Refondation : Les explications du Snes 

Rassuré et rassurant il y a quelques jours, le Snes jette le 24 octobre l'alarme à propos de la loi d'orientation. Daniel Robin, co secrétaire général du Snes, s'en explique.

 

Dans votre communiqué, vous soulevez la question de l'école du socle. On croyait que le ministre avait trouvé une position d'équilibre avec vous. Que se passe-t-il ?

 

Le débat n'est pas sur le socle mais bien sur l'école du socle. On ne comprend pas ce qui se passe. Le ministre a toujours dit vouloir déminer cette question. Et là brusquement on apprend qu'on se lance dans des expérimentations dont le montage, la nature et l'inscription dans la future loi d'orientation peuvent être analysées comme des expérimentations ayant vocation à être généralisées.

 

Qu’est ce qui vous fait dire cela ?

 

Mon expérience. Je n'ai jamais vu d'expérimentation pilotée au niveau national, organisée à ce niveau dont on n'ait tenté la généralisation. L'expérimentation sera écrite dans  la loi d’orientation. Donc elle n'est ni passagère ni réservée à 2 ou 3 établissements. La loi décrit les axes politiques du ministre et c’est à ce niveau que se situe cette expérimentation. Il y a bien volonté de généraliser l'école du socle.

 

Cette école se ferait aux dépens du collège ?

 

En fait c'est la vieille idée d'école fondamentale écartée dans les années 1970 qui réapparait. Cela a-t-il un sens aujourd’hui de dire qu'il doit y avoir une organisation particulière uniforme du CP à la fin de la 3ème ? Or on sait bien qu'à l'issue de l'enseignement obligatoire aucun élève ne rentre dans l'emploi. Donc structurer le système éducatif sur une étape à 16 ans n'a pas de sens. Derrière il y a l’idée défendue déjà par Jospin en 1989 que la démarche disciplinaire au collège en 6ème et 5ème n'a pas de sens. C’est finalement la question de la bivalence des enseignants du second degré qui est posée à travers l’école du socle. Or à  chaque fois cela a conduit a des conflits.

 

Cela fait un moment que le transfert de la carte des formations aux régions est annoncé. Pourquoi réagir seulement maintenant ?

 

Donner plus de poids aux régions dans la définition de la carte des formations est concevable. Mais le ministre vient de trancher. On donne aux régions le pouvoir de décider de la carte des formations. On passe d'une compétence partagée a une compétence régionale. Cela alors que de nombreuses formations, comme la plasturgie ou des formations artistiques par exemple, dépassent géographiquement le cadre régional. On sait que les régions seront tentées de privilégier les formations répondant aux besoins locaux. Or aujourd'hui les jeunes sont mobiles. Cela n'a pas de sens de les former avec des formations strictement locales. L'organisation générale de la carte des formations doit sortir du cadre de l'immédiat et des limites de la région.

 

Vous ne pensez pas que confier la carte aux régions peut mieux ajuster la formation à l'emploi ?

 

Dans l'immédiat peut-être. Mais j'ai le souvenir des formations de programmateur des années 1980 qui se sont retrouvés sans emploi... La carte doit être conçue autrement que dans une vision locale. Et elle doit être en décalage avec une vision immédiate de l'emploi. Personne ne sait ce que sera l'emploi dans 5 ans.

 

Vous laissez entendre que le livret personnel de compétences (LPC) pourrait revenir . Ca repose sur quoi ?

 

Sur les déclarations qui nous ont été faites. On estime que les compétences ne sont que des savoir faire sans maitrise des savoirs. Il semble que le LPC sera adapté mais que pour autant la logique de compétences demeurera. Mais ce sujet n'est pas un point de rupture pour nous.

 

Si le ministre continue sur cette voie qu'allez-vous faire ?

 

Nous envoyons un message très clair. S'il n'y a pas d'évolution sur les trois points indiqués, il y aura conflit avec les enseignants du second degré. C'est à dire que nous appellerons à la grève.

 

La refondation est-elle en train d'échouer ?

 

Ce qui se passe est en décalage avec la concertation. Personne cet été n'a dit que l'école du socle devait être mise en place. Le ministre lui même ne l'a pas évoquée comme un élément de la loi. Or dans son projet de loi cela occupe une place considérable. Cette expérimentation est présentée comme s'appuyant sur l'article 37-1 de la constitution ce qui n'est pas rien !  Derrière elle, il y a en perspective une modification du décret statutaire des enseignants. On ne peut pas laisser passer cela.

 

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le jeudi 25 octobre 2012.

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