Peillon 2 

Ce n'est pas seulement la première rentrée de la refondation que vante Vincent Peillon le 29 août. Le ministre lui-même a changé et, avec lui, la ministre de la réussite éducative. Le changement de thèmes et de ton montrent que, sans renouvellement, on passe à une nouvelle étape gouvernementale.

 

Rappelons nous Peillon le gentil. On l'a vu à l'oeuvre dans les débats de la loi d'orientation. Il réussissait à écouter tous les parlementaires. Il échangeait avec eux. Il conciliait. Mieux, il maniait avec maestria le compromis, réussissant à faire voter tel article par la droite ou encore à se concilier le soutien des chevènementistes et des écologistes pourtant ennemis sur les questions scolaires.  Pour un peu on l'aurait cru centriste, capable de réunir autour de lui une large majorité et de dialoguer avec tout le monde.

 

A cette rentrée, Peillon a rougi. Le nouveau Peillon fait campagne sur la réduction des inégalités scolaires. Il s'affiche clairement "de gauche". Le nouveau ministre ne cherche plus la conciliation. Il affirme ses décisions et donne l'impression d'avoir son instrument bien en mains. Droit dans ses bottes, il affiche aussi la durée.

 

Avec l'An I de la refondation, c'est bien une nouvelle étape que le ministre va engager. Il ouvre en force des dossiers dangereux, ceux du métier et du statut des enseignants, du collège, des programmes. Chacun  peut réunir contre lui des coalitions très larges. Regroupement de spécialistes quand il sera question de revoir les programmes et les horaires. Partisans de la mort du collège unique et opposants à tout changement dans le dossier collège. Enseignants d'autant plus mobilisés contre toute évolution du métier qu'ils ont réussi à faire reculer les ministres précédents sur cette question.

 

La nouvelle posture est-elle durable ? La clé est peut-être dans la reprise économique. C'est elle qui va donner au ministre les marges de manoeuvre et passer au Peillon 3.0. En attendant l'allant du ministre et son assurance est aussi un signal envoyé à une profession qui, comme le montrent de récents sondages, a plutôt le moral dans les chaussettes.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le jeudi 29 août 2013.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 30/08/2013 à 10:57
    Peillon a globalement réussi les fondations de l'école. Le haut niveau des débats a été pédagogiques pour tous les élus qui s'intéressent à l'école. La droite n'a pas fait barrage en commission. Elle a juste affiché des postures nécessaires à la communication vers son électorat, sans zèle.
    Les compromis qu'il a fait avec ces alliés (parents d'élèves, Vert, communiste) sont des handicaps gérables. Je saluerai la responsabilité des sénateurs alliés à la majorité qui avaient un pouvoir de blocage et qui n'ont pas fait de surenchère.
    Aujourd'hui, les enjeux sont sur la capacité de comprendre  les difficultés, les inquiétudes, les attentes des enseignants de terrain. Non pas les enseignants qui répètent les doctrines des syndicats. Les enseignants sincères  qui ont appris à gérer les injonctions paradoxales continuelles du système éducation nationale en se repliant sur eux-mêmes, mais . Ceux qui répètent la langue de bois quand ils y sont obligés et qui, le reste du temps, font le maximum dans le cadre auquel ils ont droit, dans le système de représentation des difficultés qui est le leur, pour faire progresser les enfants.
    Il est évident des sujets comme le statut des enseignants et les programmes du collège sont des dossiers brûlants car ils sont liés au système de valeur des enseignants. Il faut que le ministre soit capable, contrairement à la réforme des rythmes scolaires, de bien analyser les "valeurs individuelles partagées des enseignants" en reprenant la typologie de Ezratty (2006).
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