Refondation : Le Snes confiant et rassuré 

Premier syndicat de l'enseignement secondaire, très critique sur le rapport de la concertation, comment le Snes juge-t-il la loi d'orientation présentée par Vincent Peillon ? Pour Roland Hubert, co-secrétaire général, la discussion peut s'ouvrir parce que le ministre a renoncé au socle. Le Snes est "globalement satisfait". Il annonce que le ministre aurait reconnu durant le CSE ne pas avoir de quoi financer la formation continue...

 

"Il ne s’agit que du recyclage de représentations convenues, nullement étayées par de quelconques études et qui n’aboutiraient qu’à affaiblir la professionnalité des enseignants sans gain réel pour les élèves". C'est en ces termes que le Snes a évalué le rapport de la concertation sur la refondation de l'Ecole remis le 9 octobre. Interrogé par le Café, Daniel Robin estimait qu'un conflit était possible à propos de la bivalence et du socle commun, deux principes rejetés par le syndicat. Le 11 octobre, le Snes semble rassuré par Vincent Peillon et confiant dans le processus législatif lancé par le ministre. Il explique pourquoi.

 

Vincent Peillon a présenté ce matin ses premiers arbitrages sur la refondation de l'Ecole. Comment les accueillez-vous ?

 

Le ministre est dans la continuité par rapport à la concertation tout en prenant ses distances par rapport au rapport final. Dans son discours il annonce l'ouverture de négociations sur ces axes là. On ira dès lundi à cette négociation pour discuter de ces axes qui globalement nous satisfont.

 

Vous étiez particulièrement hostile aux préconisations concernant le collège. Etes-vous rassuré ?

 

On a entendu le ministre déclarer clairement qu'il n'y aura pas de bivalence. Il a rappelé l'identité disciplinaire des enseignants du second degré. Ce sont deux éléments importants.

 

La présentation qu'il a faite des objectifs de la scolarité obligatoire - je ne sais même pas si on peut encore parler de socle - est vraiment inscrite dans une vision d'un ensemble de culture, de savoirs, de compétences qui est plus conforme à l'école du 21ème siècle que le socle. Là aussi on a une ouverture et une prise en compte de ce que la concertation a fait apparaitre qui nous semble intéressante. Lors de la concertation on avait marqué notre accord avec l'idée que la nation définisse un ensemble de connaissances, de compétences culturel commun. On est d'accord pour travailler ensemble.

 

La proposition de la concertation de confier la définition et les grands axes de cet ensemble commun à une entité indépendante, du type de l'ancien Conseil national des programmes, nous convient. Par cette proposition on sort de l'idée du socle d'un coté pour quelques uns et des programmes pour les autres. C'est un point de rupture très important par rapport à la loi de 2005.

 

Le ministre annonce une évaluation positive, les devoirs faits en classe. Vous en pensez quoi ?

 

Lors de la concertation, le débat sur l'évaluation était surréaliste. Toute notation n'est pas obligatoirement négative. On n'a jamais été favorable à l'humiliation des élèves. L'utilisation d'une échelle de 0 à 20 ne nous semble pas la moins bonne solution.  Mais on n'est pas contre une réflexion sur ces questions. Sur les devoirs réalisés à l'école, on dit depuis longtemps que le travail à la maison est porteur d'inégalités.

 

Le ministre veut aussi limiter les redoublements...

 

C'est un vieux serpent de mer. La difficulté c'est de trouver des solutions alternatives pour qu'un élève puisse résoudre ses lacunes.

 

V. Peillon a annoncé ses priorités budgétaires : la formation des enseignants, la maternelle, le plus de maitres que de classes au primaire. A-t-il vraiment les moyens de la refondation ?

 

S'il arrive à sanctuariser le budget, et il a des assurances pour cela, je suppose qu'en homme politique responsable il a les moyens annoncés.

 

Même pour financer la formation continue ?

 

Vincent Peillon a reconnu qu'il avait un problème de budget pour la formation continue. C'est un problème ancien car la formation continue a été sabrée depuis plusieurs années. Il faut sans doute du temps pour la remettre en place. Mais déjà si on pouvait faire des choses qui correspondent aux besoins des personnels, autre chose que la mise en oeuvre des réformes, ce serait bien.

 

Etes-vous déçu que le ministre ne réforme pas le lycée tout de suite ?

 

On est déçu par le rapport et qu'il n'y ait pas de préconisations sur le lycée. En même temps, il va bien falloir remettre la réforme à plat. On espère que ce chantier va s'ouvrir.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 12 octobre 2012.

Commentaires

  • Maurber, le 12/10/2012 à 11:35

    Les commentaires sont en italiques

    Refondation :Le Snes confiant et rassuré: il pourra maintenir le statu quo. Deux exemples simples.

    Le ministre annonce une évaluation positive, les devoirs faits en classe. Vous en pensez quoi ?

     

    Lors de la concertation, le débat sur l'évaluation était surréaliste. Traduction: on a parlé pour ne rien dire. Toute notation n'est pas obligatoirement négative. Truisme. On n'a jamais été favorable à l'humiliation des élèves. Encore heureux! Mais dire cela, n'est-ce pas avouer qu'on l'a été ...un peu?
    L'utilisation d'une échelle de 0 à 20 ne nous semble pas la moins bonne solution.  Litote! Mais on n'est pas contre une réflexion sur ces questions. On peut toujours causer, quitte à dire ensuite que "le débat était surréaliste" . Nous, Snes, sommes pour le statu quo.

    Sur les devoirs réalisés à l'école, on dit depuis longtemps que le travail à la maison est porteur d'inégalités....
    ....mais c'est pas ça qui va nous empêcher de continuer à en donner.

    Le ministre veut aussi limiter les redoublements...

     

    C'est un vieux serpent de mer. La difficulté c'est de trouver des solutions alternatives pour qu'un élève puisse résoudre ses lacunes....
    .... et comme on n'en trouve pas (on se garde bien de chercher et de constater qu'ailleurs ça fonctionne très bien), on ne change rien.

    • IdentRemo, le 12/10/2012 à 22:22
      Effectivement la relecture de l'interview faite par Maurber en Commentaires est lucide et les enseignants du primaire qui se sont tout de même beaucoup investis dans le travail par compétences, le Socle et pour les élèves et leurs parents dans des codages qui remplacent les notes et rendent compte des acquis vont être étonnés.

      Les collègues du secondaire qui parlaient de la primarisation du Collège, vis à vis de la mise en place du Socle ont, si l'on suit les conclusions de cette interview, obtenu gain de cause : haro donc sur le Socle, et on conserve la notation classique en attendant des discussions qui vont être le plus longue possible pour préserver un mode plus ancien.
      • Abonentendeur, le 15/10/2012 à 11:41
        Il est de bon ton de critiquer les collègues du second degré qui serait hostiles à l'innovation et farouches partisans du statu-quo.
        Il n'empêche que le rejet de la logique du socle en collège vient d'un constat d'échec largement partagé par la majorité des intéressés. Rappelons-nous la volte-face de Meirieu et la motion du congrès de la FCPE en 2011.
        Que le premier degré conserve son socle si ça lui convient et pourquoi pas. Mais que l'on accepte aussi que le second degré puisse travailler autrement. Et surtout que les  "réformistes éclairés" qui piaffent depuis 30 ans arrêtent de vouloir imposer à tout prix leur vision idéalisée d'une école primaire du siècle dernier qu'il faudrait pousser jusqu'à 16 ans .
        C'est quand même incroyable, intellectuellement, de prétendre vouloir étendre au collège un modèle du primaire qui fabrique plus de 20% d'élèves en difficulté à l'entrée en sixième.
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