PIRLS 2011 : La France déclassée en lecture 

Pourra-t-on faire d'une mauvaise nouvelle un élément de renouveau ? C'est le défi qui est posé à la France après la publication le 11 décembre des résultats de l'enquête internationale PIRLS sur les compétences ne lectures des écoliers de CM1. Elle montre une érosion des résultats de la France et surtout un déclassement du fait de la progression de nombreux pays. Le pays d'Hugo et de Zola est en bas du classement des pays développés et européens, loin derrière la moyenne. Pour V Peillon cela suffit à justifier la refondation.

 

54 pays ou provinces ont participé à PIRLS 2011. Une enquête similaire existe en maths et en sciences mais la France avait décidé de ne pas y participer... L'enquête PIRLS évalue les performances en lecture des écoliers de CM1 à travers pas moins de 135 questions. Elle estime la compétence en lecture c'est à dire "l'aptitude à comprendre et à utiliser les formes du langage écrit que requiert la société". Quatre compétences sont définies: prélever des informations, faire des inférences directes, interpréter et assimiler et examiner et évaluer le contenu.

 

Les résultats ne sont pas bons. La France obtient un score de 520 loin derrière la moyenne européenne (534) ou celle de l'OCDE (538). Seuls la Belgique francophone, l'Espagne, la Norvège, la Roumanie et Malte sont derrière nous en Europe. Tous les autres pays européens nos  précèdent. Loin devant en haut du classement caracolent Hong Kong et Singapour, la Russie et les Etats-Unis, la Finlande, la Croatie, le Danemark et l'Irlande du Nord.

 

Les résultats français se dégradent. Entre 2001 et 2011 notre score est passé de 525 à 520. Le pourcentage d'élèves les plus avancés a regressé passant de 7 à 5%. Si l'écart entre les sexes a fortement diminué c'est par la chute des performances des filles. L'écart entre les écoles prioritaires et les autres a aussi baissé mais cela résulte de la baisse des résultats dans le public. Car la dernière grande information c'est l'inversion du rapport entre public et privé. Le public hors éducation prioritaire était nettement devant le privé en 2001. En 2011 le rapport s'est inversé.

 

Où baissons nous ? En 10 ans la baisse est significative sur la compréhension des textes informatifs (-13 points) ainsi que sur les compétences les plus complexes (-11 points). Les élèves français restent les plus nombreux à s'abstenir de répondre aux questions quand les réponses doivent être rédigées et à ne pas terminer les épreuves.

 

Pour le ministère, c'est " l’échec des politiques menées depuis 2007... Ces résultats, qui confirment les traits d’un système scolaire trop inégalitaire marqué par une part importante d’élèves faibles, concernent la génération des élèves qui a été scolarisée au moment de la mise en œuvre de la réforme du premier degré introduite en 2008 (réorganisation du temps scolaire, nouveaux programmes…)." Par conséquent , pour le ministère cela confirme "la pertinence des orientations présentées pour la refondation de l’École : la priorité au premier degré..., le nouveau dispositif "plus de maîtres que de classes", l’accueil des enfants de moins de trois ans, la refonte des missions et des programmes de l’école maternelle et élémentaire..., celle de

la notation pour redonner confiance aux élèves dans leurs capacités et renforcer leur volonté de réussir..." L’enquête PIRLS rappelle plus que jamais l’urgence d’une évolution de l’École et nous oblige aussi à réussir cette refondation de l’École qui est un enjeu majeur pour le pays".

 

Mais que dit l'enquête sur les facteurs de réussite ? Certes l'enquête valide la scolarisation préélémentaire comme un facteur de réussite. Mais c'est un domaine où la France surclasse la plupart des pays. Elle souligne l'importance du climat scolaire. Mais les principaux critères de réussite éloignent de l'école. Les pays qui ont de bons résultats sont ceux où les parents lisent ont des livres et lisent à leurs enfants. C'est rappeler que les résultats en lecture dépendent davantage de politiques socio culturelles que de méthode scolaire.

 

François Jarraud

 

Résultats internationaux

Résultats France

Communiqué ministériel

PIRLS 2006

 

 

Par fjarraud , le mercredi 12 décembre 2012.

Commentaires

  • eplantier, le 15/12/2012 à 11:53
    Encore et toujours des défauts d'analyse de François Jarraud, chantre du pédagogisme créateur d'échec.

    Les résultats en lecture dépendant bien des méthodes employées. L'Éducation nationale est un milieu où chaque acteur peut oser n'importe quoi.

    On (qui, on le sait, est un con) a voulu transformer les enfants en Champollion, exigeant que chacun invente l'eau chaude et le fil à couper le beurre.

    Non, ce qui fonctionne avec les plus jeunes, ce qui convient pour leur fournir les bases qui manquent (est-ce que chacun a bien compris, cette fois, que la situation est catastrophique ?), ce qui fonctionne donc est l'observation. P et A font PA, PA et PA PAPA (Pennac). Tout cela sur le mode répétition pendant le primaire, selon le principe spiralaire, associé à un bombardement culturel.

    Alors oui, les gesticulations de Peillon et les poncifs pédagogistes n'apportent rien de nouveau au ministère de la parole et des moulins à vent du très plat pays.


  • Pierre Babay, le 15/12/2012 à 10:26
    Bravo la conscience phonologique !
  • nechetambour, le 12/12/2012 à 15:23
    Cher François Jarraud,
    Il est incorrect de mettre la faiblesse des résultats sur le dos de la réforme 2008. Pourquoi ? La réforme a été mise en place à la rentrée 2009. Or il s'avère que de nombreux professeurs des écoles étaient réticents à l'appliquer. Il a fallu que la pression des Evaluations nationales pour que tout le monde s'y mette vraiment. ( méthode douteuse, j'en conviens, mais maligne de la part du ministre de l'époque). Considérons que la réforme s'est vraiment mise en place à la rentrée 2010, il a bien fallu une année pour que chacun appréhende les nouveaux programmes. Cela nous amène à la rentrée 2011 pour laquelle on peut dire que la réforme a été digérée. Les élèves de CM1 de 2011 qui ont été testés ont-ils vraiment bénéficié des programmes 2008 ? Je ne le pense pas. Il est trop facile, voire malhonnête, de dégommer les Programmes 2008 que je trouve, en tant que professeur des écoles, rigoureux, clairs, efficaces. 
    Un petit correctif ne s'impose-t-il pas ?
    Cordialement
    Nèchetambour
    • eplantier, le 15/12/2012 à 11:55

      Le jour où Jarraud corrigera son analyse erronée, les poules auront des dents, Nechetambour.
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