S. Sihr « Pour nous la priorité c’est faire évoluer le fonctionnement de l’école et améliorer les conditions d’exercice du métier » 

 

Le secrétaire général du Snuipp revient sur la rentrée et ses enjeux : refondation de l’Ecole, revalorisation, réforme des rythmes scolaires, maternelle etc.

 

Comment se profile pour vous la rentrée ?

 

Elle prend deux visages. Au présent elle est difficile du fait du budget 2012. Elle est aussi pleine de promesses car la refondation est en cours. Ce qui est devant nous est porteur d’espoir. Ca ne peut pas être un rendez-vous manqué. L’école a été dans l’œil du cyclone. Elle a besoin de renouer avec la confiance. Il faut des signes concrets.

 

Au début des vacances, vous avez demandé à Vincent Peillon une journée de discussion dans les écoles sur la refondation. Cette demande est-elle acceptée ?

La question est toujours sur la table du ministre. L’avenir de l’Ecole est l’affaire de tous. Mais la concertation ne doit pas oublier les enseignants. Il y a des changements qui se profilent sur les rythmes, l’évaluation, les programmes etc. qui peuvent modifier les conditions de vie professionnelle et personnelle des enseignants. Ils ne peuvent être tenus à l’écart. Les précédents ministres avaient organisé des consultations par exemple sur les programmes en 2008.

 

Le ministre fait du primaire sa priorité. Votre sondage montre que les Français sont en accord. Mais pour vous cette priorité doit déboucher sur quels points concrets ?

 

Pour nous la priorité c’est faire évoluer le fonctionnement de l’école et améliorer les conditions d’exercice du métier. Le métier est trop solitaire, il faut donner aux enseignants du temps pour un travail en équipe, pour des échanges avec les Rased. On veut avoir plus de maîtres que de classes pour permettre des co-interventions, pouvoir travailler avec les élèves en petits groupes, par exemple en sciences ou pour faire parler les « petits parleurs ». On veut que les premières écoles soient dotées de maitres supplémentaires dès la rentrée 2013. La question de la formation des enseignants à ces pratiques est un autre chantier urgent. Il faudra faire confiance aux enseignants dans la gestion locale de ces moyens. Mais il faudra aussi les accompagner sur le terrain et assurer le suivi de cette mesure.

 

Mais comment faire alors que le recrutement des enseignants est difficile ?

 

La question se pose d’une façon différente dans le premier degré que dans certaines disciplines du second degré, même si cela dépend des départements. Le ministre devrait prendre dès maintenant annoncer le nombre de postes mis aux concours 2013. F. Hollande a pris l’engagement de donner la priorité au primaire. Pour nous cela veut dire qu’au minimum 30 000 des 60 000 postes annoncés doivent aller au primaire. Ce n’est que justice quand on compare les moyens accordés en France et dans les autres pays de l’OCDE.

 

Les inégalités scolaires commencent dès le primaire. Comment comptez-vous y remédier ?

 

La mise en place de davantage de maîtres que de classes doit bousculer les habitudes de travail. En se concertant les enseignants vont modifier leur façon de travailler.

 

On a l’impression que la question de la revalorisation est passée à la trappe avec la concertation. Avez-vous des revendications sur ce point ?

 

On sait que le salaire des enseignants du premier degré est décalé par rapport à ceux de la Fonction publique ou même ceux du second degré. C’est donc bien un sujet dont on veut débattre avec le ministre. On peut revaloriser de différentes façons. Nous proposons une indemnité d’équipement qui compenserait les dépenses effectuées par les enseignants pour leur métier. Acheter un ordinateur par exemple.

 

Votre sondage montre que les Français sont satisfaits de la maternelle. Faut-il la rendre obligatoire ?

 

Ce qui est le plus urgent c’est de rendre son identité à la maternelle. Ce n’est ni une garderie ni une école élémentaire. Il faut repenser l’école maternelle  comme un cursus progressif de 3 ou 4 années où les formes scolaires ne sont pas celles de l’école élémentaire. Rendre obligatoire l’école maternelle à 3 ans n’est pas une priorité d’autant que les enfants de 3 ans sont déjà quasiment tous scolarisés.  Le vrai débat c’est comment on en fait une école spécifique.

 

On a pourtant vu la scolarisation à 2 ans régresser et particulièrement dans des zones populaires où son impact est positif…

 

Si on relance la scolarisation à 2 ans il faudra en effet cibler les territoires. Mais s’il s’agit juste d’augmenter les statistiques en entassant 30 enfants de 2 ans dans les classes on ne rendra pas service aux enfants. Le vrai débat c’est d’inventer des conditions de scolarisation profitables et adaptées à l’âge des enfants. Il y a par exemple une collaboration avec les spécialistes de la petite enfance à créer.

 

Le sondage montre aussi que si tout le monde est favorable à la réforme des rythmes scolaires, elle semble bien difficile à faire. Quel est son avenir ?

 

Le sondage confirme que le dossier est complexe. Il y a un consensus sur le rejet du système actuel mais  pas sur la définition de nouveaux rythmes. Il y a autant d’avis chez les parents que de contraintes professionnelles ou personnelles…

 

Dans ce cas, faut-il des règles locales ou nationales ?

 

Il n’y a pas de baguette magique pour régler ce problème. Il faut un cadre national qui fixe par exemple le nombre d’heures de classes maximum par jour ou la durée de la pause méridienne. Mais il faut laisser au local des marges. On sera contre tout système qui augmentera les inégalités entre les écoles. Il faut donc que le temps périscolaire soit pris en charge partout. Le ministre a avancé l’idée d’une péréquation entre les communes. On lui dit « banco » !

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 27 août 2012.

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