Goncourt des lycéens : « Montrer que la littérature est aussi un monde de vivants » 

Le Goncourt des Lycéens est aussi un défi pour les enseignants qui lancent le projet dans leurs classes. Priscillia Le Bihan, professeure de lettres au Lycée Kerichen à Brest, témoigne ainsi de l'ampleur et des intérêts de la tâche à accomplir...

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans le projet "Goncourt des Lycéens" ? Quels bénéfices en attendez-vous pour vos élèves ?

 

Participer au Goncourt des lycéens permet aux élèves de lire des œuvres immédiatement contemporaines. Le fait d'élire un livre dans une sélection donnée leur donne un rôle actif, ce qui devrait stimuler leur envie de lire. Ils deviennent des juges, statut qu'ils n'ont pas autrement. En ayant conscience des enjeux de ce prix, leur nouveau rôle d'évaluateur devrait être pris au sérieux, et leur jugement fondé sur des raisons assumées. Cela contribue ainsi à former la réflexion de chacun et à la confronter à d'autres. Et même si leur rôle est très sérieux, les lectures qu'ils effectuent relèvent de la lecture plaisir, faite à la maison, dans l'ordre qu'ils veulent. Si les contraintes sont réelles, ils en choisissent les modalités. On leur fait confiance, on les écoute, on reconnaît leur avis, alors que souvent, leur opinion n'est qu'un enjeu scolaire.

 

Les rencontres avec les auteurs prévues dans le cadre de l'opération donneront aussi chair à des noms sur une couverture. Souvent, pour les élèves, les écrivains sont associés à des époques révolues. Lire des romans du XXIème siècle, voir ceux qui les ont écrits montrera à ceux qui en doutaient que la littérature est aussi un monde de vivants.

 

Vos élèves viennent de recevoir les 11 livres de la sélection Goncourt des Lycéens 2012 : dans quel état d'esprit sont-ils au moment où ils s'engagent dans l'expérience ?

 

Beaucoup d'élèves ne connaissaient pas le Goncourt des lycéens. J'ai d'abord présenté le prix, son histoire, ses élus, et les heureuses conséquences pour ceux-ci. Je leur ai parlé précisément de leur rôle pendant toute l'opération, du calendrier, et insisté sur l’immense chance qu'ils avaient de participer à ce prix. Le témoignage de Jeanne, une élève qui a participé au prix l'an passé, a certainement rendu mes propos plus crédibles. Elle a raconté avec enthousiasme tout ce que lui avait apporté cette participation et tout le plaisir qu'elle avait eu de lire et d'élire.

Pour l'instant, le nombre de romans à lire les effraie -11 livres en moins de 2 mois- ils craignent de ne pas y arriver mais ils savent que c'est possible. D'autres l'ont fait, pourquoi pas nous?

 

Comment pensez-vous procéder pour réussir à faire en sorte que le plus possible d'élèves lisent le plus possible de livres durant les semaines à venir ?

 

Pour stimuler la lecture, je vais réserver au moins une demi-heure par semaine à des discussions sur les romans de la sélection. Ces réunions se dérouleront en dehors de la classe, au CDI. Je les inciterai aussi à écrire des articles sur la plateforme d'échanges internet et pour le journal du Goncourt des lycéens afin de les inciter à donner et échanger leurs points de vue avec d'autres élèves qui participent à ce prix. Un comité de lecture constitué de professeurs du lycée - qui vont lire quelques romans - viendra discuter avec les élèves avant les vacances de la Toussaint. C'est une façon d'associer les professeurs du lycée et notamment les professeurs de la classe et de montrer aux élèves que la lecture n'est pas qu'une affaire de prof de français.

 

 

Propos recueillis par Jean-Michel Le Baut

 

 

Par fjarraud , le vendredi 28 septembre 2012.

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