C'est une situation catastrophique qu'a présenté le 30 septembre le Snuipp parisien suite à l'application de la réforme des rythmes scolaires. Cet état des lieux, exploité par la candidate UMP à la mairie, est contesté par la Ville. Le Snuipp 75, avec ses partenaires syndicaux, décidera le 8 octobre des actions à mener.
Au terme d'une enquête menée dans plus de 600 écoles, Jérôme Lambert, secrétaire général du Snuipp 75, a dressé un tableau effrayant de la situation dans les écoles suite au choix de la municipalité de passer dès cette rentrée aux nouveaux rythmes. " L’état de fatigue des élèves est particulièrement criant, que ce soit en maternelle comme en élémentaire", écrit le Snuipp 75. "Cette fatigue s’accompagne d’un changement de comportement, conséquence d’un manque de repères dans les règles à respecter et de la multiplication des adultes intervenants : les élèves sont difficiles à « cadrer », ils n’ont toujours pas la posture d’écolier". Le syndicat évoque une tension qui continue jusque lors de la récréation. "On se croirait en janvier ou février".
La situation n'est pas meilleure chez les adultes. " Le ras-le bol le plus significatif des enseignants est le sentiment d’avoir été dépossédés de leurs missions d’enseignement et de leur outil de travail (classe et matériel pédagogique mais également portes de l’école et préau qui sont devenus prioritairement des moyens d’affichage des ARE). Les relations entre animateurs, ATSEM et enseignants, malgré la bonne volonté de tous, sont tendues". L'occupation des classes est un vrai problème pour les enseignants. Mais il y a aussi les toilettes des enseignants visitées par deux fois plus d'adultes ce qui pose un problème d'hygiène, précise le Snuipp 75. Le Snuipp 75 rencontrera le 8 octobre Fo, Sud, la Cnt et la CGT pour décider des actions à mener. Il demande la réécriture du décret et envisage d'exiger la suspension de la décision municipale.
Dans un communiqué, la mairie répond aux déclarations de la candidate UMP et d'une certaine façon au Snuipp 75. "Concernant la fatigue des enfants, c’est bien pour lutter contre la trop grande concentration du temps d’école, et permettre aux enfants d’apprendre dans les meilleures conditions que cette réforme a été mise en œuvre et la classe organisée sur 4 jours et demi. En effet, tous les médecins, chronobiologistes et spécialistes de l'éducation convergent pour dire que la semaine de quatre jours était défavorable aux apprentissages, et c’est sur ces avis scientifiques que la réforme, nationalement, s’est fondée", explique la mairie. Elle souligne que " la Ville de Paris a rigoureusement sélectionné les offres associatives, pour beaucoup déjà bien connues de la Ville. Le choix des associations a été entériné par un vote au Conseil de Paris de juillet, dans la transparence la plus totale, et sur des critères très clairs : qualité du projet pédagogique, qualité de l’encadrement, caractère novateur des projets. L’UMP n’a pas voté contre". Enfin elle promet de suivre la mise en place des rythmes et de faire des ajustements réguliers". Dans ce contexte, le Se Unsa national invite à la concertation. "De toute évidence des réglages doivent encore être opérés... Il est temps de dépasser les oppositions pour passer à la coproduction... Là où la concertation a joué à plein les nouveaux rythmes se mettent en oeuvre dans la sérénité". Une denrée rare à Paris.
F Jarraud