Du producteur à l’assiette des collégiens : une politique ambitieuse de la restauration scolaire 

Par Mathieu Hanotin


"L’enjeu sanitaire de la restauration scolaire est évident", nous dit Mathieu Hanotin, vice-président du Conseil général de Seine-Saint-Denis en charge de l'éducation. Alors qu'une norme AFNOR est maintenant proposée aux cantines du secondaire, M Hanotin porte le débat sur le terrain de la valorisation des productions agricoles. " Ce volume important fait de la restauration scolaire un formidable outil pour transformer en profondeur les modes de production et de distribution des produits agricoles".


De nombreuses villes comme Neuilly-Plaisance, Bordeaux ou Meaux, gérées par l’UMP, s’enferment dans une logique comptable en ne permettant pas à tous les enfants, et en particulier à ceux des chômeurs, d’accéder à la cantine. C’est une décision injuste. Elle contribue à stigmatiser encore un peu plus les chômeurs et leurs enfants.


C’est une décision illégale. Chaque fois que des parents ont protesté en faisant des recours, les tribunaux leur ont donné gain de cause. C’est une décision absurde. Plutôt que de sanctionner les enfants de chômeurs faute de place dans les cantines, tous les pouvoirs publics devraient s’engager pour faire progresser le service public de la restauration scolaire. Le débat public autour de la restauration scolaire prend de plus en plus de place et certaines collectivités commencent à s’engager dans des politiques actives en la matière.


Le Conseil Général de Seine-Saint-Denis a fait de la restauration scolaire un véritable objectif de politique publique depuis 2008. La priorité a été mise sur l’enjeu social. Nous consacrons 2,2 millions d’euros pour le quotient familial qui prend en charge une partie de ce coût. 60% des élèves en bénéficient. Le prix du repas pour les familles s’échelonne en fonction de leurs revenus de 30 centimes à 2 euros maximum. Résultat, le nombre d’élèves demi-pensionnaires dans les collèges de Seine-Saint-Denis est passé de 25% en 2008 à 50% aujourd’hui. L’objectif est d’atteindre 65% dans les prochaines années.


L’enjeu sanitaire de la restauration scolaire est évident. Il faut fournir aux élèves des repas équilibrés de qualité et savoureux, leur apprendre les principales notions de l’équilibre nutritionnel, et développer leur éducation au goût. La restauration scolaire doit jouer pleinement son rôle pour que nos jeunes soient en bonne santé et mettent en place de bonnes habitudes alimentaires.


Nous le savons, l’Ecole Républicaine est un des lieux premiers de socialisation et le temps de la pause méridienne en est un moment crucial. Il permet aux jeunes de créer des liens entre eux et avec les adultes qui les encadrent. Il faut pour cela un cadre qui soit calme, agréable, propice à la détente et à la convivialité. Ce temps est aussi l’occasion pour mettre en place des animations éducatives. Les adolescents peuvent développer leur autonomie en s’investissant dans des projets, en se voyant  attribuer une salle des élèves dans laquelle ils peuvent se retrouver entre eux, échanger, jouer, créer.


L’équilibre alimentaire et la variété des menus sont des priorités. L’offre des centrales d’achats privées, restreinte et coûteuse, ne permet pas toujours de répondre à l’enjeu nutritionnel. Aujourd’hui, en Seine-Saint-Denis, il y a 33 000 élèves demi-pensionnaires et 4 millions de repas par an sont servis dans les collèges. Ce volume important fait de la restauration scolaire un formidable outil pour transformer en profondeur les modes de production et de distribution des produits agricoles. Une politique innovante en la matière apporterait à un monde agricole aujourd’hui en grande difficulté une alternative à la pression des grands groupes agro-alimentaires et des centrales privées de distribution.


Mutualiser les achats pour tous les collèges du département, supprimer les intermédiaires privés, dont le seul but est de faire du profit, permettrait de développer un nouveau circuit économique plus juste pour le monde paysan. Cette centrale d’achat peut aussi être un levier pour créer de nouvelles filières d’agriculture biologique. Un nouveau modèle économique est possible. Il garantira au monde paysan des niveaux de production et des revenus pluriannuels suffisants. Il sera respectueux de l’environnement et de la qualité des produits dans les assiettes.


La restauration scolaire est donc un enjeu majeur et transversal pour les politiques publiques dans les années à venir. Il nous faudra être au rendez-vous !


Mathieu Hanotin



Liens :

Une nouvelle norme Afnor pour les cantines

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/3[...]

Donner une longueur d'avance aux jeunes du 93

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/Entreti[...]



Par fjarraud , le vendredi 04 novembre 2011.

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