APB : Des résultats en trompe l'oeil 

En apparence la procédure APB est une réussite plébiscitée par les lycéens eux-mêmes. Le rapport d es inspecteurs généraux Alain Henriet et Gilbert Pietryk montre une réalité fort différente. Orientation bâclée en première, tri des dossiers sur des critères tout sauf transparents, orientations par défaut des bacheliers technologiques et professionnels, l'étude dresse un constat peu acceptable de l'orientation dans les établissements scolaires.

 

En apparence tout va bien. La procédure d'affectation après le bac APB est appréciée par les lycéens. "Les candidats estiment avoir accès de façon satisfaisante aux informations nécessaires", explique le rapport. En réalité , APB est loin de" concerner la totalité des futurs bacheliers. Seulement 63% du vivier élèves est admis dans le cadre d'APB explique le rapport ce qui réduit drastiquement le degré de satisfaction réel.

 

Des taux réels d'utilisation faibles. Chez les bacheliers généraux et technologiques, 10% des élèves ne s'inscrivent pas ou ne finalisent pas leurs voeux. 13% des élèves ayant suivi la procédure AP et ayant été reçus au bac ne donnent pas suite à la proposition d'APB. Le rapport est incapable de savoir ce que devient ce quart des bacheliers généraux et technologiques. La situation est pire pou rles bacheliers professionnels. La moitié seulement s'inscrit sur APB et le taux de satisfaction est faible. 22% des bacheliers professionnels ne donnent pas suite à leurs voeux. Sur 93 000 bacheliers professionnels, seulement 46 000 trouvent une solution d'orientation grâce à APB.

 

APB reste relativement opaque. " Dans les formations sélectives ou à capacité limitée, les critères de classement retenus par l’établissement (en fait par la commission de sélection), ou le jury dans le cas d’un concours, ne sont généralement pas portés à la connaissance du candidat", note le rapport qui ajoute que c'est aussi le cas pour des formations moins demandées, par exemple quand elles donnent la priorité à des jeunes locaux. Le conseil donné "classer les voeux en fonction des souhaits sans autocensure" ne correspond pas au fonctionnement réel d'APB. Les règles sont sans cesse modifiées. Cela génère de la frustration, note le rapport et "atteint le principe d'équité". Enfin le système APB impose beaucoup de saisie qui pourraient être faites par croisement de fichiers existants.

 

L'orientation reste l'enfant pauvre des établissements. L'engagement des établissements à accompagner les élèves dans APB est "de niveau très variable" dit le rapport.  " Les enseignants du second degré méconnaissent l’évolution de l’enseignement supérieur", affirment les inspecteurs. Ils connaissent mal les formations supérieures qui ont beaucoup changé depuis leurs études. La mission d'orientation n'apparait toujours pas comme légitime et d'ailleurs elle mériterait d'être formulée dans les missions des enseignants.L'orientation active "est balbutiante " en première. Le conseil anticipé de première n'est pas mis en place.  C'est seulement en terminale que l'orientation devient active.

 

Le résultat se lit dans l'orientation des bacheliers. Ainsi 29% des bacheliers généraux demandent des formations supérieures courtes alors que leur débouché devrait être le long. 28% des bacheliers technologiques demandent des L1 ce qui n'est pas un bon choix pour eux mais le splaces en BTS et IUT sont prise spar les bacheliers généraux. " On observe depuis trois ans une très forte augmentation de la demande de poursuite d’études des élèves de terminale professionnelle", dit le rapport. 29% des élèves demandent une orientation en L1 alors qu'ils n'y sont pas du tout préparés.

 

Les recommandations de l'Inspection restent très modérées. L'Inspection se garde bien d'attaquer le manque de transparence d'APB ou l de proposer des quotas d'inscription en STS ou DUT pour garantir des accès aux bacheliers professionnels ou technologiques. Alors qu'elle reconnait que les enseignants sont "désarmés" face à l'orientation, la première recommandation c'est de modifier le statut des enseignants pour imposer l'orientation. Les auteurs demandent que l'utilisation d'APB démarre dès la première et de modifier en amont le curriculum des bacs pro pour mieux les adapter au supérieur.

 

François Jarraud

 

 

Le rapport

Par fjarraud , le jeudi 24 janvier 2013.

Commentaires

  • xmakil, le 24/01/2013 à 07:25
    L'application AdmissionPostBac ne mérite pas cet excès d'indignité.
    Ce qu'est APB. Ce n'est qu'un outil de gestion des dossiers de candidature et d'affectation ; rien de plus. Il remplace les dossiers papier que l'on connaissait encore dans la première moitié des années 2000, les tripatouillages dans les commissions d'affectation locales, j'en passe et des moins bonnes ...
    Ceux qui se plaignent d'APB sont ceux qui ne peuvent plus magouiller : les familles bien informées sur le système scolaire, habituées des passe-droits et des dérogations ... Mais aussi les chefs d'établissement aux politiques élitistes qui aimerait pouvoir choisir discrétionnairement leurs étudiants.
    En résumé, APB, tout comme la démocratie, est le plus mauvais des systèmes à l'exception de tous les autres 

    Ceci dit, en ce qui concerne l'orientation au lycée, tout reste à faire, c'est une évidence. Un vaste chantier qui n'a pas grand chose sinon rien à voir avec APB.
    • giraud04, le 24/01/2013 à 08:25
      Il faut se rappeler ce qui se passait avant : l'application a quand même grandement facilité les inscriptions post-bac.
      cela ne signifie pas que tout sot parfait mais je trouve que cet outil remplit exactement le rôle pour lequel il a été créé.
      Pour le reste, plusieurs remarques :
      - Aucune formation des enseignants et les Copsy n'ont (souvent) que des informations théoriques (ex : non distinction des classes prépa enseignement scientifique et technologique)
      - Fort désintérêt de l'orientation post bac (non projection à moyen terme) pour une part importante des élèves de première d'enseignement technologique et professionnel mais également pour certains élèves première générale.
      - Les élèves ne réagissent, souvent, que sous la pression (au dernier moment)
      - Avec mes élèves (terminale technologique), la non finalité des vœux post-bac, vient, soit qu'ils ont préféré l'enseignement privé, soit ils sont en classe prépa pour des concours spécifiques soit ils ont réussi des concours niveau BAC. L'inscription étant une issue de secours.
      - L'inscription en L1 n'est pas majoritairement un choix premier pour les technologiques mais fait partie des choix de secours et le problème est que si un élève qui a mis L1 en 10eme vœux l'obtient c'est qu'il n'avait pas eu un bon dossier (donc pas un bon niveau....)
      - Un pourcentage non négligeable d'élèves de S sont là parce que les profs leur ont dit : si tu ne sais pas quoi faire tu n'as qu'à faire S et tu verras après .... Bons élèves mais pas motivés pour faire des études longues ; résultat : ils vont en STS ou IUT.
      - Privilégier les séries technologiques et professionnelles dans les filières courtes c'est pousser les autres vers des études longues qui coutent plus cher. Tout le monde ne pourra pas les financer....

      - Le fait qu'il n'y ait que la moitié des élèves d'enseignement professionnel qui fassent une demande n'est pas illogique :
        * une grande partie de ces élèves sont dans ce cursus que parce qu'ils n'avaient pas envie de continuer ;
        * le BAC pro ouvert à tous en 3 ans a amené des élèves plus faibles à ce niveau et leur poursuite d'étude est problématique
        * ils savent que seulement un quart des demandes seront satisfaites


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