Personnalisation et autonomie : l'école de demain pour l'UMP 

Par Jeanne-Claire Fumet


C'est devant un public acquis et conquis que s'est tenue, ce mardi 8 novembre, au Théâtre Bobino, la convention éducation de l'UMP.  Les mots d'ordre : personnalisation, autonomie, décloisonnement  et confiance, sont répétés avec conviction par les participants successifs, très motivés, comme le disait une militante en sortant, pour  « convaincre les français à faire le bon choix ». Un climat clairement pré-électoral, donc, dans lequel les critiques du programme du PS ont fusé, en contrepoint des projets forts de l'UMP : revoir les rythmes scolaires, la gestion des personnels enseignants (« on ne peut plus fonctionner avec des statuts de 1950! »), les relations avec l'entreprise, le développement de la professionnalisation précoce des élèves et le retour sur le collège unique, qui ne « correspond plus à la société d'aujourd'hui ».


Fiers de ce qui a été fait


Pour Luc Chatel, qui ouvre la séance, « il faut être fier de ce qui a été fait depuis 5 ans dans le domaine éducatif ». Face au défi de la massification « qu'il ne faut pas regretter ; l'école n'a été longtemps que celle de quelques-uns, ce n'est plus le cas », il faut savoir opérer la « révolution de la personnalisation ». L'aide personnalisée en primaire, les études surveillées au collège, les accompagnements personnalisés au lycée, sont autant de progrès dans cette direction. Mais il reste du chemin à accomplir pour que l'école de tous devienne « celle e chacun ». Une certitude : les moyens matériels n'apportent pas de solution. Leur augmentation n'a permis en rien d'endiguer le problème de l'échec. Pour le ministre, il s'agit plutôt de faire confiance aux acteurs locaux : accroître l'autonomie de recrutement et de gestion des personnels pour les chefs d'établissement, changer les métiers et les statuts des professeurs :  « les enseignants sont prêts ! » s'écrie Luc Chatel. revoir les rythmes scolaires (moins d'heures de cours et plus de journées de classe), scinder le collège en deux (6/5 et 4/3) comptent parmi les axes forts pour faire que l'école « redevienne le lieu de tous les possibles » selon Luc Chatel.


Tutoiement des enseignants et arrogance des enfants


Une enseignante de maternelle, Christine Maso, appelée à témoigner de sa pratique, attache beaucoup de prix à ce qu'on interdise le tutoiement des enseignants par les élèves, pour limiter les attitudes « arrogantes ». Par ailleurs, elle estime que l'aide personnalisée n'apporte pas grand-chose aux élèves les plus en difficulté, et qu'un programme moins contraignant, en maternelle, serait plus propice aux acquisitions de base. Pour Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne, il faut accorder au primaire une priorité absolue. Il s'étonne de l'absence de chercheurs en sciences de l'éducation autour de la table, mais ils ont été consultés auparavant, le rassure-t-on.


Des rythmes scolaires à amender

 

Michèle Tabarot, qui a conduit la réflexion sur les rythmes scolaires, revient sur ce thème : éviter la rupture du mercredi (la semaine de 4 jours, voulue par l'UMP, doit disparaître) et favoriser le week-end complet en famille : « il est temps que l'école tienne compte des enfants et pas des adultes et de l'économie », affirme-t-elle. Doris Pack, député européenne allemande renchérit : réduire les horaires, personnaliser l'enseignement, sont la clé d'une meilleure scolarité. « Il faut permettre aux jeunes de se rendre utiles à la société », soutient-elle, plaidant pour un accompagnement personnel de conseil pour les élèves.


Dépasser l'idée de collectivité scolaire ?


L'autonomie prime pour Anne Coffinier, directrice générale de la Fondation pour l'École (une structure qui fait la promotion des écoles catholiques hors contrat) : cohérence et liberté sur le recrutement et le programme, prise en compte de la réalité individuelle de chaque élève, et non pas du « groupe classe ». Les collectivités locales n'ont pas encore tout à fait les moyens de l'autonomie, avance Guy Geoffroy, député UMP du 77, mais il faut déceler les talents et les excellences locales, et cesser de tout centrer sur les études théoriques comme seules valables, ajoute-t-il. D'ailleurs, soutient Jean-Michel Fourgous, chargé du développement des ressources numériques à l'école, « l'école de demain se fera en grande partie par e-learning et sur tablette numérique », il faut s'y préparer. Jacques Grosperrin, en charge des politiques éducatives à l'UMP souligne quant à lui le besoin de revalorisation surtout « morale » des enseignants dans un contexte de mutation.


Faire des chefs d'établissement de « vrais » chefs


Après un hommage appuyé à Luc Chatel, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, adopte un ton plus direct : la priorité absolue doit être l'entrée en 6ème, ensuite le retard ne se rattrape pas. Évaluation avant ou après l'entrée au collège ? Déterminante ou pas pour y accéder ? Il reconnaît des discussions et des positions différentes sur ce sujet, à l'UMP. Mais face à l'approche « quantitative » du PS, il réaffirme la valeur de l'action personnalisée, l'urgence d'un management qui permette, par exemple, de se débarrasser d'un chef d'établissement inefficace et de faire de ceux qui sont bons de « vrais » chefs, l'évidence de la suppression de deux semaines de congés l'été (« je n'y vois pas de motif véritable de grève », ironise-t-il.)


Penser aux classe moyennes

Le ministre de l'Enseignement Supérieur, Laurent Wauquiez, se félicite d'avoir ouvert des passages entre l'université et l'entreprise, malgré les frilosités traditionnelles : de l'autonomie, pas de la recherche « corsetée » et le choix assumé de l'excellence : « est-ce un gros mot ? Pas pour moi. Il faut en finir avec le syndrome égalitaire qui veut tout rabaisser au même niveau».  Autre cheval de bataille : les classes moyennes, oubliées, négligées, toujours en dehors des systèmes d'aides sociales et pourtant pas assez opulentes pour ne pas souffrir des conditions matérielles des études supérieures. Aider les familles sans condition de revenus, en fonction de la réussite des élèves, serait plus sain que de promettre le RSA sans conditions à tous les jeunes, comme le fait le PS au risque de « tuer le rapport au travail ».


La qualification professionnelle, sésame de la réussite ?


En seconde partie de la convention, la question de la qualification pour tous est au centre des interventions : Coumba Dioukhané, en charge de la recherche, insiste sur l'importance d'une découverte précoce et continue des métiers dès le plus jeune âge. Louis Vogel, Président de Panthéon Assas, remarque que les jeunes ont besoin de temps pour s'orienter, et qu'ils doivent pouvoir le faire aussi quand ils sont à l'Université. Pour Jean-Robert Pitte, délégué interministériel à l'orientation, il est urgent de ne plus « remplir les facultés de sciences humaines avec des étudiants en échec ». L'orientation doit se faire par choix et en connaissance de cause, et il faut en réhabiliter la démarche dès le lycée, où elle est actuellement très dévalorisée à travers les Co-Psy.


Professionnalisation des études et remplissage des CFA


Doris Pack y insiste : moins d'heures de cours théoriques et plus de formation en alternance, c'est ce qui se fait avec succès en Allemagne et en Autriche, et c'est le futur de l'Europe : les jeunes ne sont pas toujours faits pour les études théoriques, et on a besoin d'experts en théorie et en praxis. Jean-Claude Carle, sénateur du 74, déplore que l'annonce d'une orientation en CFA s'apparente à celle d'une maladie grave, pour les familles. En réalité, il faut détecter très tôt les compétences techniques chez les élèves et les valoriser. Quant à Olivier Vial, Président de l'UNI, il réclame de vraies statistiques sur l'insertion professionnelle à l'issue des écoles et des universités, et la valorisation des parcours personnels et professionnels des étudiants dans leurs cursus d'études.


 Frédéric Wacheux, directeur du CEREQ, dénonce la tromperie de l'accès en université pour les titulaires du bac pro qui y échouent sans coup férir.  Il regrette aussi le manque d'évolution des entreprises qui ne savent pas faire confiance aux jeunes gens. Enfin, Jeannette Bougrab, secrétaire d'État auprès du MEN, affirme que le diplôme reste le meilleur vaccin contre le chômage, et que 1,27 millions de jeunes restent actuellement exclus de l'emploi et de la formation. 40% d'une classe d'âge accède au supérieur, « les autres, on ne s'en occupe pas », constate-t-elle – avant de se reprendre : « si, on s'en occupe en fait ».


Changer les mentalités


En conclusion, Nadine Morano, ministre du travail, affirme qu'il faut changer les mentalités au sein de l'Éducation nationale. L'orientation par défaut doit laisser place à l'orientation par choix, goût et vocation. Valoriser l'intelligence de la main et offrir une palette diversifiée aux jeunes, pour qu'ils comprennent que la filière S n'est pas la voie royale, voilà ce qu'il faut apprendre à faire comprendre aux jeunes. Augmenter la fréquentation des CFA, insuffisamment pleins à l'heure actuelle, serait une manière efficace de lutter contre le manque de qualification des jeunes.


Un programme musclé et volontaire, pour l'UMP, donc, qui invite ses adhérents à ne surtout pas croire ce que disent « les médias et la gauche » : que les élections seraient déjà perdues pour la droite.


Jeanne-Claire Fumet


Lien :

Le "rendez-vous pour la France" UMP consacré à l'éducation

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages[...]

Le programme UMP pour l'éducation

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2011[...]



Par JCFumet , le mercredi 09 novembre 2011.

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