Dictée du Brevet : Quand le ministère ignore ses propres circulaires 

Le niveau de l'Education nationale en orthographe baisserait-il ?

 

Depuis 2008, les programmes de français au collège stipulent que « le professeur tient compte des rectifications de l'orthographe proposées par le rapport du Conseil supérieur de la langue française, approuvé par l'Académie française (Journal officiel de la République française du 6 décembre 1990) ». Il se trouve que dans la dictée du Brevet des collèges 2012 figurait l’adjectif « aigu » au féminin singulier : auparavant, incongrument, ce mot s'écrivait « aiguë » ; désormais, plus simplement et logiquement, il doit, s'écrire « aigüe ». La nouvelle règle est ainsi établie : « le tréma est déplacé sur la lettre u qui correspond à un son dans les suites -güe- et -güi-. »  Or, contrairement aux recommandations officielles, la dictée de la session 2012 l'orthographiait à l'ancienne et il était même demandé aux enseignants faisant passer l'épreuve de l'écrire au tableau dans sa graphie désuète et incorrecte !

 

L’anecdote est édifiante, tant elle interroge.

" Que devons-nous dire aux élèves à qui nous avons scrupuleusement enseigné la nouvelle orthographe pour accomplir la parole du B.O. ? " se demande une collègue de Weblettres. "Quelle est la valeur des instructions officielles quand les autorités elles-mêmes ne les respectent pas ?" L'école cessera-t-elle un jour, comme elle le fait ici en figeant à jamais l'orthographe, de considérer le français comme une langue morte?"

 

A quoi sert le brevet des collèges : à évaluer de réelles compétences, en l'occurrence une certaine maitrise de la langue ? ou, selon une logique essentiellement spéculaire, à institutionnaliser et célébrer des traditions ?

 

Jean-Michel Le Baut

 

 

Le site de la nouvelle orthographe

La règle du tréma sur le u

Le programme de français au collège

 

Par fjarraud , le lundi 02 juillet 2012.

Commentaires

  • Boothroyd, le 02/07/2012 à 10:17
    Quelques précisions pour être tout à fait précis:
    -Le terme dont il est question dans l'article n'était pas au féminin singulier mais au féminin pluriel: "aiguës" et non "aiguë".
    -La modification de l'orthographe, approuvée par l'Académie française, ne rend pas l'ancienne orthographe incorrecte mais elle autorise les deux à parts égales. Cela signifie qu'on peut écrire de manière correcte "aiguës" ou "aigües".
    -Enfin, les mots écrits au tableau sont banalisés, ils ne seront pas du tout comptés dans le barème.

    Il aurait fallu éventuellement écrire les deux orthographes possibles au tableau mais tout le monde conviendra de l'absurdité d'un tel choix.
    • lite44, le 02/07/2012 à 12:00
      L'idée selon laquelle une orthographe ne devrait comporter AUCUNE variation me parait tout aussi absurde !
    • caroudel, le 02/07/2012 à 10:47
      Tout à fait d'accord !

      La règle initiale du tréma indiquait la lettre à prononcer en dépit de la suivante : le tréma sur Baïse indiquant qu'il ne fallait pas lire /baise/ mais  /ba-i-z/...
      On a cru mieux faire en surlignant la lettre à prononcer individuellement. Il faudrait donc écrire Bäise et corriger de nombreux livres de géographie.
      Pour ajouter à la confusion le N.B. qui suit la règle C3 est assez amusant :
      "Afin de corriger des prononciations jugées défectueuses, le tréma est ajouté dans quelques mots (ex. : argûer, gagüre, rongüre)."
      Si on avait commencé par coder (écrire) avant et pour apprendre à lire, on aurait codé /gajur/, rendant le tréma inutile puisque la lecture est le décodage du codage (et pas l'inverse comme on le croit trop souvent).
      Et puisque voici les vacances essayons quelques orthographes qui aideront à la lecture comme : banc mais bänir, (cela dispense des deux n),  mentir et mëner... Pourquoi pas ! 
      On peut rêver et penser qu'un jour une remise à plat respectueuse du système alphabétique dans sa pureté propose à nos écoliers moins de tracs et aux correcteurs moins de cas de conscience, sans compter au gain informatique que la traduction écrite et orale gagneraient. On pourrait alors s'appliquer à la recherche du sens, comme lorsqu'on entend quelqu'un parler.... 

    • Jean-Michel Le Baut, le 02/07/2012 à 10:24
      Merci pour ces utiles précisions. Comme vous le soulignez, le problème posé reste entier.
  • lite44, le 02/07/2012 à 09:40
    Merci pour cette information. Encore une preuve de la duplicité des pouvoirs publics. Cela en dit long aussi sur les conditions — à ce jour toujours aussi mystérieuses pour moi — dans lesquelles les Rectifications ont été intégrées en 2008 aux programmes du brevet.
    J-P. Jaffré
    • Jean-Michel Le Baut, le 02/07/2012 à 10:20
      Prolongements - travaux pratiques :

      - "incongrument" :
      Ancienne orthographe : incongrûment
      Règle d'application : l'accent circonflexe disparait sur les lettres i et u.

      - "maitrise" :
      Ancienne orthographe : maîtrise
      Règle d'application : l'accent circonflexe disparait sur les lettres i et u.

      Source : http://www.orthographe-recommandee.info/

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