Remplacement des enseignants : " La continuité du service public d’éducation n’est plus assurée" 

La question du remplacement des enseignants a été largement médiatisée en 2011 avec l'initiative de la FCPE de rendre publiques les heures non remplacées. Le rapport de l'Inspection générale (Patrick Allal) confirme la crise : le vivier est asséché et l'Etat n'assume plus partout et toujours ses obligations d'enseignement.

 

Que sait-on des absences des enseignants et de leur remplacement ? Pas tout à coup sur, notent les auteurs du rapport. Ils dénoncent les modes de  calcul fantaisiste de la Dgesco et des services académiques. Le rapport illustre le " manque de fiabilité" avec l'exemple d'un département (la Seine-Saint-Denis) où le taux d'absence varie du simple au double entre la Dgesco et l'inspection académique, cette dernière alimentant la première en données !

 

Malgré tout, le rapport s'appuie sur les chiffres officiels pour mettre ne évidence le problème des absences de courte durée dans le secondaire : 2,5 millions d'heures perdues pour 0,5 remplacées. Les absences de longue durée seraient mieux couvertes.

 

Comment expliquer ces taux d'absences ? On se rappelle la campagne de presse déclenchée en 2011 sur l'absentéisme des enseignants. D'après le rapport ces taux découlent de la féminisation du corps enseignant et par suite des congés de maternité.

 

Pourquoi il y a-t-il si peu de remplacements ? Pour P. Allal c'est le résultat de la gestion ministérielle. "La situation est devenue particulièrement préoccupante : les surnombres budgétaires ont tendance à se réduire, les besoins de suppléance et de remplacement sont, comme on l’a vu, de moins en moins couverts, les exigences des parents sont de plus en plus fortes sans être illégitimes. Le système est arrivé aujourd’hui, compte tenu de ces pratiques de gestion, accentuées par les récents retraits d’emplois de TZR, à un point de rupture : le déséquilibre entre les moyens d’enseignement affectés aux EPLE et les moyens du remplacement et de la suppléance est désormais tel que la continuité du service public d’éducation n’est plus toujours et partout assurée". A cela s'ajoutent les difficultés pour se procurer des contractuels pour un métier dévalorisé.

 

Il demande un effort aux académies. "Les académies doivent donc s’attacher à retrouver au plus tôt une répartition plus saine de leurs moyens : les dotations des LEGT et LP peuvent être revues tout en respectant ce qui est nécessaire et suffisant, en contrepartie de quoi les besoins de suppléance et de remplacement diminueront naturellement, et les moyens du remplacement et de la suppléance pourront être abondés. La logique serait que les académies consacrent à leur budget de suppléance et de remplacement pour les congés longs une part de leur enveloppe qui corresponde au moins aux besoins constatés les trois ou quatre années précédentes, soit, selon les académies, de 4 à 5,5 % des moyens en établissement".

 

Le rapport préconise que l'institution évite de créer des motifs d'absence par exemple en mettant les formations hors temps scolaire. Il préconise une mise en astreinte des enseignants. "Une autre piste serait de demander aux enseignants d’assurer une permanence régulière dans leur établissement afin d’assurer l’accueil des élèves et de leur donner le volume de temps scolaire qui leur est dû. Il existe bien en effet, dans le cadre des obligations horaires des agents publics, des périodes d’astreinte qui correspondent au principe de la disponibilité d’un agent pour répondre à la garantie de continuité du service public : l’agent est à disposition pour intervenir en tant que de besoin dans son domaine ; c’est par exemple le cas, au sein de l’éducation nationale, pour certains corps techniques de maintenance des systèmes informatiques ou dans le domaine médico-social".

 

Quelle réponse a été apportée à ce bilan de juin 2011 ? La capacité des académies à embaucher des contractuels a été diminuée. Partout les suppressions de poste sont imposé la diminution du nombre des remplaçants (TZR) au motif d'une meilleure utilisation de leurs services. A la rentrée 2012 846 postes de remplaçants sont encore supprimés dans le primaire. Dès la première épidémie de grippe , ils vont manquer...

 François Jarraud 

Le rapport

Chatel face aux chiffres

Par fjarraud , le mardi 29 mai 2012.

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