Journée du Centre interdisciplinaire sur l’enfant et de « ParADOxe » adolescents : Dénouer le fil qui attache les ados au temps… 

Dans la mythologie grecque Chronos (le temps) avale tous ses enfants. Sauf un seul qui le forcera à les régurgiter tous… Est-ce une métaphore applicable à l’école ? Le samedi 10 décembre a eu lieu à Paris la journée d’étude Temps et contretemps. Usages du temps de l’enfance à l’adolescence à l’initiative de l’association ParADOxe et du laboratoire centre interdisciplinaire sur l’enfant.


Psychanalystes, enseignants, psychologues, magistrats, éducateurs et de nombreux autres professionnels ont échangé sur l’épineuse question du rapport au temps dans les institutions accueillant des adolescents, a commencer par l’appareil éducatif. Lacanien en diable, l’ordre du jour passe par des méandres terminologiques, invitant à une réflexion profonde étayée par des vignettes de vraie vie rapportées du terrain quotidien par les conférenciers. Les thèmes invitent radicalement à élever le débat très au-dessus des clichés sur l’accélération des temps modernes et le rythme effréné de la société occidentale. Les intervenants n’ont pas donné dans le panneau des poncifs sur le calendrier scolaire déséquilibré, la question du samedi matin ou (pourquoi pas) la semaine des quatre jeudis.


Loin des sentiers rebattus par la grande presse il s’agissait d’avantage de dénouer le fil qui attache les ados au temps, comme toute éducation (socialisation) enserre ceux qui en sont les destinataires. En l’occurrence, il était question des jeunes qui se prennent les pieds dans le fil et qui restent un temps tout emberlificotés. Reste à dénouer pour leur donner une raison de conjuguer le futur. En l’occurrence, durant cette journée, c’est cette opération de dénouage dont ont parlé plus de cent-cinquante praticiens œuvrant auprès de patients, de délinquants juvéniles, de mineurs protégés… Dénouer, certes. Mais quel dénouement ?


Plutôt pour un dénouement heureux. Le débat n’est jamais tombé dans la plainte lancinante qui affecte si souvent les cercles éducationnels, socio-judiciaires, médicosociaux… en charge de l’enseignement, de l’accompagnement et de l’écoute. Sur fond de psychologie freudienne, le ton était au volontarisme intelligent et pragmatique. Ainsi va le récit magistral de cette enseignante de banlieue qui a pu tisser un lien entre ses élèves rugueux et le programme de français le jour ou elle a compris que le temps subsaharien n’avait rien à voir aves la chronologie scolaire… Dans un cas il faut savoir faire l’éloge de la lenteur alors qu’à l’école, il n’est question que de précipitation.


Huit tables-rondes, ont suivi un fil d’Ariane dans le labyrinthe de la préadolescence et des l’adolescence. Les noms des étapes de ce périple sonnent comme un itinéraire initiatique : accueillir l’imparfait au présent ; conjuguer le nouveau ; passer au futur ; le style du temps présent ; prendre en compte les passés recomposés. Que ces perspectives heuristiques ne soient pas mal perçues ! Il ne s’agit pas de snobisme mais plutôt de délimitation intellectuelle. Est-on condamné à parler du rapport des adolescents (des élèves) au temps uniquement dans un registre de langue de faible envergure ? D’ailleurs, la langue soutenue n’interdit pas les mains dans le cambouis notamment lorsque le débat porte sur le rythme dans l’institution scolaire ; le temps et son maniement dans l’institution judiciaire ; le temps de l’adolescence…


Gilles d’Autan



Liens

CIEN Philippe Lacadee, psychanalyste, membre de l’ECF (Centre Interdisciplinaire sur l’enfant)

http://www.champfreudien.org/index.php/cien/ci[..]

ParADOxes Ariane Chotin

http://paradoxes212.wordpress.com



Par fjarraud , le mercredi 14 décembre 2011.

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