Comment la crise financière frappe les systèmes éducatifs européens 

L'éducation est bien en première ligne face à la crise. Eurydice, le système d'information européen sur l'éducation, publie une étude sur l'impact de la crise financière sur les systèmes éducatifs en Europe. Celui-ci est à la hauteur de l'importance de l'éducation dans le budget des états. Pas moins de 20 pays européens ont effectué des coupes budgétaires en 2011 ou 2012. Les solutions sont les mêmes partout : réduire les salaires ou diminuer le nombre d'enseignants. Dans cette Europe qui désinvestit l'éducation, l'effort de la France est exceptionnel.

 

20 pays ont réduit leurs dépenses d'éducation



 

 

 

"L'effet de la crise financière sur les budgets de l'éducation se voit principalement dans les pays qui ont un important déficit budgétaire comme l'Irlande, la Grèce, l'Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, la Roumanie, la Pologne, la Slovaquie, la France ou Chypre". L'étude d'Eurydice analyse ne détail les politiques budgétaires des états européens depuis 2010. Il fait le point sur les prévisions budgétaires pour 2013. Evidemment certains pays échappent à la crise et neuf pays ont augmenté leur budget éducation entre 2010 et 2012, dont 4 de plus de 5%. Citons tout de suite ces exceptions : Allemagne, Luxembourg, Malte et la Turquie.

 

Partout ailleurs, soit dans 20 pays, la crise s'est traduite par des coupes ou des gels des budgets. Là où les efforts ont été le plus importants (plus de 5%) c'est en Grèce, Italie, Chypre, Lettonie, Lithuanie, Hongrie, Portugal, Roumanie, Pays de Galles, Croatie. Dans les autres pays, comme la France, la baisse a été de 1 à 5%.

 

Les salaires en première ligne



 

 

 

Dans un pays sur trois, les états ont diminué le nombre d'enseignants. Mais les états ont le plus souvent conservé leurs enseignants en utilisant le salaire comme ajustement. "Les salaires des enseignants ont été directement touchés par la crise", note Eurydice. Dans la moitié des états européens les salaires des enseignants ont été réduits ou gelés. I y a eu des réductions dès 2010 en Espagne ou Roumanie, en Slovénie  en 2011 et en Grèce, Irlande, Portugal sur ces deux années. Dans beaucoup de pays les salaires sont gelés c'est à dire qu'ils diminuent en termes réels. Quatre pays européens ont relevé les salaires des enseignants : la Pologne, la république tchèque, la Slovaquie et l'Islande.

 

Fermetures d'écoles

 

Les deux tiers des états européens ont fermé des écoles depuis 2010. Et si dans certains cas c'est lié à l'évolution démographique, "dans 7 pays on reconnait la crise financière comme la raison principale". C'est le cas au Danemark, en Pologne, au Portugal ou en Islande par exemple. Deux pays, le Portugal et la Lettonie, ont changé leur réglementation sur le nombre d'élèves en classe pour faciliter les fermetures. Dans d'autres pays on a rogné sur les budgets d'entretien des bâtiments ou sur les programmes de construction. L'exemple le plus célèbre est le Royaume-Uni où le nouveau gouvernement conservateur a annulé l'ambitieux programme de reconstruction des travaillistes. L'étude cite , outre le Royaume Uni, la Pologne, l'Irlande, la Roumanie, la Slovénie par exemple.

 

Les TICE s'en sortent bien

 

Les pays n'ont pas réduit leurs investissements dans les TICE, souligne Eurydice. L'étude ne signale que 4 pays à avoir réduit leur budget : l'Espagne, Chypre, la Pologne et l'Islande. Ls programmes d'éducation spécialisée ont aussi échappé aux restrictions sauf en Irlande et république tchèque.

 

Une pression accrue sur l'efficacité

 

Dans cette situation budgétaire, les dirigeants attendent plus d'efficacité de leur système éducatif. Des systèmes de paye au mérite sont mis en place en Lithuanie par exemple et au Royaume-Uni en 2013. D'autres pays ont fait le choix d'améliorer la formation des enseignants. On sait que c'est le cas en France.

 

François Jarraud

 

L'étude


Par fjarraud , le mercredi 27 mars 2013.

Commentaires

  • Lizdarcy, le 27/03/2013 à 19:23
    "Si vous trouvez que l'éducation coûte cher, essayez donc l'ignorance..." Abraham Lincoln

    Et par ailleurs,je crois que la France est un des rares pays européens où la croissance démographique est encore forte. Elever davantage d'enfants à moyen décroissants (politique Zarkozy), on a vu ce que ça a donné... Et ce malgré la baisse des salaires des enseignants depuis 2010 ("gel" depuis 4 ans, et augmentation des charges), dont on sait qu'il sont pourtant loin d'être les plus élevés en Europe (3000 euros avec -20%, c'est mieux que mes 1950 euros au bout de 20 ans de carrière! Quand on parle de baisse ou augmentation, c'est relatif, il faudrait aussi parler en absolu.)
    Il semble difficile de baisser davantage les salaires, vues les conditions de travail en France, si on veut trouver des jeunes pour passer le concours... Demandons nous pourquoi un aussi beau métier n'attire plus, surtout en période de chômage?

    Ceci dit, je ne vois pas où sont passé en primaire les soi-disant postes créés: dans notre région, toujours pas de RASED, toujours très peu d'ouvertures de classes (26 à 31 par classe partout sauf en ZEP), rares postes de "plus de maîtres que de classes" (qui ne semblent une priorité pour personne concrètement!). Ah, si des classes de 2 ans réouvertes dans des conditions affligeantes: quand les autres enfants sont déjà entassées dans les classes, quelle bêtise de charger encore les effectifs! Est-ce que quelqu'un parmi ces joyeux décideurs a eu l'idée d'aller dans les classes?!
    • fjarraud, le 28/03/2013 à 00:21
      Bonjour
      les postes à créer sont étalés sur le quinquennat . Il faut trouver des candidats , les former pendant au moins un an avant qu'ils soient devant les élèves. Par conséquent les effets des efforts de recrutement se se verront à la rentrée que très modestement. Il faudra plusieurs années pour que vous les voyez. Le primaire a au moins la chance d'avoir un nombre de candidats suffisant presque partout.
      cordialement
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