Refondation : Le Snes fixe des limites 

C'est un véritable coup de poing sur la table que vient de donner le 24 octobre le Snes. Et c'est aussi un avertissement très clair adressé à Vincent Peillon. Le premier syndicat du secondaire délimite précisément les lignes à ne pas franchir dans le cadre de la refondation. Le communiqué évoque trois motifs de conflit entre le ministre et le syndicat.

 

V Peillon accueille les negociateurs syndicaux octobre 2012 photo FJLe premier c'est l'Ecole du socle, c'est à dire le regroupement de l'école et du collège en une seule structure correspondant à la scolarité obligatoire. Cette organisation avait été proposée par plusieurs organisations comme susceptible de lutter contre l'échec scolaire car atténuant la distance entre école et collège. "Alors que le projet d’« Ecole du socle », contesté dans la concertation, n’avait pas été repris par le rapport sur la « refondation de l’Ecole », le ministre, contrairement à ses propos au Conseil supérieur de l'éducation du 11 octobre, semble vouloir le réintroduire par le biais d’une expérimentation inscrite dans la loi", annonce le Snes. "Non seulement cette fusion est rejetée par la masse des enseignants du second degré, mais, de plus, elle ne répond pas aux constats faits par tous sur l’origine des difficultés rencontrées par 15 à 20% des élèves en fin de CM2. Ces expérimentations, moins laboratoires d’évolutions du système éducatif que tentatives de généralisation par le local, conduiraient même à remettre en cause la structuration disciplinaire du second degré et le statut des enseignants en imposant à certains professeurs en collège de devoir enseigner dans le premier degré et réciproquement", ajoute le Snes.

 

Le second problème concerne le pilotage régional de la carte des formations. "Semble aussi prévue une décentralisation du pilotage de la carte des formations professionnelles vers les Régions. Cela signifierait que ces dernières décideraient en dernier lieu des créations et suppressions de sections dans les lycées professionnels et pour les STS, voire même les sections technologiques". Le pilotage régional a été décidé dans un accord entre l'Elysée et l'Association des régions de France en marge de la concertation. Mais il avait été annoncé que la loi donnerait aux régions un droit d'ouverture de sections et à l'Etat la possibilité de fermeture. D'après le Snes la région aurait tous les pouvoirs.

 

Enfin le Snes critique le "service territorialisé d'orientation", c'est à dire le passage des CIO aux régions. "Le ministre confirme le maintien des CO-Psy dans la Fonction Publique d’Etat. Cependant, par le transfert des CIO aux Régions, ils seraient placés sous la double tutelle Etat-Région passant de l’une à l’autre en fonction de leurs activités", ce que déplore le syndicat.

 

Pour le Snes "ces mesures sont à ce point inacceptables qu’elles créeraient une situation de conflit majeur entre les personnels du second degré et le ministre si ce dernier maintenait son intention de les faire figurer dans le projet de loi".

 

Interrogé par le Café pédagogique, le ministère faisait savoir qu'il démentait les propos du Snes. Mais il refusait de désigner les propos précisément démentis laissant ainsi planer un doute.

 

A quelques jours de la fin du second tour de table des négociations et alors que le Snes tient des Etats généraux, le communiqué du Snes remet en cause les démarches entreprises par le ministre. Affaibli par ses propos sur le cannabis, critiqué jusque là par des syndicats réformistes à propos des rythmes scolaires au primaire, voilà que Vincent Peillon s'est fait un nouvel adversaire. Plus on se rapproche de la conclusion des négociations non parlementaires, plus la pression monte pour le ministre.

 

François Jarraud

Liens :

Communiqué Snes

Double peine pour les professeurs des écoles

Par fjarraud , le jeudi 25 octobre 2012.

Commentaires

  • GalaxyNote, le 27/10/2012 à 11:04
    Si nous devons tenir compte des opinions de principe du S.N.E.S., alors il ne se passera rien. Ce syndicat comprendra, ensuite, bien plus tard qu'il a participé à scier la branche sur laquelle il était assis. L'école doit évoluer. C'est une absolue nécessité.
    • Manuel31, le 27/10/2012 à 14:31

      "Si nous devons tenir compte des opinions de principe du SNES, ..."
      Vous parlez du syndicat largement majoritaire. Cela s'appelle la démocratie. Nous ne sommes pas en Corée du Nord !
      Quant aux positions de principe ... j'aime l'idée d'avoir des principes.
      • GalaxyNote, le 31/10/2012 à 12:01
        Je connais cette réponse...de principe...
        J'appellerais, donc plutôt, "dictature", cette prééminence d'une pensée unique, qui n'a de "pensée" que le nom.


        • Manuel31, le 31/10/2012 à 17:45

          A la place de dictature, je parlerais de légitimité. Eh oui, il y a eu des élections professionnelles, même si leur résultat ne semble pas vous plaire.
          Quant à la fameuse pensée unique, c'est le genre d'argument qui peut être retourné à n'importe qui, au Snes comme à vous.
  • Manuel31, le 26/10/2012 à 15:01
    Les commentateurs semblent oublier que pour être enseignant,il faut d’abord maîtriser les contenus et avoir une formation pédagogique adaptée. D’où l’impossibilité d’intervenir en Primaire et Secondaire. A force de les souhaiter bons à tout faire, il ne faudrait pas rendre les enseignants bons à rien !!!
    Je n’aime pas entendre certains professeurs dire faire du social ou de la psychologie : qu’ils fassent leur travail du mieux possible et ce sera déjà pas mal. Autour de moi, nombreux sont ceux qui essaient. Quelques uns réussissent. D’autres sont mauvais. C’est comme dans tous les métiers, mais cela fait plus de mal qu’ailleurs.
    Le Snes est tout à fait légitime sur cette position, et les parents d’élèves devraient en être conscients.
    Devant l’ampleur de la tâche (15% des élèves entrant en 6èmene maîtrisent pas la lecture, 40% sont en difficulté scolaire), il vaudrait mieux plus de professionnalisme et des efforts de formation initiale et continue.
    Taper sur les profs comme cela se fait depuis quelques années profite à qui ? Compliquer leur travail ne fait que nuire à leur efficacité, et les commentateurs du Café Pédagogique ou de Libération par exemple devraient y réfléchir à deux fois avant d’étaler leur rancœur. Un enseignant qui réussit est un enseignant qui recueille l’adhésion des élèves et des parents. Là encore les commentateurs ont tout faux.
    Enfin, dire que les profs sont conservateurs ou égoïstes a autant de sens que de dire que les fleuristes sont radins et les boulangers orgueilleux …
  • mbaetens, le 25/10/2012 à 20:46
    Le SNES s'oppose à la "[remise] en cause [de] la structuration disciplinaire du second degré et [du] statut des enseignants en imposant à certains professeurs en collège de devoir enseigner dans le premier degré et réciproquement" ...

    Or, si l'on en croit différentes études, dont celle du HCE sur le collège, c'est justement cette organisation disciplinaire qui pose souci ... de même que "l'attachement féroce des syndicats aux discplines, suivant le modèle du lycée, les disciplines étant perçues comme le fondement de l'identité professionnelle des enseignants" (je cite le HCE).

    Comment espérer évoluer avec un syndicat aussi conservateur ? Quelle tristesse ...
    Marc
  • simlad, le 25/10/2012 à 09:01
    "Non seulement cette fusion est rejetée par la masse des enseignants du second degré, mais, de plus, elle ne répond pas aux constats faits par tous sur l’origine des difficultés rencontrées par 15 à 20% des élèves en fin de CM2." ... Ah bon? Alors comment répondre à un problème du CM2 en fusionnant école et collège ... Peut-être en permettant aux enfants de pouvoir suivre leur rythme individuel d'apprentissage justement par le biais de cette fusion ...
    Bon, toutes personnes censées et actant pour le bien des "enfants" "générations futures", ceux qui paieront nos retraites, sait cela. Mais je ne reste chaque jour un peu plus las des réactions égocentriques de nos syndicat prétendant se battre pour les enseignants. Les enseignants, ou ils ne sont pas d'accords avec les réactions du SNES mais ne disent rien car ça les arrange, ou ils sont d'accords et c'est un constat encore plus alarmant. C'est un cauchemar de lire de telle choses. Où sont nos enfants dans tous ça? Nous ne sommes que les tristes spectateurs d'une joute entre adultes pour des intérêts d'adultes... Mais quand nos enfants auront suffisamment grandi pour comprendre qu'ils n'étaient que les pions d'un jeux d'échec qui ne les concernent pas, papy syndic et mamy enseignant pourront se brosser pour toucher la retraite.
    Bref, de l'altruisme évoqué par des égoïstes ... Les syndicats ont été créé pour défendre des droits  certes, mais pas pour entraver les générations futures par de basses conceptions individuelles.
    Être prof est un droit et pas un devoir, c'est un luxe et pas une obligation, c'est important et pas secondaire, c'est notre avenir avant notre présent.
    Quand on choisi d'être prof, on le fait pour les autres, si ça n'est pas ou plus le cas, il faut prendre des vacances et reconsidérer sa place dans le monde.
    Merci au café pédagogique pour tous ce travail
    Simon
  • Chris41, le 25/10/2012 à 08:02
    Encore une fois ce syndicat montre son intransigeance et son incapacité à évoluer !
    Finalement, hormis la demande de plus d'heures et d'argent que demande-t-il sinon le statu-quo actuel ?
    C'est bien triste pour notre école et bien plus pour les jeunes qui y sont élèves !...
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