Ecole et mensonges au débat télévisé des présidentielles 

Par François Jarraud


"Mensonge". C'est le mot clé du débat Hollande - Sarkozy. Eh bien l'éducation en a eu sa part avec des affirmations aventureuses des candidats...

 

François Hollande a présenté rapidement son programme éducatif. "12.000 postes par an pour tous les métiers de l'enseignement, je m'y engage et je l'assume", a-t-il déclaré reconnaissant que cela représente "500 millions d'euros par an".  "Cela représentera à la fin du quinquennat 2 milliards d'euros. Ils doivent être mis en comparaison de l'allégement de l'impôt sur la fortune que vous avez accordé", ajoute F Hollande. Avant une phrase assassine "C'est une différence entre nous. Moi je protège les enfants de la République. Vous protégez les plus riches, c'est votre droit".

 

Nicolas Sarkozy a repris les arguments de sa campagne pour justifier les suppressions de postes. "De 1990 à 2011 il y a 540 000 enfants en moins et 34000 professeurs en plus. Nous avons le taux d'encadrement le plus élevé de l'Ocde", affirme le président sortant. "Vous trouvez que les enfants sont heureux ? Que le seul problème est un problème de quantité ? C'est un problème de qualité. Il faut des enseignants mieux payés avec 26 heures d'obligation de service au lieu de 18 heures". Répondant à une critique de F Hollande sur les Rased, N Sarkozy a nié les supprimer. Il ajoute " il faut donner plus de temps aux professeurs pour s'occuper des enfants en difficulté".

 

Les arguments de N. Sarkozy ne résistent pas à l'analyse. Sur l'évolution du nombre d'élèves, selon le rapport sénatorial pour la loi de Finances 2012, l'évolution des enseignants et des élèves dans le premier degré depuis 1990 à 2010 , en retenant une base 100 pour 1990, est de 107 pour les enseignants et 96 pour les élèves. " Ces chiffres sont extrêmement contestables, puisqu'ils dépendent largement de la période retenue", expliquent les sénateurs. "Depuis le début des années 2000, le nombre d'élèves scolarisés dans l'enseignement public du premier degré a augmenté, ce que ne fait pas apparaître le choix du Gouvernement de retenir la période 1990-2010. Par ailleurs, le Gouvernement reconnaît un biais statistique, faute de pouvoir maîtriser correctement les prévisions de départs en retraite et les flux d'embauches. Ainsi, la rentrée scolaire 2010-2011 a été marquée par une augmentation sans précédent de 7 243 postes d'enseignants dans un contexte de baisse du nombre de postes de professeurs des écoles. En effet, la réforme des retraites a conduit nombre d'enseignants à retarder leur décision de départ en retraite".

 


Erreur aussi sur le taux d'encadrement
. Un rapport du Centre d'analyse stratégique, un organisme officiel, début 2011, montre que la France a un taux d'emploi dans l'éducation particulièrement bas. Avec un peu plus de six postes d’enseignants pour cent élèves ou étudiants, la France « régresse dans la hiérarchie ». La situation est pire au primaire.  Le nombre de postes pour 100 élèves est en France un des plus faibles des pays observés, avec 5 enseignant pour 100 élèves, alors que le nombre oscille entre 6 et 10 dans la plupart des pays.

 

Erreur sur les Rased. De 2500 à 3000 postes de Rased seront supprimés à la rentrée. Or le temps de soutien de l'aide individualisée ne peut en aucun cas remplacer les Rased qui sont des enseignants spécialisés. La suppression des Rased permet d'éviter de fermer des classes. Mais il accroit les inégalités sociales à l'Ecole.

 

Dans leur conclusion, un seul des deux candidats a évoqué l'éducation. "A tous ceux qui se sont abstenus : ne laissez pas les autres voter pour vous", a lancé N. Sarkozy. "La question, c'est vous, quelle direction doit prendre la France. Quel avenir pour nos enfants ? Dans un monde difficile, il faut savoir prendre des décisions, assumer ses responsabilités. Si je suis candidat, c'est que j'ai la passion de la France et que je souhaite vous mener dans ce contexte difficile." François Hollande a rappelé son programme jeunesse. "Le choix est simple : est-ce que les Français veulent continuer avec un risque sur le temps de travail ou d'autres domaines ? Ou changer avec le redressement économique, productif, et moral ? Je veux nous retrouver sur la seule valeur qui vaille : la jeunesse. La seconde exigence : la justice. Je veux être jugé sur ce critère : juste ou pas. Et je veux rassembler tous ceux qui sont attachés aux valeurs de la République."

 

Liens :

Document du CAS

Rapport sur la  loi de finances 2012

 

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 03 mai 2012.

Partenaires

Nos annonces