Lycée du temps choisi : La liberté comme remède au décrochage 

Bertin NGounio est professeur d’économie et gestion depuis dix-huit ans auprès des élèves du lycée du temps choisi, un dispositif pour décrocheurs parisien.

 

Avenue des Gobelins, académie de Paris un dispositif pour décrocheurs qui passent le bac on croit rêver... c’est du raccrochage de haut de gamme?

 

Notre dispositif ambitionne de redonner le goût aux apprentissages, de faciliter l’épanouissement personnel et d’assurer une réinsertion scolaire et sociétale des élèves. Ce n’est pas un rêve mais une réalité. Nous n’avons aucune prétention au haut gamme, sauf si l’on qualifie ainsi  le fait de permettre à des jeunes d’être re-scolarisés alors que durant une longue période l’école n’a pas voulu d’eux ou qu’ils n’ont pas voulu d’elle (de son organisation et de son fonctionnement standard).

Ils ont la possibilité de préparer en un ou deux ans un Bac (L, ES, STG). Nous respectons les programmes officiels. Nous adaptons le rythme  des cours. Pour une même discipline, ils sont dispensés par blocs de 2 ou 4 heures. Ce choix offre un emploi du temps étudié pour laisser à chaque élève des plages de liberté.

 

Juste un bref historique du Lycée du  Temps Choisi de ses origines à nos jours...

 

Les dates clés sont : 1994 – rédaction du projet et dépôt du projet. Rentrée 1995/1996 : premier contingent d’élèves dans les locaux  du  lycée Charles de Gaulle. 1997 – implantation du LDTC dans l’enceint du lycée Jean Lurçat. Depuis la rentrée 2008/2009 – nouvelle équipe de coordination.

 

Vous faites en ce moment des recherches doctorales  sur le concept de temps choisi dans l’enseignement scolaire. Quels sont les axes de votre thèse ?

 

Mon hypothèse est la suivante : ce n’est pas ce qui est enseigné qui permet à un élève de se réconcilier avec l’école mais le contexte institutionnel dans lequel il est placé lors cette réconciliation.  Je vais étudier un paradoxe : comment se fait-il qu’un établissement cherchant à remédier au décrochage des jeunes s’appuie sur des temps et des espaces de liberté  peu structurés, alors qu’a contrario le sens commun (la doxa) voudrait les confronter à des contraintes fortes pour les remettre dans le droit chemin des écoliers ?

 

En définitive, je n’aborderai pas la question de la pédagogie du raccrochage en termes de transmission de connaissances, mais pour chercher quels sont les facteurs qui en assurent  la réussite.  La thèse a pour ambition de démontrer que la remédiation scolaire n’est possible qu’à l’aune des aléas informels (implicites) du climat relationnel  et du vivre ensemble.

 

Les élèves qui fréquentent le Lycée du temps choisi sont le plus souvent issus d’établissements publics ou privés des académies d’Île de France ... Témoignages ...

 

-J'étais en première ES dans un lycée classique. Auparavant, j'ai fréquenté des écoles privées. L'année dernière  dans le lycée dans lequel j'étais, je commençais à étouffer. A cause de la même  pression,  j'avais redoublé ma seconde ainsi que ma troisième...donc je savais que je n’allais pas aller bien loin. Trop de pression me démotive.

 

- L’année dernière, j’étais dans un lycée classique. Deux ans plus tôt, j’étais au Lycée Intégral. J’avais fait quatre lycées. J’en suis donc à mon septième aujourd’hui, pas parce que je suis nul mais parce que l’ennui me fait partir. Il m’est arrivé de fréquenter deux lycées en trois semaines.

 

-Après ma quatrième, on voulait me mettre en BEP [...] mes parents ne voulaient pas. Ils m’ont mis dans une boîte à bac, j’y ai fait une seconde puis une première ES qui était trop difficile pour moi. On m’a conseillé une orientation en filière technologique. J’ai suivi une première STG dans un autre lycée ainsi qu’une terminale mais comme je n’ai pas travaillé, j’ai échoué au bac et ai fait une dépression de deux mois.

 

-Je repasse mon Bac en candidat libre parce que je l'ai loupé l'année dernière de peu. J’avais fait une seconde générale, une première et une terminale STT, en province et je suis arrivée à Paris pendant les vacances. Au total, j’ai redoublé deux classes, ma première et ma terminale.

 

Gilbert Longhi

 

 

Par fjarraud , le vendredi 19 avril 2013.

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