Avec moins peut-on encore faire bien ? 

Par François Jarraud


"Si on appliquait la loi, les hôpitaux s'arrêteraient de fonctionner". Cette confidence de Philippe Blua, président du syndicat des managers publics de santé, illustre la situation où se trouve le service public avec l'application de la RGPP (révision générale des politiques publiques). Le 30 novembre, le Snpden, premier syndicat de personnels de direction de l'éducation nationale, invitait des syndicalistes de la sécurité, de la magistrature, de la santé et de l'éducation a échangé sur les restrictions qu'ils connaissent et leurs conséquences.


Un constat partagé. Presque partout les syndicalistes signalent des suppressions de postes. Dans la magistrature, Virginie Duval, secrétaire générale de l'Union syndicale des magistrats, souligne le manque de greffiers ou de personnels de la PJJ. Pour l'UNSA Police, Philippe Capon signale la suppression de 10 000 postes. La RGPP frappe aussi directement les budgets. Pour Philippe Blua à force de calculer au plus juste les hôpitaux sont à la limite de la brisure. Payés à l'acte, ils fuient les missions d'intérêt général. Les commissariats de police ne sont plus entretenus suffisamment confie Sylvie Feucher, secrétaire générale du syndicat des commissaires. V Duval signale le manque de sécurité et d'entretien dans les tribunaux.


Tout cela a des conséquences sur les missions et les hommes. Le mot qui revient sans cesse c'est "burnout". Récemment le rapport Fotinos soulignait son importance chez les enseignants. Le même phénomène existe chez les hospitaliers, explique P Blua, les magistrats (V Duval) ou les policiers, selon S Feucher. Les missions ne peuvent plus être assurées correctement. Pour Patrick Roumagnac, du SIEN Unsa, les inspecteurs sont victimes du "fantasme de l'expertise" : on leur fait livrer des chiffres aux dépens du temps passé à accompagner les enseignants. Faute de magistrats la Justice ne peut pas appliquer la loi sur la tutelle. Pour la police, on privilégie la répression à la prévention, pourtant plus gratifiante. Partout c'est l'intérêt du travail qui est en jeu. Et parfois même sa légalité. V Duval témoigne qu'elle n'est pas en état de respecter tout le temps la procédure faute de moyens.


"La RGPP est une tronçonneuse confiée à un aveugle", explique Philippe Tournier, du Snpden. "Elle coupe sans regarder. Quand il y a un problème, les politiques n'assument pas leurs restrictions devant les citoyens. Ils culpabilisent les individus et dégradent le service public".  "On est sur des thématiques communes", estime P Tournier. " A un moment les décisions ont des conséquences pratiques. La communication ne peut pas régler tous les problèmes". Le fait de partager ces problématiques rend chaque syndicat plus réactif et efficace. C'est cette réalité aussi qu'il souhaite imposer aux décideurs.


François Jarraud



Par fjarraud , le jeudi 01 décembre 2011.

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