Rythmes : Pour le Snuipp, il faut prendre le temps de la pause... 

"On prend les devants pour éviter que ça tourne au vinaigre". Pour le Snuipp, qui saisit directement Jean-Marc Ayrault, la refondation s'égare. Le 15 novembre, Sébastien Sihr a présenté les résultats d'un sondage auprès de 24 000 enseignants du premier degré qui montre que les priorités de la refondation ne sont pas dans les rythmes scolaires. Le syndicat estime que, si l'Etat ne peut accompagner les communes dans la refonte des rythmes, il vaut mieux passer à autre chose...

 

Quel impact des rythmes sur les résultats ?

 

"Ce n'est pas la baguette magique pour améliorer les résultats des élèves". Pour le Snuipp, réformer les rythmes scolaires serait sans grand effet sur la réussite scolaire. Le syndicat en tire la preuve en comparant les résultats des évaluations de CM2 de 2006 entre les départements qui étaient à 8 demi-journées et ceux qui travaillaient 9 demi journées. Entre les deux catégories, il n'y a pas de grande différence de résultats scolaires. Même en ce qui concerne le bien être à l'école, pour le Snuipp bien d'autres éléments entrent en jeu comme la qualité des locaux, des toilettes, de la cantine etc.

 

Les attentes sont ailleurs

 

Aussi le sondage présenté par le Snuipp montre que les attentes des enseignants sont ailleurs. Si 90% sont pour le changement à l'école, c'est plus une réforme qu'une refondation qui est attendue. Seulement 35% des enseignants estiment que la réforme des rythmes est une priorité. Les vraies priorités c'est diminuer le nombre d'élèves par classe (pour 81%), former les enseignants (75%) ou avoir plus de maitres que de classes (73%). La première attente semble totalement écartée dans la refondation.

 

Mais que pensent les enseignants des rythmes proposés ?

 

Le sondage montre qu'ils sont très divisés. 50% sont favorables aux 9 demi-journées contre 47%. La division se retrouve pour le raccourcissement des vacances d'été : 56% contre, 40% pour. Enfin 77% d'entre eux sont prêts à s'incliner devant les intérêts des enfants. Mais s'il y a changement de rythmes, 86% attendent une compensation financière , 57% préféreraient un allègement des horaires.

 

La question salariale

 

Cette attente de revalorisation est donc très forte. Elle est avivée par la réforme des rythmes. En effet, après un blocage salarial qui s'est traduit par des baisses de salaire net plusieurs années de suite, les enseignants craignent que le passage à 9 demi journées diminue encore leur revenu. Le Snuipp propose plusieurs scénarios. En zone rurale, pour une enseignante ayant un enfant à faire garder , le coût d ela réforme peut atteindre 207 € par mois. Le syndicat soulève aussi la question des enseignants qui assument de l'accompagnement éducatif après la classe. S'il est supprimé la perte salariale peut atteindre 288 € mensuels.

 

Qu'y gagnent les enfants ?

 

Alléger la journée de classe implique que les communes puissent accompagner les enfants après les cours. Or toutes n'en ont pas les moyens. On risque d'avoir des commune soù les enfants sont dans la cour sous surveillance de personnel communal après 15h30 ou 16h et d'autres où ils ont droit à un véritable accompagnement éducatif. "Il ne faudrait pas que les enfants soient finalement les perdants de la réforme", écrit S Sihr à JM Ayrault. "Une réforme des rythmes précipitée et peu financée risque de fragiliser les évolutions annoncées" La refondation "ne peut pas être réussie dans les communes qui en auront les moyens et en échec pour les autres". Face à ce risque, le Snuipp préfère que l'on attende.

 

Une période à risques

 

C'est bien l'absence de financement de cette réforme qui est interrogée par le Snuipp. C'est lui qui doit être trouvé pour assurer l'accompagnement périscolaire des élèves. C'est aussi une revalorisation ou une indemnisation qu'attendent les enseignants plutôt qu'un allègement horaire. C'est ce qui justifie une lettre au premier ministre puisque la solution ne peut pas se trouver dans le budget de l'éducation nationale.

 

La démarche n'est pas sans risques. Le Snuipp prend celui d'apparaître comme un obstacle pour la refondation avec des enseignants qui demandent toujours plus. Il doit aussi tenir compte d'une base qui attend une autre réforme. Le ministre , lui, prend celui de voir sa réforme rejetée et combattue. Il a renouvelé le 15 novembre son ambition que la réforme s'applique dès la rentrée 2013.

 

François Jarraud

 

Liens :

L'enquête du Snuipp

Dossier Rythmes

Est-ce vraiment là que se joue la refondation ?

 

Par fjarraud , le vendredi 16 novembre 2012.

Commentaires

  • azerty17, le 18/11/2012 à 16:24
    @leen et @chabrun
    Merci pour vos avis intéressants et constructifs, par contre quand je lis les propos du secrétaire du SNUIPP je suis inquiet, et particulièrement cela : "Le syndicat soulève aussi la question des enseignants qui assument de l'accompagnement éducatif après la classe. S'il est supprimé la perte salariale peut atteindre 288 € mensuels.".
    Si le problème salariale en est un (moins qu'en Espagne), ce n'est pas avec ce type de raisonnement Sarkosyste que l'on peut espérer le régler. En effet je ne vois pas comment un enseignant peut arriver à faire de l'accompagnement éducatif après la classe en plus de son travail ... a moins dans ce cas vouloir laisse entendre que le temps de travail des enseignants n'est pas assez long.

     
  • leene, le 17/11/2012 à 10:04
    bonjour,
    Je suis PE dans une école qui teste la semaine à 4jours et demi depuis 4 ans et même si nous trouvons des avantages à travailler le mercredi matin, nous sommes convaincus mes collègues et moi que le changement de rythme n'est pas la clef pour améliorer les résultats de nos élèves .
    Nous sommes en RRS (réseaux de réussite scolaire ... ex- zep pour résumer on va dire ) et nous avons en élémentaire des effectifs de 26 ou 27 par classe alors que normalement nous ne devrions pas dépasser 24... cherchez l'erreur!
    Dans ma classe de CE1, j'ai donc 27 élèves, 2 qui relevent de CLIS, 1 d'IME mais malgré une notification de la MDPH ils sont là faute de place. 2 ayant faits 2 CP et ayant toujours des difficultés pour entrer dans la lecture, 1 qui est arrivé d'Afrique l'an dernier en ne parlant pas français....et qui maitrise mal la langue et ne lit pas .
    Je passe sur les problèmes de comportement, les problèmes de vocabulaire, de maitrise de la langue car ils ne parlent pas français à la maison...
    Que j'aimerais que cette réforme commence par s'attaquer aux effectifs, au contenu des programmes (je dois enseigner de la grammaire et de la conjugaison à des enfants qui ne maitrisent pas la langue orale et encore moins la lecture ...pas logique et inutile)
    Que j'aimerais voir le "plus de maitres que de classes" se mettre en place.
    Mais aussi qu'est ce que j'aimerais retrouver un peu de temps dans ma semaine pour me poser, prendre du recul sur ma classe, sur les apprentissages de mes élèves, pouvoir de nouveau lire les travaux de tels ou tels pédagogues, me documenter, continuer à me former.... mais le mardi soir je prépare ma classe du lendemain et le mercredi après est très court et souvent pris par des obligations familiales (faire les courses, rdv divers etc..)
    Donc je dis OUI à une refondation mais pas si elle ne se résume qu'à la question du mercredi matin et je dis OUI aux propos de chabrun pour qu'une partie de nos heures de services soient consacrées à la concertation, la formation continue...
    Merci de m'avoir lu
    Leene
    • fjarraud, le 17/11/2012 à 12:19
      Bonjour

      Merci leone pour ce témoignage qui nous emmene directement vers le monde réel. L'enquete Debarbieux avait signalé quelques unes des difficultes que vous rencontrez.

      La refondation ne peut s'inscrire que si elle améliore le fonctionnement d el'Ecole c'est à dire si elle facilite le travail des enseignants.

      Le danger ce serait que les grand intérêts et les idéologues fassent leur loi...

      cordialement
  • chabrun, le 16/11/2012 à 09:00
    Pour résumer, changer les rythmes éducatifs, oui si ça ne touche pas au confort des professeurs. Il y a quatre ans quand Darcos nous retirait 2 heures d'enseignement, nous nous étions tous révoltés. Faire en 24 heures ce qu'on faisait en 26 heures, au détriment de qui ? de quoi ?
    J'avais écrit un billet d'humeur "24 heures chronos" : http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/27234 qui avait été largement partagé...Aujourd'hui, la routine, les habitudes font que...
    Je pense que depuis 4 ans, les enseignants confrontés aux difficultés liées justement à ces 24 heures, ont été empêchés de penser, plus de temps pour le faire.
    Ce n'est pas de routine, de conservatisme qu'ont besoin les enseignants c'est comme les enfants du temps !
    Que les 3 heures de services dues (dont l'aide personnalisée) soient données à la concertation, à la réflexion collective dans les équipes ! Là peut-être que d'autres pratiques pédagogiques seront possibles qui influeront sur l'efficacité des apprentissages et sur le bien-être de tous.
    Utilisons ce changement de rythmes scolaires pour détendre le temps pour les enfants et pour les professeurs.
    Bien sûr qu'il faut changer les programmes, mais il me semble que c'est prévu, qu'il faut plus de temps long (le retour des cycles) et surtout pour que tout s'améliore de la formation initiale et surtout continue. Tous ces chantiers doivent être investis.
    Permettre aux activités culturelles d'être de vrais partenaires de l'école au lieu de faire du soutien scolaire ou de l'aide aux devoirs est une autre ambition.
    Ce changement de rythme peut être un petit grain, certes, mais susceptible d'entraîner autre chose...


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