Refondation : Hollande valide le rapport de la concertation 

La seconde phase de la refondation de l’Ecole commence aujourd’hui. Devant près de 400 invités réunis en Sorbonne ce 9 octobre, dont une douzaine de ministres, le président de la République a reçu le rapport de la concertation sur la refondation de l’Ecole et annoncé ses intentions. Certaines mesures seront applicables dès la rentrée 2013. Tout est-il dit ? Non car il faut passer des objectifs à la mise en forme concrète. On entre maintenant  dans l’ère des négociations avec le Parlement, les collectivités locales et les syndicats pour faire aboutir les décisions présidentielles. Le chemin sera long et pas toujours pavé de bonnes intentions…

 

Quatre mois après son ouverture en Sorbonne en juillet 2012, les participants à la concertation sur la refondation de l’Ecole se sont retrouvés en Sorbonne le 9 octobre. Un peu moins nombreux du coté des acteurs de l’Ecole. Un peu plus du coté du gouvernement puisque une douzaine de ministres sont venus accueillir le président Hollande. Aux cotés de V. Peillon et de G Pau Langevin, M Valls, C Duflot, N Vallaut-Belkacem, G Fioraso, V Fourneyron, liste non limitative, donnent à penser que la refondation de l’Ecole concerne tout le monde.

 

Eclairages involontaires

 

Durant une heure, avant la remise du rapport par Nathalie Mons, les quatre rapporteurs et les quatre présidents de groupe de la concertation sont revenus sur le rapport. Rien de bien neuf si ce n‘est des éclairages parfois involontaires. Ainsi quand N. Belloubet affirme « on va en finir avec le livret personnel de compétences » avant d’ajouter « enfin c’est le ministre qui décidera… ».  Ou quand Y Durand, interrogé sur la formation continue obligatoire des enseignants précise que « la formation ne sera pas forcément durant les vacances car ce n’est pas forcément la bonne solution ». Ou encore quand F Momboisse affirme que « le numérique ça ne vas pas venir d’en haut. Ca va essaimer d’en bas ».

 

Une Ecole échaudée

 

François Hollande justifie son intérêt pour la refondation. « L’investissement dans l’éducation est la meilleure façon de répondre aux grands enjeux de notre pays : le redressement économique , la cohésion nationale, la promesse républicaine ». Le président sait que l’Ecole « a été échaudée » par tant de réformes menées à mal. Mais pour lui, « ses personnels sont prêts. Les parents l’espèrent, les élus locaux sont disposés à accompagner les mutations ».

 

Les mesures pour 2013

 

Du rapport, F. Hollande retient une première série de mesures à appliquer dès la rentrée 2013.  La première c’est la formation des maîtres. « Connaitre ce métier c’est d’abord maitriser sa propre discipline », affirme Hollande. « Mais le avoir ne peut suffire à préparer les futurs enseignants à la réalité de leur exercice professionnel  qui exige un savoir faire ». Il est donc question de « professionnalisation » . Les nouvelles écoles ESPE « ouvriront à la rentrée 2013 ». Leur statut reste à définir.

 

La priorité au primaire devrait également se décliner dès la rentrée. Il s’agit de scolariser les enfants de moins de trois ans dans les territoires défavorisés dans le cadre d’une « scolarisation adaptée «  avec des enseignants formés spécialement. Pour l’école élémentaire c’est le « plus de maitres que de classes » dans les établissements « qui en ont le plus besoin ». Le président annonce aussi la limitation des redoublements, une notation plus positive et les devoirs faits dans l’établissement plutôt qu’à la maison.

 

Sur les rythmes scolaires, le président annonce 9 demi journées de classe au primaire. Le passage à 5 heures de cours par jour n’est pas programmé de façon stricte dans le temps. Pour le gouvernement c’est probablement un point à négocier avec les syndicats car la mesure a un impact sur le travail enseignant et les postes.

 

Le numérique fait partie des points appliqués à la rentrée 2013. Vincent Peillon devrait faire une annonce au Salon de l’Education. Comment se fera cet « essaimage » promis par F Momboisse ? Ce que semble promettre le gouvernement c’est plutôt du soutien à la production de contenus, la mise en place de modules de formation à distance pour les enseignants, des services d’aide aux devoirs. On est assez éloigné du modèle imaginé par la concertation. Les collectivités devraient aussi, avec l’aide de l’Etat, développer le haut débit.

 

Les autres points applicables à la rentrée concernent la décentralisation. Le président a confirmé la mise en place d’un service « territorialisé » de l’orientation et le pilotage régional de la carte des formations. A vrai dire ces points ont déjà été actés dans une convention avec l’association des régions.

 

L’éducation prioritaire fait évidemment partie des priorités d’une refondation censée lutter contre les inégalités territoriales. François Hollande promet « l’aide personnalisée aux établissements ». Le gouvernement mettra fin, probablement par une simple circulaire, au système de labellisation (ZEP, RAR , CLAIR etc.). A la place tous les établissements verront leur DHG varier en fonction de leur composition sociale. Les contrats d’objectifs des établissements seront négociés ce qui sera assez long. La disparition de la labellisation suscite beaucoup d’inquiétude chez les acteurs de ce secteur. L’OZP y lit une « liquidation » de l’éducation prioritaire. Elle demande des éclaircissements sur les intentions gouvernementales.

 

Et le collège ?  F Hollande a réaffirmé son soutien au socle commun, mais n’a pas mis l’amélioration de la liaison école collège dans les priorités de 2013. Le président veut « encourager l’autonomie des équipes pédagogiques et les initiatives locales » sans que l’on sache concrètement comment cela peut être mis en place.

 

Tout reste à faire

 

Les semaines et les mois à venir vont devoir traduire ces intentions en actes. Vincent Peillon devrait annoncer dès jeudi 11 octobre une première série de textes qui pourraient être proposés au Conseil supérieur de l’Education. Les négociations avec les syndicats vont s’engager. Déjà certains manifestent leur opposition à certaines mesures. Un autre problème attend le gouvernement. La modification des rythmes scolaires implique le développement du périscolaire. Personne ne sait comment la financer. Le gouvernement va prendre rendez vous avec les associations de maires pour faire avancer ce dossier.

 

Francois Jarraud

 

Par fjarraud , le mardi 09 octobre 2012.

Commentaires

  • fjarraud, le 09/10/2012 à 16:16
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