George Pau-Langevin tente la révolution de la vie lycéenne. Un pari osé ? 

En lançant, du 30 septembre au 18 octobre, les "semaines de l'engagement lycéen", George Pau-Langevin tente une véritable révolution morale dans les établissements. S'appuyant sur le rapport de la députée Anne-Lise Dufour Tonini, la ministre invite tous les lycées à organiser un cours de deux heures sur les droits lycéens début octobre. Elle entend ainsi donner le souffle à une "vie lycéenne" en état de mort cérébrale et ressusciter des instances largement fictives. Mais l'éducation nationale est-elle réellement prête à jouer le jeu ?

 

En apparence, la vie lycéenne permet la découverte de la vie associative et de la démocratie représentative par les lycéens. Une série de textes officiels ont institué un Conseil de la vie lycéenne élu dans les établissements avec ses répondants aux niveaux académique et national. Ce conseil a des droits. Une Maison des lycéens permet aux lycéens de découvrir la vie associative. Les deux instances développent l'esprit d'appartenance à l'établissement.

 

Un rapport incisif

 

La réalité est toute autre, nous dit le rapport de la député Anne-Lise Dufour Tonini, publié le 26 septembre. Selon elle, " la parole des lycéens interpelle, dérange également, les professionnels du lycée, équipes de direction et enseignants". Le rapport montre que " les élections (au CVL) sont encore loin de constituer un véritable outil d’éducation à la démocratie représentative. Des marges de progrès existent pour faire émerger des candidatures, tendre vers la parité comme dans les scrutins locaux et nationaux, établir des professions de foi, organiser le scrutin conformément à une élection démocratique". Le vote est souvent purement formel , organisé sans véritable campagne électorale, sur la seule popularité personnelle de l'élève. Les compétences des CVL sont "peu respectées" en général. " Les obstacles sont encore plus forts quand le conseil aborde les questions qui touchent au domaine pédagogique", estime la députée. En effet, " les professionnels sont aussi dans cette même crainte de se voir interpeller sur leurs pratiques et approches". Les réunions des CVL sont "aléatoires" et leurs élus sont peu considérés. Quant aux Maisons des lycéen, obligatoires depuis 2010, seule la moitié des établissements s'en sont dotés. Ils craignent la nature associative de ces Maisons. " Le blocage des adultes et la méfiance installée constituent des freins à toute évolution et à toute introduction d’une vie associative au sein des lycées", estime AL Dufour-Tonini. Pour autant inutile de créer de nouvelles institutions. Elle estime qu'il suffit de faire appliquer les textes existants.

 

Deux semaines pour la vie lycéenne

 

C'est justement ce que tente la ministre avec "L'Acte II de la vie lycéenne". Du 30 septembre au 18 octobre, les lycées doivent obligatoirement organiser deux heures de cours sur la vie lycéenne et le CVL. Toutes les classes devront en bénéficier. Pour assurer ces cours, dans la mesure où la grande majorité des enseignants ignore les textes réglementaires largement inappliqués, le ministère a réalisé un kit pédagogique qui propose carrément des séquences clés en main et un dossier documentaire. Le ministère diffuse également un tract à destination des élèves qui les invite à préparer les élections et à mettre en place de nouvelles actions.

 

Les limites du programme

 

Très audacieuse, l'action de G Pau-Langevin veut vraiment réveiller une vie lycéenne endormie. En est-elle capable ? Toute l'histoire de la vie lycéenne montre comment les établissements sont efficaces pour récupérer et étouffer dans l'oeuf les velléités ministérielles en ce domaine. Les organisations de chefs d'établissement sont au premier rang pour veiller au grain et contenir les aspirations lycéennes. La vie lycéenne ne peut devenir crédible et se développer qu'à travers des réalisations réelles. Or on ignore de quel financement les établissements disposeront pour lui donner vie. Très souvent le financement est à trouver ailleurs ce qui symbolise la rupture entre établissement et lycéens. Enfin plus fort que tout, il y a la culture scolaire qui ne reconnait dans le lycéen qu'un citoyen en devenir et repousse à la "vie active" sa participation à la vie de l'établissement.

 

F. Jarraud

 

Le rapport

Le kit pédagogique

Brochure

 

Par fjarraud , le vendredi 27 septembre 2013.

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