L'affaire Leonarda est un puissant révélateur des maladies de notre société mais aussi de la bonne santé relative de l'Ecole.
C'est au nom des valeurs de la République que François Hollande a rendu son curieux verdict sur le sort de Leonarda. Sur ce terrain là, les vrais modèles auront été les enseignants de Pontarlier et singulièrement la professeure d'histoire-géo de Leonarda. Elle aura donné une magistrale leçon de civisme à ses élèves d'abord en refusant d'exécuter un ordre stupide, puis en ayant accepté la loi tout en faisant passer la dignité de la personne avant la loi. Et ses collègues auront accueilli durant 4 ans Léonarda sans se demander si elle était en règle ou à sa place dans ce collège. Respectueux de l'éthique républicaine, ils ont pris Leonarda comme elle était pour lui transmettre des connaissances et sans doute pas mal d'affection.
Et c'est bien cela qui nous heurte maintenant : ces simples fonctionnaires auront eu plus d'âme que le président de la République. Personne ne peut reprocher à F Hollande la logique de sa décision. Mais, dans un pays qui se plie d'angoisse sur lui-même, le président de la République a pris une décision qui le renvoie à ses peurs. Ca ne va pas le rassurer.
Au même moment son premier ministre et son ministre de l'éducation nationale tentent courageusement de faire le pont entre Ecole et monde économique et d'insuffler de l'avenir dans les yeux des jeunes. Mais comment à la fois leur parler d'avenir et en même temps craindre une fillette Rom ? Qui aura le courage de dire aux Français que l'Europe va devoir importer des dizaines de millions de non européens à court terme pour remplacer sa main d'oeuvre vieillissante ? Comment va-t-on faire si on vit à ce point dans la peur de l'autre ?
Les politiques, eux , vivent dans la peur du sondage. Or, la presse s'esclaffe sur le faible taux de satisfaction de F Hollande. Il est plus bas que celui de Sarkozy. Qui lui même avait dégringolé par rapport à Chirac. Mais la vérité c'est que depuis 10 ans le taux de satisfaction décline de président en président peu importe qu'il soit de gauche ou de droite. A chaque fois on atterrit plus bas.
Finalement le discours sur les valeurs est venu de la famille de Leonarda. La presse raconte en détail le parcours du père de Leonarda pour s'exclamer sur ses faux pas. Pourtant l'acharnement mis par ces parents, plus tout jeunes, à tenter d'arracher un avenir pour leurs enfants est-il si ordinaire ? Beaumarchais est décidément lui aussi bien oublié. " Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... Tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs, pour subsister seulement, qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes".
François jarraud