, la taille même des inégalités scolaires, comme Pisa le montre, ne peut pas relever que de la pédagogie. Il convoque les travaux d'Agnès Van Zanten  sur les collèges "de la périphérie" pour montrer que la situation matérielle qui est faite à ces collèges, avec des moyens réduits et une forte concentration d'élèves en difficulté , crée en soi l'inégalité scolaire. Il y a donc bien pour lui discrimination par le système. Ce que réfute bruyamment une partie de la salle.

 

Présidente de l'ACSE, Naïma Charaï conclue l'échange. Elle évoque les 150 000 sorties sans diplome et les 400 000 orientation subies au sein de l'école. Pour elle on ne peut pas expliquer le taux d'exclusion du système éducatif uniquement par la crise économique. Il faut évoquer la discrimination. POur y faire face la politique de la Ville ne suffit pas. Il faut que l'Ecole aide. Un rappel d'autant plus urgent que l'intégration fait débat au Parlement et que le gouvernement annoncera une nouvelle politique début janvier.

 

Le dernier numéro de Diversité aborde ce débat avec notamment un article de F Dhume sur l'événement raciste, de JY Dutercq sur le vivre ensemble à l'école.

 

François Jarraud

 

Le site de la revue

G Felouzis, rendre plus attractifs els établissements (Café en 2004)

 

 

Par fjarraud , le jeudi 19 décembre 2013.

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