Refondation : Peillon fait accepter ses vues sur la maternelle et le primaire 

Vincent Peillon a habilement posé les premières pierres de la refondation lors de la première journée de négociation avec les syndicats le 15 octobre. Aucun de ses prédécesseurs ne s'est autant impliqué dans les discussions. Au soir de cette première journée, le ministre a fait passer ses idées, sans soulever d'opposition ouverte, sur la maternelle, le primaire, le numérique et... le socle commun. Chapeau l'artiste !

 

C'est un véritable marathon de débats que s'impose Vincent Peillon en animant lui-même les discussions avec les syndicats toute la journée. Lundi 15 octobre, le ministre, accompagné de G. Pau-Langevin, dirige les débats de façon active et convaincante. "C'est lui-même qui a mené la discussion avec une grande connaissance des questions et aussi en sortant ses tripes d'enseignant", nous confie un syndicaliste. "Il est habile et il va au contact", nous dit un autre. Le ministre est présent toute la journée de 10h à 19h30. Face à lui tous les syndicats sont présents. Chacun vient avec ses inquiétudes et les points sur lesquels il entend l'emporter. "Les débats ont été de bon niveau et intéressants", témoigne un représentant syndical. Un autre confirme que les divergences ont pu s'exprimer mais sans forte tension, le ministre cherchant à aplanir les oppositions.

 

Le premier sujet abordé est la maternelle. V. Peillon tient à ce que ses missions apparaissent dans la loi d'orientation qui sera adoptée en janvier 2013. Le ministre en a une vision proche de celle du rapport de l'Inspection générale. La maternelle ne se réduit pas à être une petite école élémentaire. Elle doit redevenir une école particulière avec ses propres méthodes et des enseignants formés à ses spécificités. De nouveaux textes devraient affirmer cette réorientation en 2014. Par contre c'est dès la rentrée 2013 que V Peillon souhaite scolariser davantage d'enfants de moins de trois ans dans les zones prioritaires. Un objectif qui n'aurait pas soulevé de difficultés lors de la réunion mais qui risque d'être difficile à atteindre : c'est dans ces zones que le "réservoir" de candidats aux concours d'enseignement est le moins généreux.

 

Pour l'école élémentaire, le principal objectif est le "plus de maîtres que de classes". La loi d'orientation précisera les missions de l'école élémentaire. Aux missions actuelles s'ajouteraient l'éducation artistique et musicale, l'apprentissage (et non plus l'initiation) à une langue vivante, l'inévitable éducation morale et aussi une éducation aux médias. Tout cela devra être fait par les enseignants avec des programmes qui n'arriveront pas avant 2014 ou 2015. Par contre c'est dès la rentrée 2013 que V Peillon veut instaurer le plus de maîtres que de classes. Dans son esprit il ne s'agit pas simplement d'envoyer des enseignants. Les écoles retenues pour bénéficier de ces enseignants en supplément devront adapter leur organisation pour tirer le meilleur parti de ce collègue supplémentaire. Elles seront prévenues en mars. Le ministère expérimentera un cycle commun école collège alliant Cm1 Cm2 et 6ème avec un conseil pédagogique spécifique mixte. Cette disposition a rencontré des oppositions dans les délégations. Deux points restent encore obscurs. L'avenir des Rased n'est pas fixé. Le ministre se retranche derrière un rapport attendu de l'Inspection générale. Celui des directeurs également.

 

Le socle commun pouvait opposer fortement les syndicats présents. Le ministre affirme vouloir chercher le consensus mais il a défendu le socle commun. Cependant, celui ci est rebaptisé "socle commun de compétences, connaissances et culture. Le Conseil supérieur des programmes devrait le redéfinir.

 

Le numérique clôt cette première journée de négociations. Le ministre a présenté son plan numérique. Il s'articule en 4 axes. V Peillon veut créer un "réseau social professionnel" reliant les enseignants et l'administration. Un beau projet si... ces réseaux n'existaient pas déjà (pourquoi tenter de les détruire ?) et si la culture de l'administration était différente... Il va développer des ressources pédagogiques gratuites qui seront mises à disposition sur Internet. Un service public de soutien scolaire en ligne sera ouvert. Enfin une plate forme de formation continue à distance pour les enseignants, un dispositif bienvenu pour le ministère puisque le budget ne permet pas de développer une vraie formation continue. On voit évidemment ce qui manque : l'Education nationale est toujours en discussion avec les collectivités territoriales pour trouver des solutions à deux problèmes majeurs : l'équipement des écoles et la maintenance du matériel informatique à tous les niveaux.

 

Ces derniers points nous ramènent aux difficultés que rencontre V Peillon. Très persuasif et habile avec les syndicats, le ministre ne possède pas un budget suffisant pour mener à bien la totalité de ses projets. C'est clair pour le numérique où la question du coût de la maintenance par exemple se pose. C'est clair aussi pour le recrutement des enseignants : comment attirer dans une profession aussi mal rémunérée ?

 

Aujourd'hui mardi, V Peillon et les syndicats se rencontrent à nouveau pour une séquence qui pourrait être plus difficile. En effet la réunion va traiter des collèges, des lycées, de l'orientation, de l'enseignement professionnel, de la gouvernance et de la formation. Sur tous ces sujets les oppositions sont fortes. Bon courage M.Peillon !

 

François Jarraud

 

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 16 octobre 2012.

Commentaires

  • Yannickal, le 16/10/2012 à 14:50
    Pourquoi ne citez-vous pas le nom des syndicalistes ?
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