Chefs d'établissement : Les cadres n'y croient plus ? 

Le ministère publie les résultats d'une enquête menée par Nadine Esquieu (DEPP) avec le soutien de la MGEN sur la perception de leur métier par les chefs d'établissement. Elle montre un fort pessimisme des chefs d'établissement sur l'avenir du système éducatif. Mais on retiendra aussi que les chefs d'établissement veulent être les pilotes de leur établissement tout en s'affranchissant de la gestion des personnes...

 

Un large pessimisme

 

71% des chefs d'établissement sont pessimistes sur l'avenir du système éducatif.  C'est sans doute le principal résultat de cette enquête menée en 2010 par Nadine Esquieu auprès de 500 chefs d'établissement. Les personnels de direction ont le sentiment de travailler plus qu'avant (même ceux qui ont peu d'ancienneté) et de manquer de moyens et de marges d'initiative. Seuls 38% sont satisfaits de leur degré d'autonomie. Ils sont insatisfaits sur leur charge de travail et soumis au stress.

 

Une perception irréelle de leur rôle

 

L'écart entre le métier réel et le métier rêvé est parfois important. Les chefs d'établissement veulent être des pilotes, ils veulent être responsables du dynamisme de leur établissement. Ce sont les deux premiers traits qui les caractérisent et dans le métier idéal la dimension "pilote" est très majoritaire.  En même temps il refusent d'être responsables de la gestion des ressources humaines et n'ont pas d'intérêt pour la psychologie de l'enfant.  Si aujourd'hui la coordination pédagogique des enseignants est leur première activité dans le métier idéal ils se voient réfléchir au pilotage et penser la stratégie de leur établissement. C'est donc pus une dimension intellectuelle de leur rôle qui les attire que la gestion réelle de l'établissement. Et c'est un peu problématique...

 

Des profils différents

 

L'enquête fait apparaitre des profils différents de chefs d'établissement. Globalement ceux qui exercent dans les établissements les moins faciles sont plutôt plus satisfaits de leur rôle. Les plus jeunes , formés sous Chirac et Sarkozy, sont insatisfaits car ils rejettent à la fois la gestion des enseignants et la présidence des conseils dans l'établissement. Ils voudraient consacrer leur temps au projet d'établissement et aux relations avec les inspecteurs d'académie. Ce sont eux qui flottent le plus dans une conception irréelle du métier.

 

Quelques inquiétudes

 

C'est avec ces cadres que la refondation de l'Ecole doit se faire. Or, ce que ne dit pas l'étude, c'est la distance entre les fonctions réelles du chef d'établissement autonome et le métier dont rêvent les chefs d'établissements. Et cela tout en demandant fortement une large autonomie. La revendication du pilotage, délesté de la gestion des hommes et des élèves, semble particulièrement problématique. La conception du métier comme l'exercice d'un pilote bâtissant un projet s'oppose à la seule conception valable dans un système d'établissements autonomes : le partage du pilotage. Comment refonder l'Ecole avec ces conceptions surtout quand elles sont alliées à un fort pessimisme ?

 

François Jarraud

 

L'étude


Par fjarraud , le jeudi 28 février 2013.

Commentaires

  • kourtaki, le 05/03/2013 à 12:40
    Bonjour,

     La retranscription ou plutôt les lignes forces que vous faites ressortir de l'enquête de Mme Esquieu sont-elles volontairement castratrices?
    Une  citation du rapport:
    Des personnels globalement satisfaits de leur métier…
    La satisfaction des chefs d'établissement trouve notamment son origine par une relative adéquation entre
    leur rôle tel qu'ils l'exercent et celui qu'ils souhaiteraient exercer dans l'idéal. Ainsi, les chefs
    d'établissement sont et veulent être le véritable pilote de leur établissement.
    Leur travail les intéresse sans conteste : 96 % des chefs d'établissement et 93 % des CPE sont ainsi
    satisfaits de l'intérêt de leur travail qui s'exerce, pour une grande partie d'entre eux, dans une bonne
    ambiance.
    mais restent inquiets sur l'avenir. page 12.

    Je n'ai pas trouvé dans le rapport - et j'en suis content - où il est fait mention que -je vous cite : il refusent d'être responsables de la gestion des ressources humaines et n'ont pas d'intérêt pour la psychologie de l'enfant.
    Ces extrapolations sont erronées, injustes voire calomnieuses!

    Les chefs sont mal préparés aux diverses facettes de la gestion de ressources humaines et cette tâche est pesante et difficile à gérer. Cette dernière rejaillit immanquablement sur nos personnalités, car il y a des situations désespérées, et souvent conflictuelles à divers degrés.  Seule l'expérience , l'ancienneté permet de créer une certaine accoutumance. Aucune école ne peut faciliter l'intériorisation de ces situations, on peut tout au plus s'y préparer ...
    Cela étant, aucun personnel de direction n'a refusé  cette facette du métier, l'intitulé de notre fonction y fait référence de manière explicite : direction.

    Ne pas avoir d'intérêt pour la psychologie de l'enfant  me révolte complètement: cela n'a aucun fondement. Tous mes collègues et moi-même passons notre temps à amener nos élèves en poursuite d'étude, à désamorcer des micro conflits entre élèves, entre élève et  professeur, entre élève et parent  et tout cela pourrait se faire en sedésintéressant  de la psychologie de l'enfant ( et de l'adulte d'ailleurs)... Toute stratégie de remédiation même coercitive auprès d'un enfant ne peut aboutir que si elle est personnalisée , donc observant les paramètres de fonctionnement de l'élève qu'ils nous plaisent ou non. Après les méthodes différeront d'une équipe à une autre mais les observations initiales varieront peu et tiendront compte de la psychologie de l'enfant, de son milieu familial, de ses fréquentations , etc...

    Tout n'est pas rose, d'accord, mais je suis peiné que le café pédagogique puisse être terni par des propos incomplets. Étant de plus militant syndical, vous comprendrez la vivacité de cette réaction.

    Jean-François Lassère
    Correspondant académique  du SnUpden-FSU Amiens
    Principal du Collège François Truffaut
    
    
    


    • vttcascade, le 30/03/2013 à 01:36
      "Je n'ai pas trouvé dans le rapport - et j'en suis content - où il est fait mention que -je vous cite : il refusent d'être responsables de la gestion des ressources humaines et n'ont pas d'intérêt pour la psychologie de l'enfant. "

      p.33
      7% seulement des sondés estiment primordial pour un chef d'établissement de bien connaître la psychologie de l'enfant et de l'adolescent.
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