Un printemps pour l’éducation ? 

 

 

 

Par Monique Royer

 

C’est comme le premier jour du printemps. On ouvre les oreilles avant les yeux, percevant le vacarme mélodieux des oiseaux revenu, les narines s’ouvrent espérant la douce ivresse des parfums naissants puis le regard s’accroche au vert tendre qui pointe là tout au bout des branches. L’hibernation est finie. Ce n’est pas une question de calendrier, de jour inscrit et souligné en vert, en bleu, en rouge, non, c’est une affaire de sensations. Nos sens se réveillent.

 

Comme en apnée, nous avancions, continuant malgré tout à poser un à un nos petits cailloux dans les chaussures trop grandes d’une raison gouvernementale que nous ne comprenions plus. L’école était un ouvrage en déconstruction, l’éducation un édifice en découpe. Les principes les plus basiques, les dénominateurs les plus communs partaient dans l’eau trouble d’une politique dont le gouvernail oscillait entre arguments budgétaires et cap hyper conservateur.

 

Alors oui, dimanche 6 mai, nous avons poussé un grand ouf parfois mouillé de larmes. Alors oui nous avons pensé que les retrouvailles allaient être belles avec les valeurs qui nous sont chères, celles d’une éducation pour tous, ouverte, qui accompagne, qui enseigne, qui échange, qui apprend aussi. Alors oui, nous avons pensé, dans cet instant où le rêve est permis, que les choses allaient changer, que nous allions revenir à une dimension humaine, où les mises au banc, les doigts pointés ne seraient plus de mise.

 

En ce dimanche soir, nos pensées pouvaient même aller vers ces enfants que le système éjecte, enfants différents, enfants en difficulté, ou même emprisonne, clandestins malgré eux, enfants du monde dans les slogans, enfants de nul part dans les faits. Elles s’échappaient aussi en songeant à un retour de la reconnaissance du travail réalisé dans les sphères éducatives, à l’école, dans les associations d’éducation populaire, sportives, culturelles, dans les instituts de recherche et par les parents.

 

Dimanche est passé mais on se prend encore à rêver. Même si bien sûr le changement est un mot sur une affiche et que tout de suite l’école ne va pas se transformer, revenir à un fonctionnement normal. La crise est là, le travail de reconstruction sera conséquent. Alors, on rêve d’un nouveau modèle un modèle empreint d’humanisme. Les sens éveillés par le printemps, on teinte le rêve d’un soupçon de vigilance, l’éducation est un bien trop précieux que l’on ne saurait laisser loin de notre regard.

 

Monique Royer

 

Par fjarraud , le vendredi 11 mai 2012.

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