Parents, équité, territoire 

Par Monique Royer

 

C’est comme un marronnier qui s’agite à l’automne, un marron niché sous les feuilles mortes dans lequel on shoote distraitement. A chaque rentrée d’une étape fatidique, arrivée au collège, entrée au lycée, les parents mesurent d’où leurs enfants viennent, les chances amoncelées, les billes collectées pour réussir à l’école, pour réussir scolairement.

 

Hélas sans doute, la mesure s’effectue à l’aulne des performances. « Au CM2 mon p’tit dernier a appris l’anglais en jouant tandis que Simon qui vient de l’école de la ville d’à côté comprend déjà tout de la leçon. D’ailleurs les premières notes s’en ressentent, il a eu 4 sur 20, depuis il déprime un peu. » Inquiétude quand les comparaisons s’installent sans qu’aucunement n’entrent dans la balance des capacités diffuses, le plaisir d’apprendre où l’approche raisonnée d’une situation. Non, ce que l’on regarde c’est ce que savent déjà les enfants de ce que les cours délivreront. Et la note tombe comme un coupe-joie, une ombre sur l’entrée au collège si attendue.

 

A cette mère inquiète à l’heure de la pause café, quand l’étau du travail se desserre et que les langues se délient, nous aimerions dire que la note n’est rien et qu’il ne faut pas jeter l’école primaire de son petit dans les orties sous prétexte qu’il ne connait pas sous le bout des doigts les règles de base de la langue anglaise.  Nous voudrions lui dire que son enfant si épanoui devrait réussir. Mais le propos nous échappe « pourquoi noter si tôt ? ».  La performance, la compétition font des leurs, entrainant dans leur sillage l’évaluation de l’école précédemment fréquentée au regard des résultats collectés. Tant pis si dans cette école un projet était bien en place pour favoriser le plaisir d’apprendre.

 

L’exemple est anecdotique. Il illustre pourtant ce triste déséquilibre, cette inéquité entre les enfants, entre les territoires, en fonction des moyens, des méthodes, des projets, en relation aussi avec ce qui est attendu par les enseignants du collège. On touche bien là à la limite de l’autonomie des établissements. Un projet pédagogique mené sans lien avec les niveaux supérieurs risque une incompréhension et finalement une mise en difficulté scolaire des enfants confrontés à un système différent où la mesure de la performance est basée sur d’autres critères.  Doit-on pour autant rogner sur cette autonomie, véritable source de créativité et d’innovation pour les équipes pédagogiques ? Certes non.  Etablir l’équité entre les enfants lors de l’entrée au collège se joue aussi dans un projet partagé et construit à l’échelle d’un territoire. La carte scolaire est un enjeu, la carte de l’éducation encore plus. Elle prend tout son sens dans une dimension territoriale favorisant le dialogue entre les différents niveaux de l’école et la continuité dans la scolarité des enfants. Espérons que la refondation de l’école et l’acte III de la décentralisation sauront conjuguer leurs ambitions pour dessiner cette carte de l’éducation.

 

Monique Royer

 

 

Par fjarraud , le vendredi 28 septembre 2012.

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