Concours : Déficit pas comblé en maths, anglais et lettres classiques 

Les résultats des capes externes 2013 sont tombés. Cette année encore, dans plusieurs disciplines, maths, lettres classiques et anglais, un écart important demeure entre les postes proposés et le nombre de candidats reçus au capes externe. La situation ne s'est améliorée qu'en lettres modernes.

 

Au capes 2013, seulement 818 candidats en maths ont été reçus pour 1210 postes offerts. Si davantage d'enseignants ont été reçus qu'en 2012 (652) la proportion de postes vacants demeure la même. En lettre classiques, la situation continue à se dégrader avec 61 reçus pour 200 postes proposés (75 pour 170 en 2012). En anglais également c'est la dégringolade avec 780 reçus pour 1050 postes (609/720 en 2012). Les jurys n'ont constitué aucune liste complémentaire.  

 

De nombreuses raisons s'additionnent pour expliquer cette situation. La crise de recrutement est liée à la masterisation. En élevant le niveau de recrutement, on a raréfié le nombre des candidats potentiels et on a mis l'enseignement en concurrence avec d'autres métiers. A l'évidence ni en terme de salaire, ni en celui d'évolution de carrière, ni même maintenant en ce qui concerne les conditions de travail et l'autonomie, le métier d'enseignant ne peut se comparer avec les postes d'encadrement proposés par des entreprises privées ou d'autres administrations. Est-il utile de rappeler que la France est le seul pays de l'OCDE où les salaires des enseignants ont reculé durant les 10 dernières années ?

 

Que peut faire Vincent Peillon ? La "démasterisation" est politiquement improbable. L'augmentation de salaire semble impossible dans la situation actuelle du déficit public. Reste à pré empter un nombre supérieur de candidats par un système d'aide aux étudiants optant pour les métiers de l'enseignement. La meilleure arme du  ministre semble être la formation des enseignants. Les nouveaux enseignants sont certains de ne plus être envoyés en classe sans formation. Enfin l'annonce de recrutements massifs incite davantage de personnes à se présenter. ON a effectivement observé un sursaut du nombre de présents au concours, en maths par exemple selon la SMF.

 

F Jarraud

 

Reçus aux capes externes

Postes offerts

Documents SMF

 

Par fjarraud , le vendredi 12 juillet 2013.

Commentaires

  • Endymion, le 15/07/2013 à 13:55
    L'augmentation du nombre de candidats pour la session 2014 n'est que de la poudre aux yeux.

    Prenons l'exemple des mathematiques (que je connais bien, puisque je fais parti des admis cette annee):

    CAPES 2013 :
    1350 personnes a l'oral pour 1200 postes => 818 admis

    CAPES 2014 :
    Environ 1900 admissibles pour 1600 postes
    Mais...!! Parmis ces 1900, on trouve une tres grande partie de ceux qui viennent juste d'avoir leur admission, et qui ont passé aussi l'ecrit de 2014, au cas ou...
    Il faut donc retrancher une partie de ces 818 admis (prenons 600 arbitrairement) aux 1900...

    Il ne reste donc, que 1300 candidats a l'oral, pour 1600 postes...
    Je plains les jurys de juin prochain.
  • maria1958, le 12/07/2013 à 11:33
    Imputer la crise de recrutement à la masterisation est un peu court.... 
    Elle lui est bien antérieure, puisqu'elle s'est amorcée dès 2002, comme le pointait déjà le rapport Obin ("Enseigner, un métier pour demain", 2002), qui chiffrait un volume très important de recrutements à programmer, compte tenu des départs en retraite prévisibles chez les profs, dans le second degré surtout. 
    Depuis, la forte natalité à partir de 2000 a confirmé la nécessité urgente de prendre des dispositions pour former et  recruter du "sang neuf", afin d'accueillir les élèves qui arrivent maintenant en collèges et lycées. 

    Comme vous le soulignez, la dévalorisation salariale est un facteur essentiel (depuis 10 ans au moins). Or il n'y a aucun signal d'une revalorisation. Quant aux autres facteurs (conditions de travail dégradées, climat managerial...) rien ne s'améliore non plus.
    Avec plus d'élèves et moins de profs puisque les départs en retraite ne sont pas remplacés, la rentrée 2013 sera pire que la précédente.

    Résultat, malgré les discours de bateleur du ministre, à la rentrée 2013 les nouveaux enseignants seront plus que jamais envoyés en classe sans formation: les stagiaires auront cette année encore un quasi temps plein en responsabilité aux dépens de leur formation. Quant aux admissibles issus du concours 2014 "anticipé", ils seront envoyés au charbon comme contractuels, sans formation préalable et alors qu'ils sont encore étudiants.... Toute la profession devra faire face à des effectifs plus chargés et à des pelletées d'heures sup, les entrants dans le métier servant en outre de variables d'ajustement. 

    Or il y a une certaine contradiction à vouloir attirer assez de candidats pour recruter en cinq ans 150 000 nouveaux titulaires (objectif inscrit dans la Loi d'Orientation), tout en se refusant obstinément à revaloriser, à investir dans le renforcement des filières universitaires menant à l'enseignement, à financer les études des étudiants se destinant à l'enseignement.... et même à traiter les lauréats de concours décemment....

    Aux dernières nouvelles, les étudiants boursiers qui se destinent à l'enseignement ne se voient rien proposer d'autre que de se salarier pour financer leurs études (comme EAP, ou ailleurs), quand tout le monde sait qu'être salarié nuit à la réussite des études. 

    D'après Le Monde, G. Fioraso vient de supprimer sans préavis pour la rentrée 2013 le complément de bourse "au mérite" dont bénéficiaient les bacheliers boursiers sociaux les plus brillants pour leurs études supérieures - avec ça, on coupe les pattes d'un certain nombre de jeunes qui auraient pu viser l'enseignement.

    Quant aux étudiants qui ne sont pas boursiers sociaux, soit quand même 80% des étudiants, eh bien rien n'est prévu, s'ils veulent devenir profs, qu'ils se débrouillent, ça n'intéresse pas l'Etat plus que ça. 

    Pour les salariés du privé ou du public qui veulent se reconvertir, c'est pareil, rien n'est prévu, qu'ils préparent les concours en travaillant pour vivre, s'ils doivent s'y reprendre à 3 fois pour réussir, aux yeux de l'Etat ce n'est pas grave.

    Dans certaines universités, on s'apprête à fermer des préparations au concours, y compris dans des disciplines déficitaires, parce qu'il n'y a pas assez d'étudiants inscrits pour les financer et qu'avec un budget contraint, la fac autonome est acculée à "faire des choix".... Mais l'Etat regarde ailleurs....

    D'un côté une crise de recrutement qui s'aggrave de jour en jour , une pénurie de profs titulaires dont les élèves pâtissent de plus en plus cruellement. 
    Et de l'autre, des responsables politiques qui ne prennent aucune mesure efficace, depuis plus d'un an qu'ils sont aux commandes...
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