L'évaluation des enseignants vue de l'OCDE 

Comment évaluer les enseignants ? En France, la réponse apportée par Luc Chatel à cette question a sans doute coûté bien des voix d'enseignants à son parti. Au Chili, l'OCDE a une solution longuement exposée dans un document réalisé pour le système éducatif chilien et qui illustre l'internationalisation des pressions sur le métier.

 

Dans ce pays où le régime du général Pinochet a largement privatisé l'éducation, le gouvernement a mis en place un système d'évaluation de la performance des enseignants depuis 2003. L'OCDE propose des "améliorations" qui repose sur des principes assez simples. Pour que les enseignants fassent l'effort de s'améliorer il faut hiérarchiser le corps en créant des catégories de professeurs supérieurs. L'OCDE suggère aussi de faire repasser régulièrement aux enseignants leur certificat d'enseignement. Il faut aussi renforcer l'observation en classe des enseignants. Elle pourrait être confiée aux professeurs supérieurs et au chef d'établissement dont les pouvoirs seraient renforcés.

 

On aurait bien tort de croire que l'OCDE est seule à porter ces idées. Leurs prémisses sont devenus banals en France aussi. C'est l'idée que l'enseignant est la variable majeure de la réussite des élèves. D'où l'idée de renforcer leur évaluation. Il est clair que les enseignants jouent un rôle important dans la réussite des élèves. Mais il est bien difficile d'évaluer l'impact d'un seul enseignant au milieu d'une équipe. C'est aussi l'idée qu'il faut évaluer l'efficacité à partir d'indicateurs simples comme la réussite des élèves.

 

Dans quelques semaines, l'OCDE publiera les résultats de la grande enquête PISA portant sur les compétences des élèves âgés de 15 ans. Face à des résultats sans doute mauvais les politiques devront apporter des réponses pour satisfaire l'opinion publique.

 

F. Jarraud

 

Le rapport


Par fjarraud , le jeudi 14 novembre 2013.

Commentaires

  • maria1958, le 14/11/2013 à 10:07
    Ce qui est amusant (si l'on peut dire…) quand on lit les rapports OCDE, c'est d'y reconnaitre, sous le jargon inimitable, des tartes à la crème qu'on nous sert avec insistance et - hélas - une grande continuité en France aussi: 

    - transférer de plus en plus de compétences éducatives de l'Etat aux collectivités locales ( au risque de faire éclater tout cadre national et de creuser les inégalités territoriales, ce que le rapport reconnaît bien pour le Chili….)

    - instaurer des chefaillons locaux, "school leaders", directeurs dotés de fonctions hiérarchiques, etc (au risque de faire exploser les collectifs professionnels pourtant si précieux dans les écoles et les établissements….)

    - mettre sous pression évaluative permanente les individus-profs, en les transformant en exécutants de "bonnes pratiques" édictées par des "experts" (ce qui dispense de revaloriser leur salaire: un exécutant, ça se paie au SMIC….)

    Bref les joies de la gestion manageriale, de la concurrence entre établissements, entre territoires, entre personnels… dont on connaît déjà trop bien les effets (souffrance au travail, explosion des inégalités, développement galopant du privé, abandon des "canards boiteux", bachotage pour "réussir" les évaluations, temps englouti dans du cochage de cases, etc etc ad nauseam).

    Il serait temps de rompre avec des dogmes aussi éculés et de défendre d'autres principes, à la fois plus républicains et plus efficaces - par exemple un même droit à l'éducation partout et une même ambition pour tous les élèves, des collectifs professionnels respectés, revalorisés et dotés du temps nécessaire pour travailler en équipe….


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