Des inspecteurs bienveillants, tout de suite ?  

Réuni le 1er octobre à Paris pour son congrès national, le SIEN Unsa, principal syndicat des inspecteurs du primaire, veut incarner une nouvelle inspection. Pour Patrick Roumagnac, réélu secrétaire général du syndicat, il faut construire une relation de confiance avec les enseignants. Mais voilà , spontanément la machine Education  nationale fonctionne autrement. Changer son logiciel est un vrai projet...

 

Comment évaluer les enseignants ?

 

"Il faut passer de l'encadrement qui est là pour contrôler à un encadrement qui aide et accompagne", affirme Patrick Roumagnac.  "Il faut construire une autre relation aux enseignants faite de respect et de confiance. On en a besoin pour faire évoluer l'école". Le Sien ne fait plus du corps unique d'inspecteurs son objectif principal. Totalement mobilisé pour la refondation de l'Ecole, il veut jouer sa part en retricotant du relationnel entre inspecteurs et enseignants.

 

C'est aussi une façon de reconnaître que la situation s'est beaucoup détériorée ces 10 dernières années. Les IEN sont devenus les auxiliaires d'une politique de pilotage par les résultats. "Evidemment il faut garder les résultats", dit P Roumagnac. "Mais prétendre piloter la base avec des tableaux Excel n'est plus possible. C'est détestable... On est dans un système qui a instillé le doute à la place de la confiance. Il faut construire un système basé sur la confiance. On fera évoluer ainsi la société à travers l'école. Il faut donc également changer l'évaluation des enseignants. "Evaluer ce n'est pas un pouvoir", assure P Roumagnac, "mais un service.  Il faut impliquer les enseignants dans leur évaluation et resituer l'action de l'enseignant dans une équipe. On évalue le travail réalisé qui n'est jamais totalement celui d'une personne".

 

De la confiance à la parité

 

Reste que l'habitude est prise et qu'on ne peut l'abandonner rapidement. P Roumagnac cite les contrats de résultats mis en place dans l'académie de Lille comme un exemple de pratique néfaste. Autre exemple M@gistère, le dispositif d'enseignement à distance qui est proposé aux enseignants du primaire. P Roumagnac déplore que l' on puisse vérifier l'usage qui en est fait par chaque enseignant et voir le temps passé. "Ce qui est important c'est de savoir si l'enseignant y a trouvé son compte et non de savoir combien de temps il y a passé".

 

Le Sien souhaite donc également une évolution des rapports entre les inspecteurs et les Dasen. Luc Chatel avait en créant les Dasen, éloigné les inspecteurs des recteurs. Le Sien revendique plus de collégialité dans les relations avec les recteurs. Il veut aussi que les IEN soient traités à parité égale avec les IPR dans l'accès aux postes de Dasen ou de délégué au numérique (DAN) par exemple. .

 

Faire réussir la refondation

 

Pour le moment les IEN sont mobilisés par les réunions prévues dans le cadre de la refondation. La réforme des rythmes est "complexe" mais "d'un grand intérêt" même si elle met en évidence les inégalités territoriales. Les réunions de concertation sur les programmes et l'éducation prioritaire obligent à diminuer les heures de classe , "ce qui n'est pas souhaitable" ou à organiser des réunions reposant sur le bon vouloir de enseignants. Le Sien estime que le numérique permettrait d'éviter ces eux maux. Son principal souci est la réussite de la réforme. "Les gens qui déstabilisent le système éducatif n'ont rien à voir les uns avec les autres", affirme P Roumagnac, faisant allusion à l'UMP et à la Fsu. "Mais si la réforme échoue on risque de se retrouver avec des extrémistes". C'est la refondation ou l'extrême droite.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le mercredi 02 octobre 2013.

Commentaires

  • heurtebise, le 02/10/2013 à 10:17
    Les "gens qui déstabilisent le système éducatif"... Ce monsieur oublie peut-être que ce sont les inspecteurs de circonscription qui ont et qui continuent de devancer les demandes institutionnelles sans se soucier des conséquences pour les élèves et de l'avis des enseignants sur le terrain, les DASEN nommés par la Sarkozy toujours en poste et les différents ministères depuis le livre blanc sur l'éducation et le mouvement de 2003 contre l'AGCS qui ont déstabilisé et continuent de le faire le système éducatif. Prétendre que la pseudo-réforme, dernier gadget sans fondations, serait le dernier rempart aux idéologies extrémistes (auxquelles la FSU est associée, ses encartés, pour beaucoup électeurs de ce gouvernement, apprécieront), relève d'un aveuglement et d'une malhonnêteté dans la continuité des ministères précédents. La profession ne laissera pas dire, alors qu'elle s'est mobilisée jusqu'à épuisement depuis tant d'années pour dénoncer la casse de l'éducation, qu'elle porte la responsabilité de l'incompétence de sa hiérarchie.
  • Nimier, le 02/10/2013 à 08:35
    <<"Il faut passer de l'encadrement qui est là pour contrôler à un encadrement qui aide et accompagne",>> C'est toute la difficulté. Cela demande de bien distinguer les deux fonctions d' évaluation et de conseil, ce qui n'est pas facile. Voir les raisons de cette difficulté ici: "Conseil et/ou évaluation?"
    http://www.pedagopsy.eu/conseil_evaluation.htm 
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