Par François Jarraud

Fêté en mars, supprimé en septembre dans l'indifférence. C'est le sort d'un dispositif innovant célébré par le ministre lors des Journées de l'innovation de mars 2012 mais supprimé par le recteur de Clermont-Ferrand dans la foulée...

Ca commence par un voyage à Paris. Le 28 mars 2012, le coordinateur du Réseau des enfants du voyage second degré (REDV2) de Riom (63) est invité par le ministère. Il fait partie de la trentaine de projets innovants retenus par le ministère pour être présenté lors des Journées. La brochure officielle rend hommage au projet de "valorisation des compétences des élèves voyageurs en vue de la prévention du décrochage scolaire et de la mise en oeuvre d'une dynamique d'orientation".

Un hommage mérité. Il est le fruit de trente années de travail au bénéfice des enfants du voyage. Le conseil général du Puy-de-Dôme soutient financièrement le projet et le réseau s'appuie sur 9 collèges autour de Riom. Créé officiellement en 1999, il scolarise environ 280 élèves, presque tous de nationalité française. Grâce au réseau, dans le Puy-de-Dôme 85% des enfants du voyage sont scolarisés au niveau collège alors que le taux moyen français est proche de zéro... Pour arriver à ce résultat, le REDV2 dispose d'un coordinateur et de deux enseignants qui appuient les collèges. Ils développent un dispositif particulier de stages professionnels pour prévenir la démotivation des élèves et préparer une intégration en lycée professionnel.

L'innovation ignorée. En avril, le coordinateur apprend qu'il va devoir regagner une classe du primaire ordinaire. Et Blandine Brunet-Gougat, enseignante de lettres, voit son poste supprimé au collège Michel de L'hospital de Riom. "Notre travail est totalement méprisé", estime-t-elle. "La nouvelle nous a été transmise sans aucun qu'on nous accorde un entretien ou que notre travail soit évalué". A vrai dire, il avait été retenu par le ministère parmi les 30 meilleurs projets français...

Du coté du rectorat, on nous assure que le réseau va être poursuivi mais dans d'autres lieux. Il semble qu'en fait la mission de scolarisation des enfants du voyage passe aux collèges, comme si le dispositif innovant du REDV2 avait en quelques jours perdu toute valeur.

En 2010, Luc Chatel nous avait confié : "Je souhaite vraiment être à la hauteur du gestionnaire des ressources humaines que je dois être". Rattrapé par la politique de suppression de postes et occupé à d'autres tâches politiques, le ministre semble accorder peu de valeur personnelle aux enseignants. Cette affaire illustre le fait que l'innovation sert souvent de variable pour générer les moyens, même si en général c'est de façon plus positive.  Elle illustre aussi les dérapages dans la gestion des moyens quand la gestion se décentralise. Ce que Paris fait, Clermont peut le défaire...

François Jarraud

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