Numérique : Alain Chaptal : Où sont les moyens ? 

Chercheur au LabSic de Paris 13, Alain Chaptal suit depuis des années le développement du numérique éducatif en France et dans le monde. Il extrait pour nous   quelques bons points et quelques objets d'inquiétude du programme annoncé par V Peillon.

 

Sur certains points on va dans le bon sens. Ainsi j'ai pu écrire qu'en France "on ne prenait pas au sérieux" le numérique. Par exemple les questions de maintenance sont réellement prises en compte aux Etats-Unis où un collège ne vas jamais attendre plus de 8 heures pour obtenir une réparation. Les débits sont aussi beaucoup plus élevés que les débits des serveurs pédagogiques français. Quand V Peillon annonce qu'il règle la question de la maintenance c'est une bonne chose. C'est bien aussi quand il parle du très haut débit et qu'il montre qu'il a compris le problème des écoles rurales. Cela va dans le bon sens. La formation aux usages va également dans le bon sens.

 

Je suis frappé aussi de voir qu'il parle positivement du plan Ecole numérique rurale (ENR). Il y avait quelque chose de très novateur dans ce plan c'était l'appel au volontariat. Ca correspond à une attente des enseignants qui en ont assez de se voir imposer des choses, de voir débarquer des équipements dont ils n'ont pas besoin.

 

L'annonce de la généralisation des ENT en 2017 cela fait sourire quand on sait qu'elle a déjà été faite en 2004 ! Les enseignants qui utilisent le numérique en classe ne se servent pas des ENT. Ils utilisent les outils standards dont tout le monde se sert.

 

Mais ce qui me frappe surtout c'est l'absence d'éléments chiffrés pour la plupart des projets. Le ministère avance un budget de 10 millions d'euros. Mais c'est un budget de PME ! En Angleterre, avant l'arrivée au pouvoir des conservateurs, le gouvernement disposait chaque année d'un milliard de livres (1,2 milliard d'euros) pour sa politique numérique ! On voit bien qu'on n'est pas dans la même perspective. Autrement dit, le discours de Vincent Peillon va dans le bon sens. Mais il n'a pas les moyens de la politique annoncée.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

Les TICE n'ont jamais été prises au sérieux


Par fjarraud , le vendredi 14 décembre 2012.

Commentaires

  • ColdTrukey, le 14/12/2012 à 23:18
    Il n'a pas les moyens de la politique annoncée.
    CQFD
    Les écoles vont continuer à faire de l'informatique avec des brouettes, de l'anglais avec des bases insuffisantes, de l'aide personnalisée sans formations spécifiques et tout un tas d'autres choses.
    Mais il semble que le bricolage soit remis en valeur actuellement.
  • Foucher95, le 14/12/2012 à 22:28

    Le plan numérique Vingt centimes Payons pô plus :

    1. Inscrire dans les horaires des programmes pour l'école, un horaire minimal par semaine d'enseignement intégrant les TUIC, quelle que soit la discipline.
    2. Sans restreindre pour autant les usages, on essaiera de montrer comment les TUIC peuvent aider à travailler les fondamentaux de l'école.
    3. Au titre de la 8ème compétence du référentiel de compétences attendues pour un enseignant débutant, « Maîtriser les technologies de l'information et de la communication », on incitera les enseignants à maîtriser de façon professionnelle le logiciel de traitement de texte utilisé par les élèves de leur école, et les outils qu'il intègre.
    4. Au titre de la 8ème compétence du référentiel de compétences attendues pour un enseignant débutant, « Maîtriser les technologies de l'information et de la communication », on incitera les enseignants à maîtriser la compétence 1 du nouveau B2i : « Je sais me connecter au réseau de l'école» pour travailler des fichiers en partage avec les élèves.
  • tchabel, le 14/12/2012 à 11:54
    Oui on est fatigués de ces discours démagogiques. Pourquoi annoncer ce qui ne pourra être fait, tenu!

    Le numérique existe bien dans les écoles mais à minima et avec de grandes disparités. c'est le système débrouille. Bref rien de bien exaltant ni rigoureux. Il m'a fallu attendre la fin d'année pour que la mairie vienne réparer mon ordinateur de classe, qui soit dit en passant est un vieux coucou, de la récup. Quand l'agent de la mairie a débarqué un beau matin de juin, j'ai eu envie de rire ... jaune. Et nos preps de classe sur quel matériel les fait-on? Est-ce qu'on reste le soir en classe, entre le bruit des aspirateurs et/ ou les services de garderie qui occupent alternativement les locaux, sans dire que nous ne sommes plus assurés en cas d'accident en  dehors des heures de classe. Bref Mr Peillon, vous pouvez rajouter à la facture un ordinateur portable par enseignant, les logiciels qui vont avec, l'imprimante et les cartouches car pour le moment c'est nous qui l'offrons gratuitement à l'Éducation Nationale pour faire correctement notre travail. Hussard, oui mais pas gratuitement.  Nous ne sommes pas des moines et la génération Y que vous allez recruter encore moins...

    Mr Peillon, il va falloir payer sinon, vaut mieux s'abstenir de parler.
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