Avec le CNEE, le mariage de raison entre l'éducation nationale et les entreprises 

Jean-Marc Ayrault et Vincent Peillon installent le 18 octobre le Conseil national éducation économie. Composé à parité de représentants des entreprises et des salariés, le CNEE aura pour but de moderniser l'enseignement professionnel et d'imaginer le parcours des métiers , un dispositif nouveau qui sera mis en place de la 6ème à la terminale. Un gouvernement de gauche juge la participation des entreprises à la formation des jeunes indispensable et valorise l'initiation à l'esprit d'entreprise. Pour la gauche et ses électeurs enseignants, c'est un vrai saut idéologique.

 

La composition

 

Le Conseil national éducation économie est composé de 27 membres. Autour du président du CNEE, Jean-Cyril Spinetta, ancien PDG d'Air France, se trouvent 5 grands chefs d'entreprise et 5 représentants des organisations d'employeurs, dont Pierre Gattaz, président du Medef et Jean-François Roubaud de la CGPME. Le Conseil compte également 10 représentants des salariés : 5 des grandes confédérations (Cfdt, Cftc, Cgc, Cgt et Fo) et 5 des syndicats enseignants (Snes, Sgen, Se-Unsa, Cgt et Snalc). La Fsu est peu représentée, Sud est absent. Le Snalc est par contre présent. Enfin s'ajoutent 4 représentants des 4 ministères, dont le patron de la Dgesco et 2 présidents de conseils régionaux, F Bonneau et J Auxiette.

 

Des arguments

 

Les arguments ne manquent pas pour l'installation du Conseil national éducation économie (CNEE). Pour le gouvernement il s'agit de favoriser "le redressement économique et social du pays". Le CNEE doit devenir un lieu de dialogue où se discute l'avenir des formations professionnelles et leur adaptation. " En mettant autour d’une même table des chefs d’entreprise, des représentants des salariés et des employeurs, des administrateurs de l’éducation, de la recherche, de l’industrie et de l’emploi, des représentants des enseignants, des représentants des régions, nous nous donnons les moyens de réfléchir en commun à des sujets qui engagent l’intérêt supérieur de la France, d’avoir une vision prospective partagée de la contribution de l’éducation aux enjeux économiques et des moyens de favoriser l’insertion professionnelle de nos jeunes", dit-on rue de Grenelle. Le ministère souligne que l'intérêt général se marie bien avec l'intérêt personnel des jeunes et avec celui des entreprises qui ont besoin d'une main d'oeuvre formée. " Il est essentiel de mieux anticiper l’émergence de nouveaux métiers, de rénover en profondeur les compétences attendues dans de nombreuses branches marquées par des évolutions technologiques rapides et de mieux prendre en compte les exigences environnementales dans chacune des filières de formation", estime-t-on au ministère.

 

Le plan de travail

 

Le CNEE aura aussi pour but de définir le parcours d'information, d'orientation et de découverte des métiers que la loi d'orientation a créé de la 6ème à la terminale. Le parcours doit permettre aux élèves d'acquérir des compétences pour s'orienter , d'acquérir une culture professionnelle et de développer l'esprit d'entreprendre. Enfin le CNEE travaillera à la modernisation des formations personnelles. Il pourra recommander telle ou telle ouverture de formation.

 

Le plan de travail du CNEE est ambitieux. Le ministre lui demande de préparer "l’adaptation des diplômes professionnels aux mutations économiques et technologiques". Il devra également  préparer "l’évolution territoriale de l’offre de formation". Le CNEE devra aussi améliorer " l’orientation et l’insertion professionnelle des jeunes" et les sensibiliser aux différentes formes d’entrepreneuriat. Le ministère attend aussi du CNEE qu'il aide à augmenter l'offre de stages pour les élèves.

 

Une véritable ouverture ?

 

Le CNEE ne se réunira que 2 ou 3 fois par an. On ignore s'il se dotera d'un secrétariat et de chargés de mission capables de lui donner une action durable. Purement consultatif, il soulève un tabou dans le système éducatif.  Car l'essentiel des relations école entreprises passe ailleurs. C'ets le cas par exemple des comités qui valident les formations professionnelles et veillent à leur modernisation. La création d'un conseil de très haut niveau est un geste symbolique fort. Mais il ne changera rien de concret sur le terrain éducatif où le monde de l'entreprise reste peu présent.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 18 octobre 2013.

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