C'est un véritable coup de poing sur la table que vient de donner le 24 octobre le Snes. Et c'est aussi un avertissement très clair adressé à Vincent Peillon. Le premier syndicat du secondaire délimite précisément les lignes à ne pas franchir dans le cadre de la refondation. Le communiqué évoque trois motifs de conflit entre le ministre et le syndicat.
Le premier c'est l'Ecole du socle, c'est à dire le regroupement de l'école et du collège en une seule structure correspondant à la scolarité obligatoire. Cette organisation avait été proposée par plusieurs organisations comme susceptible de lutter contre l'échec scolaire car atténuant la distance entre école et collège. "Alors que le projet d’« Ecole du socle », contesté dans la concertation, n’avait pas été repris par le rapport sur la « refondation de l’Ecole », le ministre, contrairement à ses propos au Conseil supérieur de l'éducation du 11 octobre, semble vouloir le réintroduire par le biais d’une expérimentation inscrite dans la loi", annonce le Snes. "Non seulement cette fusion est rejetée par la masse des enseignants du second degré, mais, de plus, elle ne répond pas aux constats faits par tous sur l’origine des difficultés rencontrées par 15 à 20% des élèves en fin de CM2. Ces expérimentations, moins laboratoires d’évolutions du système éducatif que tentatives de généralisation par le local, conduiraient même à remettre en cause la structuration disciplinaire du second degré et le statut des enseignants en imposant à certains professeurs en collège de devoir enseigner dans le premier degré et réciproquement", ajoute le Snes.
Le second problème concerne le pilotage régional de la carte des formations. "Semble aussi prévue une décentralisation du pilotage de la carte des formations professionnelles vers les Régions. Cela signifierait que ces dernières décideraient en dernier lieu des créations et suppressions de sections dans les lycées professionnels et pour les STS, voire même les sections technologiques". Le pilotage régional a été décidé dans un accord entre l'Elysée et l'Association des régions de France en marge de la concertation. Mais il avait été annoncé que la loi donnerait aux régions un droit d'ouverture de sections et à l'Etat la possibilité de fermeture. D'après le Snes la région aurait tous les pouvoirs.
Enfin le Snes critique le "service territorialisé d'orientation", c'est à dire le passage des CIO aux régions. "Le ministre confirme le maintien des CO-Psy dans la Fonction Publique d’Etat. Cependant, par le transfert des CIO aux Régions, ils seraient placés sous la double tutelle Etat-Région passant de l’une à l’autre en fonction de leurs activités", ce que déplore le syndicat.
Pour le Snes "ces mesures sont à ce point inacceptables qu’elles créeraient une situation de conflit majeur entre les personnels du second degré et le ministre si ce dernier maintenait son intention de les faire figurer dans le projet de loi".
Interrogé par le Café pédagogique, le ministère faisait savoir qu'il démentait les propos du Snes. Mais il refusait de désigner les propos précisément démentis laissant ainsi planer un doute.
A quelques jours de la fin du second tour de table des négociations et alors que le Snes tient des Etats généraux, le communiqué du Snes remet en cause les démarches entreprises par le ministre. Affaibli par ses propos sur le cannabis, critiqué jusque là par des syndicats réformistes à propos des rythmes scolaires au primaire, voilà que Vincent Peillon s'est fait un nouvel adversaire. Plus on se rapproche de la conclusion des négociations non parlementaires, plus la pression monte pour le ministre.
François Jarraud
Liens :
Communiqué Snes
Double peine pour les professeurs des écoles