L'enseignement catholique en attente de refondations 

"Rentrée paisible" affirme Eric de Labarre, secrétaire général de l'enseignement catholique. Cinq mois après la vague rose , l'enseignement catholique a digéré ses inquiétudes. Mais il doit faire face à deux refondations. Celle de l'Ecole où sa place reste à construire. Et la réécriture de son statut en juin qui orientera également son avenir.

 

La rentrée 2012 apporte sa moisson de nouveaux élèves. Eric de Labarre a présenté le 2 octobre les chiffres de la rentrée qui font état de près de 5 000 élèves supplémentaires. L'enseignement catholique progresse au collège et, nettement moins, au lycée. Il recule légèrement dans le premier degré et de façon plus sensible dans l'enseignement agricole (un millier d 'élèves en moins). Ces mouvements restent minimes au regard de la masse des 2 millions d'élèves (18% des enfants scolarisés).

 

Mais ils permettent d'évoquer la "pression" qui s'exerce sur les établissements privés. Selon E de Labarre, 40 000 jeunes au moins n'ont pas trouvé de place dans les établissements catholiques. La croissance des effectifs montre que la demande existe bien dans les académies de Versailles et Créteil par exemple.

 

Comment y faire face alors que la rentrée a vu 1283 emplois d'enseignants disparaitre ? E de Labarre met en avant "l'optimisation " des moyens. L'enseignement catholique avait proposé à Chatel de diminuer les horaires d'enseignement, de regrouper les disciplines ou de modifier les obligations de service des enseignants. Le changement de gouvernement a réglé le problème et E de Labarre s'en félicite.

 

Le défi de la refondation

 

"Les relations avec Vincent Peillon sont bonnes, vous pouvez l'écrire", assure Eric de Labarre. Il n'en reste pas moins que la refondation et les premières mesures prises interrogent l'avenir de l'enseignement catholique. Ainsi la réforme de la formation des maîtres avec la création des ESPE (à la place des IUFM) va l'obliger à revoir ses propres circuits de formation. Les ESPE seront-elles des écoles d'université ou des établissements autonomes ? L'annonce de l'embauche des emplois aidés professeurs interpelle aussi l'institution catholique. Le Parlement a modifié le projet de loi de telle façon que l'enseignement catholique puisse bénéficier des 18 000 emplois prévus. Mais personne ne sait encore comment cela se fera sur le terrain, d'autant que l'enseignement catholique ne recrute pas beaucoup en ZUS. La création d'un Comité technique paritaire propre à l'enseignement catholique est salué positivement par E de Labarre mais il marque bien une séparation entre les systèmes d'enseignement.

 

Le futur statut

 

Parallèlement l'enseignement catholique s'est lancé dans l'écriture d'un nouveau statut. Il devrait être présenté début juin 2013 lors d'une convention nationale. C'est l'occasion pour l'enseignement catholique de réfléchir à ses structures et son organisation. Largement aux mains des congrégations au 19ème siècle, l'enseignement catholique s'est laïcisé sous la pression des lois laïques au début du 20ème siècle. Les évêques français ont pris le pouvoir sur des ordres religieux parfois ultramontains avec la bénédiction de l'Etat. Aujourd'hui les congrégations ont du mal à se maintenir. Le vrai enjeu est plutôt l'organisation des pouvoirs entre les évêques, le respect des autonomies locales.

 

Et la crise

 

Les difficultés économiques sont-elles aussi au rendez-vous ? Selon le président de la Fnogec, Michel Quesnot, 20% des établissements connaîtraient des difficultés. Les charges augmenteraient plus vite que les recettes particulièrement du fait de la montée de la masse salariale. Et les établissements auraient du mal à financer les investissements immobiliers rendus nécessaires par la loi de 2005 sur le handicap. Mais les organismes de gestion sont d'autant plus promptes à mettre en avant ces difficultés qu'ils négocient en ce début d'année un accord social avec leur personnel.

 

François Jarraud

Par fjarraud , le mercredi 03 octobre 2012.

Commentaires

  • dcaille, le 03/10/2012 à 08:16
    Monsieur Delabarre oublie un détail dans sa rentrée "paisible" : actuellement le collège employeur veut imposer une nouvelle convention collective pour les salariés de l’enseignement catholique. De nombreux avantages disparaitraient (primes temps de travail ...) . C'est pourquoi une intersyndicale appelle à manifester samedi 6 octobre à Paris. Plus de détail sur:  http://www.snec-cftc.fr/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=77&cntnt01returnid=56


    • pierrick777, le 03/10/2012 à 09:13
      Tout à fait d'accord. Les personnels PSAEE de droit privé des établissements catholiques (équivalent des TOS dans le Public) se retrouvent pour certains en dessous du salaire minimum de branche (1470€ brut) seulement après 2 ans d'un nouveau système de reclassification qui avait mis 3 ans a voir le jour... 
      N'oublions pas les trops nombreux temps partiels subits a majorité féminin réalisés par des salariés corvéables qui vivent en dessous du seuil de pauvreté de l'ASEM de maternelle, à la salairé de cuisine ou de ménage. L'enseignement catholique ferait bien de réactiver son "observatoire social" plutot que de donner dans l'autosatisfaction.
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