Vincent Peillon, les Européennes et sa possible démission 

La petite phrase de Vincent Peillon dimanche 13 octobre a éveillé l'attention. Depuis le bruit d'une éventuelle démission du ministre  court la ville. Le ministre phare de la refondation va-t-il démissionner ? La crise actuelle est-elle sans autre issue ?

 

"Allez vous démissionner ? On verra cela au moment de la campagne". En annonçant son intention de faire campagne aux européennes dans le sud-est, Vincent Peillon a posé la question de son maintien au ministère et d'une éventuelle démission durant la campagne. Depuis le mot démission le poursuit. Encore le 16 octobre, Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale s'écrie dans l'hémicycle : " Votre majorité est en perdition, à l’image de plusieurs de vos ministres, comme M. Peillon, qui cherche un parachute doré au Parlement européen parce qu’il sait que sa réforme des rythmes scolaires ne résistera pas aux élections municipales".  Vincent Peillon va-t-il démissionner ?

 

La déclaration de V Peillon nous rappelle que le professeur de philosophie est aussi un homme politique. Le ministre est déjà député européen et c'est, comme pour les députés nationaux, son suppléant qui occupe son siège à Bruxelles tant qu'il est rue de Grenelle. On comprend que le ministre, qui sait que la durée moyenne d'un ministère est de deux ans, tienne à garder cette fonction. Et pour cela il faudra bien faire campagne ce printemps.

 

Mais si le bruit de la démission marche si fort c'est que bien des signaux montrent que ce ministère est épuisé. On l'entend faire des déclarations pessimistes sur Pisa 2012. Depuis la rentrée, on voit le ministre courir dans toute la France pour tenter de convaincre de la justesse de la réforme des rythmes. Cette semaine, on voit la rue de Grenelle imaginer la signature du Pacte de la réussite éducative en invitant tous les partenaires... sauf les organisations enseignantes, comme si le fossé était infranchissable avec elles. Tout cela, avec le bruit médiatique autour de la question des rythmes peut donner l'image d'un ministre aux abois et d'un président pressé de s'en débarrasser. Tout le monde a en tête le scénario de 2000 avec le départ de C Allègre et la nomination d'un ministre chargé de ne plus rien faire...

 

Il faut aussi écouter les signaux contraires. V Peillon a marqué son intérêt pour continuer sa tâche au delà des élections. Il y a ses propos à BFM. Il y a aussi ceux du 16 à l'Assemblée où il répond en termes vigoureux à C. Jacob. "Je vous le dis très nettement, monsieur Jacob, vous qui employez le vocabulaire de ceux qui n’aiment ni la démocratie ni la République ! Je suis pleinement engagé aux côtés de M. le Premier ministre ! Nous conduirons jusqu’au bout la refonte de l’école et réparerons ce que vous avez abîmé dans la réalité et dans les esprits !" Matignon et l'Elysée semblent acquis à l'idée que la question des rythmes va finir pas s'apaiser et se régler. Et ils font les gestes financiers en ce sens. Le ministre ne semble pas abandonné.

 

Au final, cet épisode permet à chacun de mesurer l'opportunité de la refondation pour l'Ecole. Il reste maintenant à trouver les mots et les gestes pour panser les blessures et ne pas laisser les aigreurs l'emporter.

 

F Jarraud

 

Par fjarraud , le jeudi 17 octobre 2013.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 17/10/2013 à 12:07
    Ce serait une erreur d'abandonner, maintenant que les fondamentaux pour réussir la réforme sont en place.
    Les rythmes scolaires étaient la réforme la plus difficile à réussir, car elle à la destination de la réussite des sans voix et elle change les habitudes de nombreux adultes : parents, enseignants, animateur.
    Oui, la réforme de la semaine de 4,5 jours va influencer les élections mais dans le bon sens. Les gagnants seront les maires qui sauront le mieux prendre en compte les vrais attentes des parents-électeurs (qui n'est pas maximiser le nombre d'activités extrascolaires), et qui sauronttmettre en place un vrai dialogue avec tous les partenaires : les enseignants qui souhaitent avec les moyens de faire leur travail dans de bonne condition, les animateurs qui veulent être reconnus et qui ont des contraintes personnelles, les parents qui veulent une bonne prise en charge de la journée de leurs enfants.
    Aujourd'hui, Peillon a le bon diagnostic sur toute la partie sur les problèmes de l'école jusqu'à la fin du collège. Il a mis en place les bons outils pour régler tous les problèmes. Pour la première fois depuis 20 ans, un ministre a su se poser les bonnes questions. 
  • LionelJeanjeau, le 17/10/2013 à 09:43
    "sauf les organisations enseignantes, comme si le fossé était infranchissable avec elles".

    Tout ministre qui fait quelque chose, quoi que ce soit, même d'insignifiant, se voit reprocher d'avoir creusé le fossé avec les syndicats. Je rappellerai ici que cette assertion n'est vraie que pour certains syndicats, par pour tous. Par ailleurs, combien de temps encore acceptera-t-on que ce soient les organisations syndicales qui décident de la politique éducative de ce pays ? Lorsque je vote pour une politique, j'attends que ce soient les politiques qui la conduisent, pas les fonctionnaires. Lorsque je veux être efficacement défendu dans mon statut de fonctionnaire, c'est aux syndicats que je m'adresse, pas aux politiques.
    Le mélange des genres que sous-tend votre remarque, et qui dure depuis bien trop d'années, est proprement inadmissible, et me semble être LA cause de l' "irréformabilité" du système.

    Quant à votre dernière phrase, je ne la comprend tout simplement pas. Au regard des engagements pris par le gouvernement, il me semble évident qu'un départ de Peillon ne serait pas un drame ... pour peu qu'il soit remplacé par un ministre qui continue son travail. Comment peut-on penser une seule seconde que la refondation n'a pas de raison d'être ? L'abandonner, ce serait avaliser ce que les pouvoirs précédents on fait, ou plutôt défait. Une catastrophe pour nous tous.
  • heurtebise, le 17/10/2013 à 06:26
    à propos d'opportunisme, réjouissons nous de voir que, malgré le rendez-vous manqué avec l'éducation, la carrière de Peillon se poursuivra après son passage au ministère de l'éducation... C'est quand les européennes?
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