L'enseignement catholique s'implique dans une réforme structurelle de l'Ecole 

Par François Jarraud


"Ce qui compte ce n'est pas le respect des programmes mais la progression des élèves et la réussite aux examens". Lors de la conférence de rentrée du Secrétariat général de l'enseignement catholique (Sgec), Eric de Labarre, secrétaire général, a pleinement assumé les ambitions de sa maison : être en pointe dans une réforme de l' Ecole qui remette en question statut des enseignants (privé et public) et cadre national des programmes. Les suppressions de postes prévues à la rentrée sont l'argument imparable qui devrait permettre de porter ce chantier.


Pourtant l'enseignement catholique affiche une forme éblouissante. Selon le Sgec, la rentrée se traduit par une hausse de 0,6% du nombre d'élèves : + 12 053 jeunes cela ne s'était pas vu depuis 20 ans. Tous les niveaux progressent : le secondaire surtout (+ 10 888) mais aussi le primaire et l'enseignement agricole. Encore le sgec nous promet-il de n'avoir pu faire face à la demande.


Cela rend plus difficile la gestion des suppressions d' emploi. - 5594 en 5 ans, - 1549 en 2010 et - 1528 en 2011. Pour la rentrée prochaine c'est 1533 postes que l'enseignement catholique. Pour E de Labarre, "l'enseignement catholique contribue plus que le public" à l'effort de retrait des emplois. Pour justifier cela, le Sgec  s'appuie sur un savant calcul qui prend en compte les suppressions d'emplois dans le public. Or le ministère y a supprimé en premier des emplois un peu périphériques à la classe (rased par exemple) qui n'existent pas dans le privé.


Le grand changement c'est que les suppressions d'emploi prévues à la rentrée 2012 ne sont plus "intolérables" comme l'affirmait le même E de Labarre à la rentrée 2010. Il prévoyait alors des suppressions massives d'établissements. Envolés les 1000 écoles, les 100 collèges, les 70 lycées qui, promis !, devaient fermer à la rentrée 2012. Au Sgec, cette année, on n'a plus les statistiques et on ne veut plus les avoir !


Les suppressions de postes sont devenues un "défi" à relever qui engage en premier lieu les enseignants. Peut-être pas une opportunité mais en tous cas l'atmosphère a changé. "Il n'est plus possible de gérer l'école au fil de l'eau", affirme E de Labarre. "Il faut entamer une nouvelle réflexion sur le système éducatif.. Pour faire face il faut plus de latitude dans l'établissement. C'est au niveau local que l'on peut mieux dire où les moyens doivent être pris". Pour faire face aux suppressions de postes, le Sgec a commencé à négocier avec le ministère dans 4 directions. La première c'est l'enseignement à distance dont on attend qu'il permette de libérer quelques emplois pour les options rares des lycées. Le ministère a envoyé à son sujet une circulaire aux recteurs. Le second chantier c'est la globalisation de la dotation horaire globale. D'après E de Labarre, "la circulaire est prête" et la mesure devrait s' appliquer à la rentrée. Elle donnera plus de souplesse au chef d'établissement dans la gestion des moyens. Les chefs d’établissement pourraient transformer des HSA en HSE (dans une certaine limite), et faire glisser des volumes horaires d’une unité pédagogique à une autre au sein de l'établissement. Ce qui diminuerait les pressions.


Mais le grand chantier impacte de façon plus directe les enseignants. Le Sgec demande la baisse des volumes horaires des élèves. E de Labarre se plait à imaginer que les élèves ne  dépassent pas 29 heures de cours par semaine en lycée (ils en ont en général 33 à 35). "Regardez autour de vous; les volumes réglementaires ne sont déjà respectés nulle part", explique-t-il. Enfin le Sgec souhaite que le temps de travail des enseignants soit revu. Mais là il reconnaît que cette question ne pourra être tranchée que par la campagne des présidentielles. Car le changement de statut des enseignants du privé impacte automatiquement celui des professeurs du public...


En attendant, le Sgec prépare la rentrée 2012. Il prévoit d'effectuer des retraits d' emploi en collège (640) et dans les stages (480).  L'enseignement catholique ne scolarisera plus les moins de 3 ans dans des classes sous contrat. Mais des "incitations " sont données pour accueillir ces enfants dans des structures hors contrat. Il reste "un risque de conflit majeur" avec le gouvernement : les 112 emplois de l'enseignement agricole que l'enseignement catholique doit rendre. Là c'est à nouveau intolérable.


 Les professeurs ont-ils du souci à se faire ? "Il faut surveiller cela comme le lait sur le feu" nous a confié Bruno Lamour, secrétaire général de la Fep Cfdt, premier syndicat des enseignants du privé. La Fep regrette que le Sgec "valide la politique gouvernementale" mais pense que le ministère sera prudent sur ces questions. D'autant qu'il sent que l'atmosphère est devenue plus conflictuelle depuis que le gouvernement a décidé des suppressions de postes au lendemain d'une manifestation (celle du 27 septembre) où les enseignants du privé s'étaient mobilisés. Intolérable ?


François Jarraud



Par fjarraud , le mercredi 05 octobre 2011.

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