Avec son 10ème Forum annuel de la visite scolaire, Universciences mettait en scène, ce mercredi 3 octobre, une large palette de sorties scolaires à disposition des classes, de la maternelle au lycée, en région parisienne et dans toute la France. De quoi ravir les quelques 3000 visiteurs venus découvrir les propositions de 120 exposants, rassemblés à l'Espace Condorcet pour une fructueuse journée d'échanges et de rencontres. Entre structures institutionnelles, musées, organismes de voyages, transporteurs, lieux de culture ou de science, l'occasion était idéale de réviser de fond en comble habitudes et idées toutes faites sur les activités à mener en dehors de la classe.
Des projets sur-mesure, d'Océanopolis aux Arts et Métiers.
Souplesse et adaptation, ce sont les principales qualités que les partenaires des établissements scolaires ont appris à développer pour s'adapter à leur public, exigeant sur la qualité des contenus mais contraint par des limites de budget ou des règles de sécurité. Le sur-mesure est donc devenu quasiment la règle unanime : ainsi du Parc Océanopolis, de Brest, venu présenter ses ateliers éducatifs autour des trois écosystèmes de la planète . Milieux marins, univers sensoriels ou encore faune marine, un ensemble de programmes de 2 à 5 jours, prévoyant l'hébergement et les activités connexes (sports nautiques, visites d'autres sites, etc.), permettent de découvrir les trésors du centre océanographique (l'un des plus importants d'Europe) et de ses environs.
Quelques stands plus loin, c'est le Musée des Arts et Métiers qui propose d'explorer les inventions scientifiques et techniques des deux derniers siècles : Tiphaine Menai présente les tirages papier réalisés par des élèves de primaire dans l'atelier de gravure, non loin d'une maquette pédagogique de presse typographique à deux coups du XVIII ème siècle, qui agrémente la partie historique de la visite. « Nous proposons des parcours guidés du musée et des ateliers sur un thème au choix de l'enseignant. Les sept collections du musée, qui regroupent près de 80000 inventions, laissent largement de quoi personnaliser les activités ! C'est aussi l'occasion de découvrir des métiers : des métiers manuels les plus traditionnels aux derniers développements de l’ingénierie, les centres d'intérêts ne manquent pas pour les élèves. Et pour les scientifiques, l'atelier autour du pendule de Foucault a toujours beaucoup de succès... »
Des lieux de sensibilisation artistiques et culturels.
Parmi les lieux de spectacle, dont la politique d'ouverture au jeune public est en plein développement, l’Abbaye de Royaumont, d'Asnières dans l'Oise, propose ainsi « côté scène » des ateliers sur le son, le chant ou la danse, et « côté jardin » des ateliers de découvertes des plantes, des odeurs et des saveurs médiévales, dans un cadre architectural et historique exceptionnel. Sébastien Salomon, chargé du jeune public, souligne le développement régulier de l'offre scolaire, sous l'impulsion du directeur général, Francis Maréchal et du responsable grand public, Jérôme Johnson, ainsi que son constant renouvellement, sous l'influence des résidences d'artistes par exemple, ou de l'effort d'adaptation particulier en faveur des ZEP. Ce sont près de 15000 enfants des environs proches ou lointains qui découvrent ainsi les activités scolaires de l'Abbaye chaque année.
Se former aux sorties culturelles avec la DAAC.
« Une sortie peut aussi être ratée, remarque Stéphanie Coudurier, professeur de philosophie travaillant à la DAAC du rectorat de Créteil, en charge des formations d'ouverture culturelle en danse et culture. C'est parfois, simplement, par manque de préparation. Il faut une approche patiente et progressive, cela s'apprend. » Les enseignants les plus partants pour l'aventure ? « Ce ne ne sont pas les enseignants des secteurs les plus faciles, socialement et scolairement, reconnaît Stéphanie Coudurier. Les professeurs de collège du 93 sont très investis, par exemple. Il y a des professeurs expérimentés, « militants », mais aussi des débutants qui veulent vraiment engager des démarches nouvelles. Les formations que nous proposons dans le cadre du PAF visent l'interdisciplinarité, le décloisonnement des matières et le travail en commun. Mais les professeurs manquent cruellement de temps pour la concertation et la préparation. On sous-estime souvent le temps nécessaire au montage et à la préparation d'une activité de sortie culturelle, même si on en reconnaît ensuite les effets positifs sur les élèves. C'est un investissement vraiment énorme. Un autre frein, peut-être, ce sont les dossiers à remplir : ils sont longs et compliqués, ils peuvent décourager. Et puis aussi, bien sûr... la hantise de ne pas finir le programme, surtout chez les plus jeunes ! »
Pour Sabine Lancrey-Javal, responsable du Forum, chargée de promotion public scolaire à la direction du développement des publics et de la communication d'Universciences, cette 10ème édition marque une étape vers de nouvelles évolutions. L'événement n'a cessé de croître au fil des années, « sans jamais perdre sa dimension humaine ! précise-t-elle. On ne se sent pas étouffé dans la multiplicité des stands, l'événement reste convivial. » Mais la transformation des espaces, prévue dans les mois à venir, oblige à reconsidérer l'avenir de l'événement. « Peut-être des conférences sur des thématiques, des forums en fonction de la demande des enseignants ? » s'interroge Sabine Lancrey-Javal. Difficile, en effet, d'évaluer exactement l'impact de la manifestation, que ce soit sur l'offre scolaire d'Universciences ou sur les contacts entre exposants et visiteurs, et de décider des évolutions à réaliser. Il est certain cependant que l'intensité des conversations et le volume de la documentation emportée par les enseignants témoignent largement en faveur de l'événement sous sa forme de Forum libre et ouvert à tous.
Jeanne-Claire Fumet