Le Sénat examine la loi d'orientation cette semaine 

Le Sénat débute le 21 mai l'examen de la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'Ecole. Le Sénat a largement modifié le texte en commission, changeant la moitié des articles. Toute la semaine il va falloir beaucoup d'énergie et d'habileté au gouvernement pour recadrer le texte.

 

Des changements importants

 

Le texte de la loi d'orientation est sorti largement modifié le 14 mai des travaux de la commission de  la culture, de l'éducation et de la communication. Les sénateurs ont modifié le brevet pour y introduire "la réalisation d'un ou plusieurs projets réalisés par l'élève de manière transdisciplinaire". L'évaluation par compétences est imposée au primaire et encouragée au secondaire. Le redoublement doit devenir "exceptionnel" aux dires de l'article 25bis. Le socle commun est précisé comme faisant référence à la recommandation du Parlement européen et du Conseil du 18 décembre 2006 sur les compétences clés pour l'éducation. La mixité sociale devient un des objectifs du système éducatif. Et la place des parents est marquée dans les établissements par la création d'un espace parents où ils peuvent se réunir.

 

Un équilibre politique différent

 

Ces modifications n'arrivent pas par hasard. En effet la majorité sénatoriale est différente de celle de l'Assemblée. Au Palais-Bourbon, le PS avec ses apparentés a la majorité à lui tout seul. Il est malgré tout soucieux de la cohésion de la majorité gouvernementale. Lors des débats, on a vu V. Peillon céder parfois aux écologistes ou parfois aux Chevènementistes. Mais on a souvent vu les petits partis de la majorité céder à la pression d'un PS en mesure de faire passer seul la loi.

 

Au Sénat, le parti socialiste est loin d'avoir la majorité. La gauche ne domine qu'en réunissant les voix des députés communistes, socialistes, radicaux et écologistes. Le gouvernement est donc tenu de prendre davantage en compte les avis des petits partis. L'influence écologiste dans le texte de la commission est sensible. Les amendements peuvent aussi fragiliser al validité constitutionnelle du texte. Enfin chaque jour compte pour le gouvernement qui doit mettre en place à la rentrée une partie des décisions de la loi. Il faudra donc encore plus d'habileté à V Peillon pour réduire les différences entre le texte du Sénat et celui de l'Assemblée tout en réunissant une majorité en sa faveur.

 

François Jarraud

 

Analyse des modifications portées par la commission du Sénat


Par fjarraud , le mardi 21 mai 2013.

Commentaires

  • Viviane Micaud, le 21/05/2013 à 12:08

    La suppression du redoublement après le cycle de l'école fondamentale (après le collège) érigée en doctrine est une contrainte inadaptée et sclérosante. En effet, le cycle d'orientation doit inclure le fait de vérifier que le jeune à une chance raisonnable de réussir la filière dans laquelle il s'est engagé, et autoriser l'erreur et la réorientation avec redoublement. C'est le système total qui faut voir et ce système doit pouvoir autoriser le redoublement quand c'est nécessaire pour permettre à un élève de prendre du recul pour mieux s'investir dans ses choix.
    Le problème à résoudre est :
    1) qu'aucun jeune se retrouve dans une formation pour laquelle il ne s'est pas construit une motivation,
    2) qu'aucun jeune ne se retrouve dans une formation qu'il a aucune chance de réussir. Autoriser un gamin qui a du mal avec l'expression écrite à aller en filière littéraire, c'est le conduire au casse-pipes.
    Dans les filières littéraires en université, le taux d’échec des bacs pro est 99,7%

  • Viviane Micaud, le 21/05/2013 à 12:05

    La suppression du redoublement pendant l'école fondamentale, c'est à dire jusqu'en 3ème est une bonne chose, à condition qu'on n'abandonne pas des élèves qui ne maîtrisent les fondamentaux d'expression et de lecture dans des cours dont ils ne peuvent pas tirer profit. 
    Il faut auparavant reconnaître trois choses :
    - quels que soient les moyens mis en amont, il y aura toujours des élèves qui maîtriseront insuffisamment la lecture et l'expression en 5ème (primo arrivant, enfant ayant fait un blocage psychologique, dyslexique à un niveau important, etc..). Les cycles sont à mon avis une grande illusion et un outil inadapté. Même l'école finlandaise a ses élèves maîtrisant insuffisamment ses fondamentaux au niveau lycée.
    - Les cours sur les fondamentaux ont des pré-requis. Il est impossible de faire travailler la lecture ou l'expression à un élève en grandes difficultés dans une classe normale de collège. Sur ces sujets, les groupes de 28 élèves avec 5 niveaux différents ce n'est pas possible. Imaginez dans telle classe, un jeune qui ânonne un texte comme un CP, devant les 27 copains qui en profitent pour faire la foire.
    - La manière dont sont faits les contrôles des matières comme l'histoire-géo actuellement, exclut de fait ceux qui ne maîtrisent pas l'expression écrite. Quelle que soit leur bonne volonté ces élèves-là ne peuvent pas réussir les contrôles, y compris quand ils ont la connaissance du sujet. Ils sont condamnés au découragement. Il faudrait changer les programmes et faire les cours autrement. Il n'y a pas seulement l'histoire-géo, c'est toute la manière de vérifier les connaissances sur ce qui n'est pas dans les fondamentaux qui faut revoir.

  • maria1958, le 21/05/2013 à 11:33
    La crédibilité de la Loi d'orientation n'est-elle pas quelque peu atteinte, avant même son adoption, quand on confronte ses déclarations d'intention avec l'annonce de la suppression de 2 000 postes d'Assistants d'Education à la rentrée 2013 ?
    Quand on pense aux conséquences d'une telle "mesure d'économie" sur le climat scolaire, au coût pourtant modeste de ces personnels (payés au SMIC pour un niveau Bac voire Bac+2 pour les Assistants Pédagogiques), on se demande si l'ambition et la "priorité à l'Education", c'est du sérieux ou de la poudre aux yeux ?

    http://www.snes.edu/Suppressions-de-postes-d.html
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